CORONAVIRUS

Effets pathogènes des coronavirus chez l’homme

Quatre coronavirus endémiques chez l’homme – appelés HCoV-229E, HCoV-NL63, HCoV-OC43, et HCoV-HKU1 (H pour Human) – sont responsables de simples rhumes sans gravité particulière. Il n’en est pas de même des trois coronavirus zoonotiques – SARS-CoV-1, MERS et SARS-CoV-2 (Covid-19) – révélés par l’apparition de pneumopathies atypiques graves, parfois associées à d’autres symptômes ou atteintes.

Pathologie du SRAS

La maladie dite SRAS, causée par le virus SARS-CoV-1, a été identifiée à Hong Kong en 2003, mais elle était déjà présente dans le Guangdong (province côtière du sud de la Chine) en novembre 2002. L’épidémie s’est répandue essentiellement en Chine et en Asie du Sud-Est, provoquant officiellement 774 décès pour 8 096 cas reconnus (taux de mortalité de 9,5 %). Le virus pénètre dans l’épithélium bronchique, provoque une pneumonie grave atypique, mais infecte aussi le tube digestif (diarrhées dans 50 % des cas) et les cellules du système immunitaire. La maladie est probablement due à la consommation de viande de civette masquée contaminée. À partir du consommateur assimilé à un patient zéro, la contamination est devenue interhumaine (par postillons, sécrétions des voies aériennes supérieures, mais aussi contact avec des objets tels que poignées de porte ou boutons d’ascenseur, sans doute aussi transmission fécale). Le taux de transmission est de l’ordre de 2 (une personne en contamine statistiquement 2), donc assez faible. Au moins la moitié des cas sont des infections nosocomiales (c’est-à-dire contractées à l’hôpital). L’épidémie – qui tendait à se propager dans plusieurs pays sous la forme de cas isolés qui auraient pu être à l’origine de foyers infectieux – est enrayée dans le courant de l’été 2003, essentiellement grâce à des mesures de confinement. Considéré dès lors comme éradiqué chez l’homme, le virus n’a toutefois pas disparu. Il a par exemple été identifié dans les fèces d’un pangolin en janvier 2020. Il n’existe pas de traitement spécifique et les tentatives de se servir de tous les antiviraux connus ont été interrompues avec la fin de l’épidémie.

Pathologie du MERS

La pathologie MERS, causée par le MERS-CoV, a été identifiée en 2012 en Arabie Saoudite. La maladie débute brusquement, deux jours seulement après le contact infectieux, par une pneumopathie aiguë sévère, souvent associée à une brutale insuffisance rénale. Le décès survient dans environ 35 % des cas. Le MERS est une zoonose dans laquelle l’hôte intermédiaire est le dromadaire, contaminé par les fèces d’une chauve-souris porteuse du virus. En plus de sa nature zoonotique, le virus se transmet entre humains par postillons et toucher, mais il semble peu contagieux. La majorité des cas est observée dans la péninsule arabique, mais la maladie s’est répandue à bas bruit dans le monde entier par l’intermédiaire de voyageurs ayant séjourné dans la région. Le risque n’a donc pas disparu et le MERS fait l’objet d’une surveillance constante par les États et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Pathologie de la Covid-19

La Covid-19 est une maladie infectieuse d’abord respiratoire, mais s’étendant à d’autres organes, provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2, virus proche du SARS-CoV-1 et identifié en Chine en janvier 2020. C’est également une zoonose, même si l’identité de l’animal qui a transmis le virus à l’homme est incertaine. En tout état de cause, même si le scénario de son passage à l’homme reste mal compris, le SARS-CoV-2 est issu d’un virus de chauve-souris. Au premier trimestre de 2020, l’épidémie de Covid-19 évolue très rapidement en Chine, puis dans de nombreux autres pays. Le statut international d’état pandémique est reconnu par l’OMS le 11 mars 2020, une première pour une maladie à coronavirus. Quelles que soient les variations locales du nombre de patients et la gravité de la maladie, reflet notamment des politiques nationales de santé et des choix faits devant une maladie que l’on découvre, la pandémie liée à la Covid-19 a de lourdes conséquences sanitaires et socio-économiques dans la plupart des pays.

Dans au moins 80 % des cas, la maladie est faiblement symptomatique, avec fièvre et toux, et se résout spontanément en quelques jours. Elle passe alors quasiment inaperçue, ce qui a pour conséquence que l’on ignore souvent – en dehors de situations particulières où des tests systématiques sont réalisés – le véritable nombre de personnes infectées. Dans 10 à 15 % des cas, une pneumopathie se développe, avec une aggravation pouvant survenir huit à dix jours après le début de la maladie. Une hospitalisation est alors généralement décidée pour pallier les effets de la progression de l’insuffisance respiratoire. Dans environ 5 % des cas, l’hospitalisation doit se faire en service de réanimation. Seule la vaccination limite l’évolution vers les formes graves de la maladie. Le taux de décès de la Covid-19 reste difficile à estimer en raison des cas asymptomatiques.

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L’âge des sujets atteints est le facteur principal de gravité de la maladie et des décès. Cependant, si on a d’abord cru que les sujets de moins de cinquante ans sans comorbidités étaient presque toujours asymptomatiques, on a assisté dès la seconde vague de contamination à l’automne de 2020 à une forte augmentation du nombre de sujets jeunes concernés par une hospitalisation. Par ailleurs, on porte un intérêt croissant aux formes dites longues de la Covid-19, chez lesquelles les signes de la maladie persistent plusieurs mois après la phase aiguë, peut-être du fait de la persistance du virus dans certains tissus de l’organisme. De plus, un tiers des sujets sortis de réanimation présentent des atteintes rénales, pulmonaires et nerveuses persistantes. La vaccination, pratiquée à grande échelle dans la plupart des pays depuis la fin de 2020, a permis d’effondrer la fréquence des formes graves de la maladie (et donc la charge au niveau collectif), sans cependant limiter massivement la circulation du virus.

— Gabriel GACHELIN

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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Virus SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19 - crédits : NIAID-RML

Virus SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19

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