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CARNÉADE (214-129 av. J.-C.)

Philosophe grec de la Nouvelle Académie — c'est-à-dire de la période de l'école platonicienne qui va d'Arcésilas à Philon de Larisse et pendant laquelle s'est réalisé, en réaction contre le dogmatisme de l'Ancienne Académie, un retour à l'esprit aporétique de Socrate —, Carnéade scandalise les Romains, lors de l'ambassade dite des philosophes (~ 156/155), en tenant volontairement, à deux jours d'intervalle, des discours opposés sur le thème de la justice (Lactance, Institutions chrétiennes, V, 14). Cet exercice scolaire, d'ailleurs très traditionnel, dans lequel on disserte successivement pro et contra correspond évidemment à l'esprit de la Nouvelle Académie. Toutefois Carnéade, à la différence d'Arcésilas, ne pense pas que toutes les opinions sont équivalentes. Il admet que certaines sont plus vraisemblables que d'autres et il distingue des degrés de probabilité.

Il consacre une grande partie de son activité philosophique à polémiquer contre les stoïciens. (On lui prête le mot : « Si Chrysippe n'avait pas existé, je ne serais rien. ») Contre le naturalisme dogmatiste de ceux-ci, il propose une sorte de positivisme critique qui s'attache à la religion, au droit naturel et à la morale théorique. Le droit est le résultat d'une convention nouée entre les hommes, d'un contrat social, et n'a aucun fondement dans la nature, qui, par elle-même, est totalement neutre du point de vue moral.

— Pierre HADOT

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Pour citer cet article

Pierre HADOT. CARNÉADE (214-129 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ACADÉMIE ANTIQUE

    • Écrit par Jean-Paul DUMONT
    • 1 376 mots
    • 1 média
    Carnéade (212-128 av. J.-C.) fonda la troisième Académie. Clitomaque, Carthaginois et non plus Cyrénéen comme son prédécesseur, lui succéda (140-128 av. J.-C.) du vivant de son maître. C'est Carnéade qui vint à Rome en ambassade, en 155 avant J.-C., accompagné du stoïcien Diogène de Babylone et du péripatéticien...
  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    ...des scolarques (chefs d'école) de l'Académie, désignée à cette époque de son histoire sous le nom de Nouvelle Académie, Arcésilas (env. 320-240) et Carnéade (env. 210-130), allaient interpréter la dialectique socratico-platonicienne, cet art d'un dialogue qui paraît souvent sans conclusion, en un...
  • CICÉRON (106-43 av. J.-C.)

    • Écrit par Alain MICHEL, Claude NICOLET
    • 5 893 mots
    • 1 média
    ...manifestement de Philon de Larissa (cf. Cicéron, Lucullus, 116 et suiv.). Or ce philosophe, d'une part, était un platonicien et, par son maître Carnéade, il avait pu connaître la valeur de certaines doctrines péripatéticiennes ; mais, comme Carnéade, il était avant tout un ami de la Nouvelle Académie...
  • ROME ET EMPIRE ROMAIN - Rome et la pensée grecque

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 1 509 mots
    • 2 médias
    ...grecque, cet intérêt ne se conçoit pas sans la pratique du grec et la fréquentation parfois personnelle des philosophes grecs. C'est ainsi que l'académicien Carnéade vient à Rome en 155 avant J.-C. à la tête d'une ambassade athénienne, de même qu'y viendra au siècle suivant, dans des occasions analogues, le...

Voir aussi