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COMMERCE DES FOSSILES

L’âge d’or du commerce des fossiles

Mary Anning - crédits : The Natural History Museum/ Alamy/ Hemis

Mary Anning

En Occident, l’usage médicinal des fossiles a disparu au xviiie siècle, mais leur commerce n’a pas cessé pour autant. Dès la Renaissance, en effet, ces objets ont figuré en bonne place dans les cabinets de curiosités, dont les propriétaires ont principalement constitué les collections par des achats. Lorsqu’il a été généralement admis, vers la fin du xviiie siècle, que les fossiles représentaient les restes d’organismes disparus, les amateurs et les musées d’histoire naturelle ont largement eu recours à des commerçants spécialisés pour développer leurs collections paléontologiques. Dès le début du xixe siècle, la collecte et la vente des fossiles ont pris un essor considérable, certaines personnes habitant à proximité de sites fossilifères se livrant à ces activités de façon occasionnelle ou permanente. Un exemple bien connu est celui de Mary Anning (1799-1847), de la petite ville de Lyme Regis sur la côte du Dorset (Angleterre), devenue célèbre pour avoir collecté et vendu à divers musées et collectionneurs des fossiles jurassiques (notamment des squelettes de reptiles) d’une grande importance scientifique. En 1846, le chirurgien et paléontologue anglais Gideon Mantell (1790-1852), découvreur notamment du dinosaure Iguanodon, a publié un article sur les prix, variant de quelques shillings à des centaines de livres, de divers fossiles, depuis des coquillages jusqu’à des molaires de mammouths et des crânes d’ichthyosaures. Lui-même avait vendu sa vaste collection de fossiles au British Museum en 1838 pour la somme considérable de 4 000 livres sterling.

Même si tout au long des xixe et xxe siècles les récoltes sur le terrain par des paléontologues professionnels ont contribué de façon significative à l’accroissement des collections des musées, ces institutions ont aussi largement eu recours aux achats auprès de commerçants, qu’il s’agisse des « comptoirs d’histoire naturelle » proposant des spécimens de toute nature ou de « chasseurs de fossiles » plus spécialisés. Dans cette dernière catégorie, l’Américain Charles Hazelius Sternberg (1850-1943) et ses fils se sont focalisés sur la récolte et la vente de squelettes de dinosaures provenant des États-Unis et du Canada, fossiles venus enrichir les collections de nombreux grands musées d’Amérique du Nord et d’Europe. Longtemps, le commerce des fossiles n’a guère soulevé d’objections auprès des paléontologues professionnels et des administrateurs de musées, qui y voyaient un moyen d’acquérir des spécimens importants scientifiquement ou présentant un grand intérêt muséographique. D’ailleurs, certains fossiles spectaculaires ou scientifiquement significatifs des collections publiques proviennent d’un achat. C’est le cas par exemple du premier squelette découvert de l’oiseau jurassiqueArchaeopteryx, vendu 700 livres sterling en 1862 au British Museum, avec une collection d’autres fossiles, par le médecin bavarois Karl Friedrich Häberlein (1787-1871).

Bourse-exposition de Tucson (États-Unis) - crédits : Simeon87/ fossilnews.org ; CC BY-SA 3.0

Bourse-exposition de Tucson (États-Unis)

La vente des fossiles est une activité commerciale florissante, comme en témoignent les grandes bourses-expositions (présentant en général non seulement des fossiles, mais aussi des minéraux et des gemmes) où des spécimens en tout genre, depuis de modestes coquilles jusqu’à d’imposants squelettes, sont proposés. Celles de Tucson, en Arizona, et de Munich sont parmi les plus importantes et il s'y brasse des sommes considérables, même si elles sont difficiles à évaluer en l’absence d’un cours officiel des fossiles. Néanmoins, il a été estimé que la bourse de Tucson (dont la vente de fossiles ne constitue qu'une des activités) avait eu un impact économique d'environ 120 millions de dollars en 2018. En France, la bourse de Sainte-Marie-aux-Mines, en Alsace, est la plus connue, mais il en existe beaucoup d'autres, plus modestes, qui attirent de nombreux collectionneurs.[...]

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Pour citer cet article

Eric BUFFETAUT. COMMERCE DES FOSSILES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Squelette de tyrannosaure - crédits : Spencer Platt/ Getty Images News/ AFP

Squelette de tyrannosaure

Mary Anning - crédits : The Natural History Museum/ Alamy/ Hemis

Mary Anning

Bourse-exposition de Tucson (États-Unis) - crédits : Simeon87/ fossilnews.org ; CC BY-SA 3.0

Bourse-exposition de Tucson (États-Unis)

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