Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CONDILLAC ÉTIENNE BONNOT DE (1714-1780)

La pensée et les signes

À la suite de Locke, et comme beaucoup de penseurs de son siècle, Condillac distingue les pensées qui viennent directement de nos sensations et celles qui résultent d'une élaboration des premières. Mais sa grande originalité est d'assigner au langage, non la seule fonction d'expression des pensées, mais un rôle déterminant, et pour ainsi dire exclusif, dans la formation même des idées de réflexion. Condillac échappe ainsi au problème insoluble que rencontrent d'ordinaire les sensualistes : comment prétendre que toute notre pensée est dérivée des impressions sensibles, puisqu'il faudrait supposer un « esprit » actif pour passer de l'impression de sensation à l'idée réfléchie ?

Examinant systématiquement toutes les formes de pensée, Condillac établit leurs liens respectifs avec le langage. Sans doute, on peut bien supposer une pensée sans signes, mais elle demeurerait enfermée dans des suites très restreintes d'idées. Et, en tout cas, nous serions limités aux modes perceptifs et imaginatifs de la pensée ; nous n'atteindrions jamais l'abstraction et la combinaison des idées. La distinction essentielle qui sépare l'homme des autres animaux est dans l'institution des signes du langage, qui sont le fondement de la pensée abstraite et réflexive.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Pierre TROTIGNON. CONDILLAC ÉTIENNE BONNOT DE (1714-1780) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Étienne Bonnot de Condillac - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Étienne Bonnot de Condillac

Autres références

  • TRAITÉ DES SENSATIONS, Étienne Bonnot de Condillac - Fiche de lecture

    • Écrit par François TRÉMOLIÈRES
    • 893 mots
    • 1 média

    Étienne Bonnot de Condillac (1714-1780), a pu écrire Karl Marx, est « le disciple immédiat et l'interprète français de Locke » : il a attaché son nom à une doctrine, le sensualisme, qui apparaît en effet comme un prolongement de l'empirisme défendu dans l'Essai sur l'entendement...

  • PHILOSOPHIE

    • Écrit par Jacques BILLARD, Jean LEFRANC, Jean-Jacques WUNENBURGER
    • 21 137 mots
    • 10 médias
    Mais c'est précisément ce projet de systématisation que la tradition empiriste a toujours dénoncé comme l'entraînement d'un verbalisme. Condillac, précurseur au xviiie siècle de la philosophie contemporaine du langage, auteur d'un Traité des systèmes, s'en prend au jargon de ces philosophes,...
  • RÉALITÉ CONCEPT DE

    • Écrit par Jean HAMBURGER
    • 4 351 mots
    Dès le xviiie siècle, Condillac avait écrit : « La loi de la causalité est valable (l'expérience nous l'apprend) pour notre système planétaire. [...] Mais il se peut (l'expérience est muette à cet égard) qu'il y ait d'autres mondes où les phénomènes se succèdent au ...
  • RÉELS NOMBRES

    • Écrit par Jean DHOMBRES
    • 14 916 mots
    ...pour tous les entiers relatifs. Ce point de vue des signes est celui qui est développé dans l'épistémologie génétique des mathématiques par Condillac au xviiie siècle : il n'y a pas d'êtres mathématiques, seulement des signes extensifs d'un domaine à l'autre par un jeu quasiment linguistique...
  • SENSUALISME

    • Écrit par Hubert FAES
    • 1 003 mots

    Il n'est pas sûr que le sensualisme puisse être traité comme un système de pensée aux contours bien définis, partagé par une lignée d'auteurs importants. Le terme même est équivoque, et son usage est discuté. Le seul auteur que l'on donne pour représentatif, Condillac (1714-1780) avec son ...

Voir aussi