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CUERDA SECA

L'expression cuerda seca est employée pour la première fois en 1558 pour désigner un décor céramique dans lequel on isole les émaux par un trait gravé et une matière de composition différente. Ce procédé a été utilisé pour la première fois par les Achéménides dans la décoration de la frise des Archers (Ier millénaire) : M.-M. Rutten révèle dans les Mémoires de la mission archéologique en Iran (t. XXX, Archéologie susienne, Paris, 1947) qu'un mélange d'oxyde de cobalt et d'eau gommée servait à isoler les émaux. Plus tard, les musulmans l'utilisèrent à nouveau au Moyen-Orient et on en décore encore certaines pièces en Perse et en Turquie. Au xe et au xie siècle, on trouve ce décor en Égypte et même en Corse, où un tesson a été trouvé à Mariana. Suivant la route de la faïence, qui est celle de l'expansion musulmane, la technique de cuerda seca apparaît en Espagne au xie et au xiie siècle à Málaga ; le trait est un peu plus épais qu'en Orient. Au xvie siècle, cette technique est appelée cuerda seca (corde sèche), parce que le trait qui isole les émaux, un composé d'oxyde de manganèse et d'huile, devient large comme une corde. Les couleurs sont le brun, le vert, le bleu, l'ocre clair et le blanc, auxquelles on ajoute, en Orient, le jaune et le rouge après le xve siècle. Le décor est géométrique (entrelacs, tresse), végétal (palmette, arbre de vie), animal (lièvre, biche, chien de chasse) ou humain. Pour traiter ces derniers thèmes, les artistes rejoignent les recherches plastiques de la Renaissance : l'épaisseur de l'émail donne une dimension sculpturale aux objets qui ressemblent beaucoup à des pièces d'orfèvrerie. Cette technique est utilisée pour la décoration des pièces de forme et dans certains revêtements (pavements et lambris). En Orient, les centres de production sont les grands centres de la faïence : Kashan, Damas, Iznik, Fostât et Le Caire. En Europe, seule l'Espagne a fabriqué le décor de cuerda seca à Séville et à Tolède (xve et xvie s.).

L'Espagne a utilisé, en outre, un procédé décoratif proche de la technique de cuerda seca, qui est assimilé à celle-ci par certains savants (Gómez Moreno) ou considéré comme dérivé de celle-ci (González Martí, Llubia i Munne et Torres Balbas), tandis que Ainaud de Lasarte l'étudie séparément. Cette technique, qui consiste à placer à cru un ou deux oxydes à l'intérieur d'un dessin tracé au préalable en manganèse, diffère de la précédente en ce qu'on utilise surtout de l'oxyde de cuivre seul, ou avec de l'oxyde de manganèse, et que le décor, assez rudimentaire, ne recouvre pas entièrement la pièce. Cette technique a été utilisée en Andalousie et aux Baléares, à Majorque.

— Colette CROUZET

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Écrit par

  • : diplômée de l'École du Louvre, chargée de missions au musée de Narbonne

Classification

Pour citer cet article

Colette CROUZET. CUERDA SECA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FAÏENCE

    • Écrit par Henry-Pierre FOUREST, Jeanne GIACOMOTTI
    • 3 892 mots
    • 5 médias
    ...passera en France, à Narbonne. Les ateliers de Séville-Triana, du xive au xvie siècle, fabriquèrent un nombre considérable de grands carrelages et revêtements muraux, les uns peints, lustrés ou non, les autres à décor cloisonné par des lignes en réserve ( cuerda seca) ou en relief (de arista).

Voir aussi