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LLOYD GEORGE DAVID (1863-1945)

Lloyd George - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Lloyd George

Né à Manchester, fils d'un instituteur, Lloyd George passe son enfance au pays de Galles. Il fait des études juridiques et se taille une réputation de brillant avocat. De religion baptiste, il attaque constamment l'Église établie et l'aristocratie foncière : pour défendre les paysans, il organise une ligue agraire. Élu au Parlement comme libéral en 1890, il n'oublie cependant jamais la cause galloise. Défenseur éloquent de projets de réforme agraire et de séparation de l'Église et de l'État, Lloyd George atteint la célébrité nationale par la vigueur extrême de ses attaques contre la guerre des Boers. À partir de 1905, tout en demeurant un nationaliste gallois modéré, il cesse de donner la première place à son pays d'origine et se transforme en véritable homme d'État britannique. Président du bureau du Commerce du ministère Campbell-Bannerman à la fin de 1905, il succède, à la chancellerie de l'Échiquier, à Asquith, devenu Premier ministre en 1908. Entre 1905 et 1914, il est le plus fougueux des radicaux, joue un rôle majeur dans le développement d'un véritable socialisme d'État, mène une guerre acharnée contre l'égoïsme des aristocrates qu'il entend taxer plus lourdement, soutient le projet de réforme constitutionnelle, qui aboutira à la loi sur le Parlement de 1911, obtient le vote de la séparation de l'Église et de l'État dans le pays de Galles. Après des hésitations qui durent de juillet aux premiers jours d'août 1914, il est convaincu, à la nouvelle de l'invasion de la Belgique, de la nécessité de l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne.

Rencontre pour préparer la paix, 1918 - crédits : Bettmann/ Getty Images

Rencontre pour préparer la paix, 1918

En tant que chancelier de l'Échiquier, puis, à partir de mai 1915, de ministre des Munitions et plus tard de la Guerre, il devient le grand organisateur de la « guerre totale » et de la mobilisation économique du pays. Inquiété par l'évolution générale, il en vient à s'élever avec une énergie croissante contre la « faiblesse » d'Asquith et se rapproche du Parti conservateur. Le refus du Premier ministre de lui confier la présidence d'un cabinet de guerre tout-puissant l'amène à démissionner, ce qui précipite la chute d'Asquith : Lloyd George le remplace le 7 décembre. Ce faisant, il consent à une scission dramatique du Parti libéral. Une extraordinaire personnalisation du pouvoir fait de lui le grand artisan de la victoire et, en décembre 1918, par des élections brusquées et la distribution de véritables « recommandations » aux électeurs (les « coupons »), il remporte une éclatant victoire électorale. Il peut dès lors, avec Clemenceau et Wilson, inspirer le contenu des traités de paix et obtenir pour son pays d'importants avantages coloniaux, une place de choix à la Société des Nations, une proportion substantielle des réparations. Farouchement anticommuniste, il est un temps attiré par l'idée d'une guerre aux côtés des Blancs en Russie, mais les réactions de son opinion le convainquent d'y renoncer. Il fait preuve du même réalisme en Irlande et se rallie, à la fin de 1921, à la nécessité du partage de l'île. La décision des conservateurs de dénoncer leur coalition avec les partisans de Lloyd George entraîne la démission de ce dernier : aux élections de 1922 qui suivent immédiatement, il dispose de beaucoup d'argent grâce à un fonds alimenté après 1916 par la « vente des honneurs » et facilite l'élection de 55 « libéraux nationaux ». Pour sauver le Parti libéral du déclin, il accepte cependant une réconciliation avec Asquith en 1923, mais les défaites libérales de 1923 et 1924 brouilleront à nouveau les deux hommes. En 1928, s'entourant de jeunes économistes comme Keynes, Lloyd George rajeunit le programme libéral et adopte les thèses de l'interventionnisme d'État, auxquelles il avait auparavant refusé de souscrire hors le temps de[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Roland MARX. LLOYD GEORGE DAVID (1863-1945) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Lloyd George - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Lloyd George

Rencontre pour préparer la paix, 1918 - crédits : Bettmann/ Getty Images

Rencontre pour préparer la paix, 1918

Traité de Versailles, 1919 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Traité de Versailles, 1919

Autres références

  • ASQUITH HERBERT HENRY, 1er comte d'Oxford et Asquith (1852-1928)

    • Écrit par Roland MARX
    • 885 mots
    • 1 média

    Homme d'État anglais, Premier ministre du Royaume-Uni de 1908 à 1916. Né dans une famille de manufacturiers du Lancashire, l'un des plus brillants étudiants jamais connus à Balliol College (Oxford), Asquith commença en 1876 une carrière d'avocat londonien. Très tôt attiré par le combat politique,...

  • CHAMBERLAIN AUSTEN (1863-1937)

    • Écrit par Roland MARX
    • 989 mots

    Fils aîné de Joseph Chamberlain, demi-frère du plus jeune, Neville, Austen Chamberlain appartient à la famille qui influença de manière décisive la politique britannique de la fin de l'ère victorienne à la Seconde Guerre mondiale. Son prestige personnel fut immense dans l'entre-deux-guerres,...

  • CURZON GEORGE NATHANIEL, marquis de Kedleston (1859-1925)

    • Écrit par Roland MARX
    • 567 mots
    • 1 média

    Fils d'un pasteur du Derbyshire, brillant élève à Eton et étudiant à Oxford, très tôt attiré par l'Orient, Curzon entame en 1884 une belle carrière politique dans les rangs du Parti conservateur britannique. Protégé par lord Salisbury, dont il est devenu à cette date le secrétaire adjoint, il...

  • GALLES PAYS DE

    • Écrit par Universalis, Roland MARX
    • 2 520 mots
    • 3 médias
    ...d'Angleterre dans le Pays et qui réclament la séparation de l'Église et de l'État ; au début du xxe siècle, l'aile radicale du parti, animée par David Lloyd George, tend à unir la contestation religieuse et l'attente de profondes réformes en faveur de la classe ouvrière ; bientôt, la concurrence...
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Voir aussi