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HEIDELBERG CATÉCHISME DE

Sous le titre complet de Catéchisme ou Instruction chrétienne, telle qu'elle est donnée dans les églises et les écoles du Palatinat électoral, ce document est intégré, en novembre 1563, dans la Constitution ecclésiastique que l'Électeur Frédéric III « le Pieux » fait adopter, dans un territoire où l'institutionnalisation de la Réforme n'a été entreprise que récemment et où les controverses entre luthériens de diverses tendances, ainsi qu'entre luthériens et réformés, sont vives. La rédaction finale de ce texte, qui est sa quatrième édition, semble être l'œuvre de Gaspard von der Olewig (Olevianus) de Trèves (1536-1587 ; après des études de droit en France et de théologie en Suisse, Gaspard a été appelé en 1560 à Heidelberg). Mais elle reste très dépendante de la Summa theologiae et de la Catechesis minor de Zacharie Beer (Ursinus) de Breslau (1534-1583), autre théologien de Heidelberg. De cette dernière œuvre le Catéchisme conserve la division tripartite. Par ailleurs, il reprend bien des éléments des catéchismes composés depuis le début de la Réforme, en particulier à Strasbourg, en Allemagne du Sud, à Zurich et à Genève. Enfin, d'autres théologiens et pasteurs du Palatinat ont pu participer à son élaboration.

Le Catéchisme, dans sa forme finalement adoptée, comprend cent vingt-neuf questions suivies de réponses — lesquelles sont rédigées le plus souvent à la première et à la deuxième personne — et groupées en cinquante-deux chapitres (autant que de dimanches dans l'année) ; chaque question est éclairée, ainsi que la réponse, par de multiples références à l'Écriture. La question 1, bien connue des théologiens et fidèles des Églises réformées, place d'emblée au premier plan la relation du croyant à Jésus-Christ : « Question : Quelle est ton unique consolation, tant dans la vie que dans la mort ? — Réponse : C'est que de corps et d'âme [...] j'appartienne, non pas à moi-même, mais à Jésus-Christ. » La question 2 indique le plan retenu, et le Catéchisme traite de la misère de l'homme, révélée par la loi (ii-iv, Q. 3-11) ; de la délivrance de l'homme (v-xxxi, Q. 12-85) ; de la reconnaissance de l'homme (xxxii-lii, Q. 86-129). L'étude du Catéchisme conduit à mémoriser le « symbole des Apôtres », le décalogue, le « Notre Père ». Les subtilités théologiques y sont le plus possible évitées : la question 25 sur la Trinité est d'une grande sobriété et il n'y a pas de question sur la prédestination. Quelques éléments de polémique subsistent : contre les catholiques (Q. 30, sur les saints ; Q. 80, sur la messe ; Q. 97-98, sur les images ; Q. 102, sur les serments), ou contre des luthériens, tel Heshusius (Q. 48, sur le lien des deux natures de Christ après l'Ascension). Le Catéchisme reste fidèle aux grandes lignes de la théologie calvinienne, tout en incluant des formules qui peuvent être acceptées par des luthériens de la tendance « modérée », proches de Melanchthon.

Au xvie siècle et ensuite, le Catéchisme de Heidelberg sera adopté par de très nombreuses Églises réformées, et pas seulement en Europe. Le 1er mai 1619, il est accepté comme « symbole » au synode de Dordrecht. Au xxe siècle, s'il n'est plus utilisé comme ouvrage de pédagogie religieuse, il est volontiers cité, lu et commenté, par les théologiens réformés, tel Karl Barth. Une traduction et un commentaire théologique en ont été donnés par A. Péry (Genève, 1959).

— Bernard ROUSSEL

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Écrit par

  • : professeur à la faculté protestante de théologie de Strasbourg

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  • RÉFORME

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    ...elle pénétra, mêlée d'éléments zwingliens et mélanchthoniens, dans l'Empire, surtout dans les pays rhénans et le Nord-Ouest, suscitant le Catéchisme de Heidelberg (1563), qui fut reconnu par la majorité des Églises réformées. Par hostilité envers le luthéranisme, jugé trop germanique, cette Réforme fut...