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LANDON CHARLES-PAUL (1760-1826)

Peintre, critique d'art et éditeur. Élève de F.-A. Vincent et de J.-B. Regnault (dont les ateliers étaient rivaux de celui de David), Landon remporta le grand prix de Rome en 1792 et exposa au Salon jusqu'en 1812 des tableaux mythologiques et des allégories. Son style précieux, à la composition harmonieuse et au coloris frais, est empreint de la suavité aimable chère à une époque qui n'oublia jamais les tentations de la manière inspirée de l'art alexandrin, de l'école de Parme ou des suiveurs de Raphaël (Paul et Virginie enfants, exposé en 1801 et conservé au musée d'Alençon), tout en payant le tribut à l'histoire médiévale avec le « style troubadour » (Saint-Louis rétablissant les tombes des rois, 1811, cathédrale de Saint-Denis). Issue de l'enseignement de Regnault, la recherche du fini et des matières claires et brillantes, comme dans la Léda de 1806 (château de Fontainebleau), va de pair avec l'affirmation de la ligne du contour, découpant des silhouettes sans pénombre, à la façon des vases grecs. La Vénus sur les eaux du Salon de 1810 (musée Chéret, Nice) signifie bien cette tendance à l'abstraction des formes du courant néo-classique, tout en annonçant certaines habitudes de l'académisme — l'ambition du genre historique en moins. Toutefois, c'est l'œuvre de critique et d'éditeur, surtout, qui a rendu célèbre Landon, lui procurant même une reconnaissance officielle : il est correspondant de l'Institut sous l'Empire, puis sous la Restauration il est nommé peintre du duc de Berry et conservateur des peintures des musées royaux. Pendant la Révolution, il avait fait paraître de nombreux articles dans le Journal des arts, des sciences et de la littérature. Il les reprit, les augmenta, s'entoura de collaborateurs pour une publication originale par la régularité de sa parution et par son illustration gravée reproduisant toutes les œuvres analysées : les Annales du Musée et de l'École moderne des beaux-arts ont paru de 1801 à 1809 et ont été rééditées et complétées en quarante-quatre volumes, de 1823 à 1835. L'ouvrage connut une réelle notoriété (Delacroix s'en sert encore en 1854) grâce à ses illustrations en gravure au trait, réduisant donc au même format et au simple contour les peintures, les sculptures et les projets d'architecture exposés au Salon ainsi que des œuvres antiques ou anciennes rapportées d'Italie et figurant un temps au musée Napoléon. Ce recueil constitue par conséquent une source iconographique de premier plan pour l'historien d'art, permettant d'identifier des œuvres exposées jadis au Salon et redécouvertes de nos jours. L'érudition sèche mais assez impartiale de Landon se retrouve dans un autre ensemble de sept volumes : Vies et œuvres des peintres les plus célèbres, réduits et gravés au trait (1803-1817). Bien que disciple sentencieux du beau idéal, du grand style et de la primauté de la sculpture antique, Landon sait reconnaître les qualités de vérité et d'expression, la force du coloris et l'intérêt de sujets contemporains.

— Jean-Pierre MOUILLESEAUX

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Écrit par

  • : historien de l'art, chargé de mission à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites

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Jean-Pierre MOUILLESEAUX. LANDON CHARLES-PAUL (1760-1826) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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