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MONTRÉAL

Canada : carte générale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Canada : carte générale

Avec plus de 4 millions d’habitants en 2016, Montréal, située au Québec, est la deuxième métropole du Canada et la quatrième ville francophone dans le monde, mais avec un paysage linguistique diversifié. La ville de Montréal (1,94 million d’habitants) et ses dix-neuf arrondissements entourent le mont Royal, au centre de l’île cernée par la confluence du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais, qui drainent la vaste région des Grands Lacs et une grande partie du Bouclier canadien. Un centre-ville étendu et de forte densité, que jouxtent des quartiers aux ambiances variées, contraste avec l’étalement urbain des couronnes. Depuis le début du xxie siècle, Montréal sort d’une longue stagnation économique et démographique, en partie grâce à l’immigration.

Des origines religieuses à l’expansion d’une économie mercantile

Le navigateur français Jacques Cartier explore l’île et, en montant sur le mont Royal, aperçoit un village d’Iroquois, mais ceux-ci n’occupent plus ces lieux lorsque Samuel de Champlain débarque en Nouvelle-France en 1603. C’est un projet missionnaire qui donne naissance à Ville-Marie, premier nom de la cité en 1642. Les Sulpiciens prennent le relais pour créer une cité catholique idéale. Le premier séminaire de Saint-Sulpice bâti en 1685 existe encore aujourd’hui à l’ombre de la basilique Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal.

Mais la colonie placée sous l’autorité de Louis XIV se tourne très vite vers une entreprise plus lucrative que l’évangélisation, la traite des fourrures, et affronte de ce fait diverses nations autochtones. La Grande Paix de Montréal de 1701 conclue entre le régime colonial et trente-neuf nations autochtones ouvre la voie à l’expansion de la ville et du commerce fondé sur les richesses naturelles de l’arrière-pays.

Montréal, situé à la limite de la navigation maritime entre l’Atlantique et l’intérieur du pays, devient une ville marchande prospère en tant que lieu névralgique pour le transbordement, le commerce et l’exportation de marchandises. Avec la cession de la Nouvelle-France à l’Empire britannique en 1763, l’exportation de bois et de produits agricoles du Haut-Canada vers la Grande-Bretagne prend de l’essor. Au xixe siècle sont réalisés des investissements massifs dans les infrastructures portuaires, l’ouverture du canal de Lachine en 1825 pour contourner les rapides, et la construction de grandes lignes ferroviaires, qui s’accélère après la naissance de la Confédération du Canada en 1867. Ces lignes permettent à Montréal de résister à la concurrence des ports étatsuniens, dont il se distingue par sa localisation à 1 600 kilomètres de la côte atlantique, et facilitent le transport de marchandises, tout en réduisant les coûts, entre l’intérieur du continent et l’Europe. Montréal devient ainsi une des premières villes manufacturières de l’est du continent, sous la houlette d’une élite anglo-protestante. Composée notamment d’Écossais, cette dernière établit ses quartiers sur les flancs du mont Royal dans le Mille Carré (le Golden Square Mile), où triomphe une architecture victorienne, parfois inspirée de celle d’Édimbourg. Elle laisse surtout en héritage des édifices prestigieux tels le Sun Life Building, de grandes institutions, dont l’université McGill ou le musée des Beaux-Arts, et l’aménagement de nombreux espaces verts, ainsi le parc du Mont-Royal.

Toutes ces étapes de développement se font toutefois sans tisser de liens solides avec le reste du vaste territoire du Québec, largement rural, et avec ses habitants francophones et catholiques. Il faudra attendre la « Révolution tranquille » des années 1960 pour voir l’expansion d’une classe moyenne et d’une classe d’affaires francophones, et pour assister au renforcement de la langue française dans le monde du travail et la vie publique.

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Écrit par

  • : professeure titulaire, Institut national de la recherche scientifique, Centre Urbanisation, culture, société, Montréal, Québec (Canada)
  • : professeure honoraire, Institut national de la recherche scientifique, Centre urbanisation, culture et société, Montréal, Québec (Canada)

Classification

Pour citer cet article

Annick GERMAIN et Damaris ROSE. MONTRÉAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Un paysage linguistique contrasté dans la métropole montréalaise - crédits : Encyclopædia Universalis France

Un paysage linguistique contrasté dans la métropole montréalaise

Canada : carte générale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Canada : carte générale

Montréal - crédits : Damaris Rose

Montréal

Autres références

  • CANADA - Histoire et politique

    • Écrit par Michel BRUNET, Universalis, Alain NOËL
    • 19 402 mots
    • 12 médias
    ...communautés religieuses ont grandement contribué à ce développement spectaculaire. Les fondations des Trois-Rivières (1634) et de Ville-Marie (1642), devenue Montréal, ont complété l'occupation du territoire laurentien. Deux faits ont marqué cette période de l'enracinement : en 1635, la fondation par les Jésuites...
  • CANADA, économie

    • Écrit par Serge COULOMBE
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    Montréal est la deuxième agglomération urbaine du Canada avec plus de 4 millions d’habitants en 2016. Elle est le deuxième centre financier du pays avec la Bourse de Montréal, les sièges sociaux du Mouvement Desjardins et de la Banque nationale du Canada et la Caisse de dépôt et placement du Québec....
  • CANADA - Espace et société

    • Écrit par Anne GILBERT
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    ...et London. Chacune accueille son lot d’activités de fabrication, agit comme pôle commercial et exerce son influence sur son arrière-pays. Parmi elles, Montréal se démarque déjà. De fait, elle occupe le premier rang dans la hiérarchie des villes canadiennes jusque dans les années 1960, bénéficiant d’une...
  • CARTIER JACQUES (1491-1557)

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    ...et, en dépit des efforts des Indiens pour l'en dissuader, poursuivit, en barque et avec quelques hommes seulement, son exploration jusqu'à Hochelaga ( Montréal). Bloqué dans sa marche par les rapides de Lachine, il se renseigna le mieux possible sur la géographie du pays et la situation du Saguenay. Rentré...
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