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HESTON CHARLTON (1924-2008)

Les positions exprimées par Charlton Heston dans les dernières années de sa vie en faveur de la vente libre des armes ont quelque peu fait oublier ses activités militantes passées, notamment en faveur des droits civiques des Noirs, et son talent d'acteur, ainsi que la générosité qu'il montra envers certains cinéastes : Orson Welles, qui n'avait pas tourné aux États-Unis depuis dix ans, lui doit la réalisation de Touch of Evil (La Soif du mal, 1958), et Sam Peckinpah d'avoir pu terminer le tournage de Major Dundee (1964), en retour de son salaire.

John Charlton Carter, Heston étant le patronyme de son beau-père, est né le 4 octobre 1924, à Evanston dans l'Illinois. Après des études d'art dramatique à l'Université, il sert de 1944 à 1947 dans l'Air Force. Démobilisé, il mène une activité d'acteur et de metteur en scène au Thomas Wolfe Memorial Theatre à Asheville en Caroline du Nord, avant de débuter à Broadway dans Antoine et Cléopâtre. En 1948, il fait ses premières apparitions à la télévision dans des dramatiques. Remarqué par Hal Wallis dans Jane Eyre, il est pris sous contrat par Paramount. Après avoir joué dans des films amateurs de son ami David Bradley, Peer Gynt (1941) et Julius Caesar (1950), il fait ses véritables débuts au cinéma, en 1950, dans Dark City (La Main qui venge) de William Dieterle, et, dès le film suivant, tient le second rôle masculin de The Greatest Show on Earth (Sous le plus grand chapiteau du monde, 1952) de Cecil B. De Mille. Il est ensuite l'interprète principal de productions modestes – films d'aventure, westerns, « films noirs », comédies – jusqu'à ce que Cecil B. De Mille lui propose d'interpréter Moïse dans The Ten Commandments (Les Dix Commandements, 1956) qui fait de lui une « star ». Il joue cependant quelque temps encore dans des films à petits budgets, Touch of Evil, ou face à des vedettes confirmées, comme Gregory Peck dans The Big Country (Les Grands Espaces, 1958) de William Wyler et Gary Cooper dans The Wreck of the Mary Deare (Cargaisons dangereuses, 1959) de Michael Anderson. Promu au rang de valeur sûre, il devient le « pilier » des superproductions historiques.

Toutefois, désireux de ne pas se laisser enfermer dans un type, Charlton Heston reste très attentif à changer de registre et à alterner grosses et petites productions, films commerciaux et films d'auteurs, tournant en moyenne deux films par an jusqu'à la fin des années 1970. Il s'essaie même à la réalisation avec Anthony and Cleopatra (1972) et Mother Lode (La Fièvre de l'or, 1982). Son activité se ralentit ensuite, sans que sa célébrité, à laquelle sauront faire appel tant Ronald Reagan, qui le nomme « conseiller culturel », que la National Rifle Association, n'en soit altérée, ainsi qu'en témoigne l'intérêt que lui portent des cinéastes plus jeunes, tels John Carpenter, Kenneth Branagh et Oliver Stone. Atteint de la maladie d'Alzheimer, il cesse toute activité en 2002. Il meurt le 5 avril 2008.

Très grand (1,93 m), taillé en colosse, pourvu d'un large torse, d'un visage anguleux au menton volontaire, d'yeux clairs au regard perçant, Charlton Heston était avant tout une présence physique de laquelle émanait un sentiment de puissance. Il était donc destiné à incarner des héros « plus grands que nature » dans des récits épiques : Moïse, Judas Ben-Hur dans Ben-Hur (1959) de William Wyler, Rodrigue dans El Cid (Le Cid, 1961) d'Anthony Mann, Jean le Baptiste dans The Greatest Story ever Told (La Plus Grande Histoire jamais contée, 1965) de George Stevens, Michel-Ange dans The Agony and the Ecstasy (L'Extase et l'Agonie, 1965) de Carol Reed ou le général Gordon dans Khartoum (1966) de Basil Dearden. Il apportait à ces rôles impossibles, unidimensionnels, que peu d'acteurs auraient[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

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Pour citer cet article

Alain GAREL. HESTON CHARLTON (1924-2008) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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