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COMMERCE DES FOSSILES

Une activité contestée

Le commerce des fossiles suscite cependant de vifs débats au sein de la communauté scientifique. Si beaucoup de musées continuent à acheter des fossiles, un certain nombre de paléontologues professionnels voient cette pratique d'un mauvais œil, pour diverses raisons. Tout d’abord, une certaine méfiance envers ce commerce est très certainement liée à l’absence d'informations fiables concernant les spécimens vendus ; le contexte géologique dans lequel le fossile a été mis au jour est en effet d'une grande importance pour son interprétation, et un spécimen dont la provenance géographique ou stratigraphique est incertaine perd beaucoup de son intérêt. Ensuite, dans certains cas extrêmes, le fossile lui-même peut s'avérer douteux. Un exemple célèbre est celui de l’« Archaeoraptor », nom donné en 1999 dans le magazine National Geographic à un fossile douteux exporté illégalement de Chine, acquis par un musée privé des États-Unis et présenté initialement comme celui d’une espèce intermédiaire entre dinosaures et oiseaux. Un examen détaillé a par la suite démontré qu'il s'agissait d'un faux, fabriqué en assemblant des restes fossiles de plusieurs animaux, dont un oiseau primitif et un petit dinosaure. La pratique consistant à truquer des fossiles en les complétant de façon artificielle pour les rendre plus attractifs est relativement courante chez certains marchands peu scrupuleux.

Même lorsque les fossiles sont authentiques et vendus avec des indications fiables de provenance, leur commerce suscite des critiques. On avance souvent que les prix très élevés qu'atteignent certains spécimens les mettent hors de portée des musées d'histoire naturelle, dont les ressources sont limitées. Ils sont alors fréquemment acquis par des collectionneurs privés, ce qui rend leur étude scientifique difficile, voire impossible. Il faut cependant noter que beaucoup de ces fossiles vendus aux enchères appartiennent à des espèces généralement bien connues des paléontologues, quand bien même il s'agit de spectaculaires squelettes de dinosaures, et qu'ils n'apporteraient sans doute pas beaucoup d'informations nouvelles. Depuis la fin des années 1990, les marchands ont d'ailleurs tendance à présenter de tels fossiles visuellement remarquables comme des pièces de décoration plutôt que comme des spécimens scientifiques. Cette stratégie commerciale ne peut cependant pas vraiment satisfaire les paléontologues, car il arrive aussi que des spécimens appartenant à des espèces rares ou encore inconnues soient mis en vente de cette façon.

Enfin, on reproche également au commerce des fossiles de conduire au pillage des sites paléontologiques, surexploités par la recherche du profit, au grand désavantage des paléontologues professionnels. C'est de la part de ces derniers un souci légitime lorsqu'il s'agit d’importants gisements susceptibles d'être fouillés de façon systématique, suivant des normes scientifiques, pour en tirer le plus d'informations possible – ce qui n'est que rarement le cas lorsque les spécimens sont extraits dans un but purement commercial.

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Pour citer cet article

Eric BUFFETAUT. COMMERCE DES FOSSILES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Squelette de tyrannosaure - crédits : Spencer Platt/ Getty Images News/ AFP

Squelette de tyrannosaure

Mary Anning - crédits : The Natural History Museum/ Alamy/ Hemis

Mary Anning

Bourse-exposition de Tucson (États-Unis) - crédits : Simeon87/ fossilnews.org ; CC BY-SA 3.0

Bourse-exposition de Tucson (États-Unis)

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