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CANADA Arts et culture

Littérature de langue anglaise

Écrits des explorateurs

À la fois histoire et littérature, les rapports des marins et explorateurs des xvie et xviie siècles constituent les premières œuvres. Les impressions des narrateurs sont variées. Le Français Cartier décrit la côte du Labrador comme « la terre que Dieu donna à Caïn ». À l'opposé, on possède les rapports enthousiastes, destinés aux futurs colons, tel celui où Robert Haydon, en 1628, déclare les hivers de Terre-Neuve « courts, sains et constamment dégagés et non épais, malsains et « traînassants » comme ils le sont en Angleterre ». C'étaient de simples relations des faits, dépourvues de tout souci stylistique. Cette sobriété et ce goût du concret caractériseront longtemps les écrivains canadiens de langue anglaise.

Évitant les régions françaises le long du Saint-Laurent, les navigateurs anglais s'intéressèrent au nord et au nord-ouest du pays. À partir du xviie siècle, leurs noms – Hudson, James, Baffin, Frobisher – vont illustrer toute la carte de l'Arctique canadien. Leurs journaux de bord ainsi que les journaux plus détaillés tenus au xviiie siècle par les grands explorateurs qui parcourent les terres à l'ouest de la baie d'Hudson – Hearne, Henry, Mackenzie et Thompson – constituent la seule vraie épopée de la littérature canadienne-anglaise. Leurs écrits donnent la première image de l'immensité du pays, de ses indigènes, de la beauté grandiose et redoutable de ses sites, et des rigueurs de son climat. On y trouve déjà ce que Northrop Frye a appelé le thème dominant de la littérature canadienne : « l'évocation d'une terreur primitive ».

Littérature de la colonie et de la jeune nation

De petites communautés de pionniers, vivant closes sur elles-mêmes, aux frontières d'une immensité inculte où régnait un esprit que Frye appellera la « mentalité de garnison » : telle est l'expérience des colons.

Le premier roman canadien-anglais, qui est aussi le premier roman nord-américain, est un roman de garnison, The History of Emily Montague, fut publié en 1769, juste après la conquête. L'auteur, Frances Brooke, était la femme du chapelain de la garnison de Québec. Par une facétie du sort, la première description proprement littéraire de la vie au Canada présente un caractère mondain, et une de ses coquettes prédit au pays un piètre avenir artistique : « Les rigueurs du climat suspendent les pouvoirs mêmes de l'entendement [...]. Le génie ne prendra jamais grand essor où les facultés de l'esprit restent transies la moitié de l'année. »

Effectivement, à part plusieurs romans historiques de valeur contestable, dont le plus connu est The Golden Dog (1877) de William Kirby, le Québec ne devait guère servir de cadre à la littérature anglaise avant l'ère moderne où Montréal s'est acquis le titre de centre littéraire anglais autant que français.

Pionniers du Haut-Canada

À cette époque, ce furent plutôt les colonies du Haut-Canada et de la Nouvelle-Écosse qui contribuèrent à la littérature naissante. Dans le Haut-Canada (actuellement la partie sud de l'Ontario), la première vague d'immigrants anglais qui déferla après les guerres napoléoniennes comprenait nombre de gens d'une certaine culture dont les efforts pour s'adapter à une nouvelle et rude existence nous sont rapportés dans des œuvres telles que Roughing it in the Bush (1852) de Susanna Moodie, ou le livre de sa sœur, Catherine Parr Traill, The Backwoods of Canada (1836). Ces œuvres contiennent des informations très vivantes sur les pionniers de l'Ontario, mais racontent également l'humour, le courage, l'endurance, et parfois la détresse intime qui composaient l'âme secrète des garnisons.

Exilés du Vieux Continent, ces émigrants n'appartenaient pas encore au Nouveau,[...]

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Écrit par

  • : musicologue, professeur au Conservatoire de Montréal, Canada
  • : membre de l'Académie canadienne-française
  • : professeur de littérature canadienne et de littératures postcoloniales à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
  • : professeur agrégé d'histoire de l'art
  • : professeur titulaire à l'université de Montréal, département d'études anglaises
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Andrée DESAUTELS, Roger DUHAMEL, Marta DVORAK, Universalis, Juliette GARRIGUES, Constance NAUBERT-RISER et Philip STRATFORD. CANADA - Arts et culture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

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Autres références

  • DORSÉTIEN, culture

    • Écrit par Yvon CSONKA
    • 70 mots

    Dorsétien est une culture paléoesquimaude dont on retrouve les traces au Groenland et dans l'Arctique canadien à l'est du fleuve McKenzie, entre le ixe siècle avant J.-C, et le xvie siècle de notre ère au plus tard, suivant les régions. Elle est apparue et s'est développée sans apports...

  • PALÉOESQUIMAU

    • Écrit par Yvon CSONKA
    • 68 mots

    Le terme paléoesquimaux désigne toutes les populations préhistoriques établies de la rive sibérienne du détroit de Béring au Groenland, en passant par l'Arctique nord-américain, qui manifestent un mode de vie de type esquimau. Elles ont disparu peu après l'arrivée d'immigrants venus d'...

Voir aussi