CONDILLAC ÉTIENNE BONNOT DE (1714-1780)
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Condillac n'est pas seulement l'interprète français de Locke, mais un philosophe original dont l'influence devait être décisive sur la formation de la linguistique moderne. Oublié, critiqué sommairement, lorsque la vague révolutionnaire reflue et que l'Europe retourne aux servitudes d'avant 1789, il mérite encore d'être lu et médité.
À la suite de Locke
Nés à Grenoble d'une famille de robe, Étienne Bonnot de Condillac et son frère, l'abbé de Mably, furent destinés à l'Église. Tous deux également se firent un nom par leurs ouvrages philosophiques. Condillac ne semble pas avoir choisi l'état ecclésiastique avec enthousiasme, mais rien ne prouve non plus qu'il ne s'y soit pas fait : sa conduite et ses œuvres manifestent une même discrétion d'apparence. En particulier, bien qu'il eût rencontré et fréquenté à Paris des hommes comme Diderot et Rousseau, il se garda bien de s'engager publiquement avec les philosophes militants et d'afficher des relations intimes avec eux. Sa vie publique fut simple : précepteur de l'infant de Parme (piètre sujet pour l'essai pratique de ses idées pédagogiques !), membre de l'Académie française, il meurt à l'abbaye de Flux (Beaugency), dont il était bénéficier.
Sa pensée partit d'une méditation des idées de Locke qu'il devait par la suite profondément modifier. Disciple fidèle de Locke dans l'Essai sur l'origine des connaissances humaines (1746), il est déjà à bonne distance de son maître, dès 1754, dans le Traité des sensations.
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Écrit par :
- Pierre TROTIGNON : professeur à l'université de Lille-III
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Pour citer l’article
Pierre TROTIGNON, « CONDILLAC ÉTIENNE BONNOT DE - (1714-1780) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/condillac-etienne-bonnot-de/