Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BORNOU

Le XIXe siècle

Les xviie et xviiie siècles sont marqués par un affaiblissement de la puissance bornouane. L'activité militaire est réduite : plus de conquêtes, seulement d'épisodiques razzias parmi les populations païennes. Des souverains sans envergure laissent libre cours aux intrigues des courtisans. Les attaques des nomades du Nord (Touaregs, Teda, Daza) se multiplient. C'est un Bornou en pleine décadence qui subit au début du xixe siècle les assauts des Peuls mobilisés dans une guerre sainte ( jihad).

Les guerres peules et la fin de la Sefuwa

Sous la conduite de Usman dan Fodio, les Peuls proclament la jihad. Dès 1805, ceux de la province occidentale se révoltent mais sont maîtrisés. En 1808, conduites par Gwoni Muktar, des troupes peules venues de Sokoto attaquent la capitale, Birni Ngazargamo, qui est mise à sac. Le maï Ahmed (1793-1810) s'enfuit vers l'est ; il est obligé de faire appel à un homme originaire du Kanem, réputé pour sa piété et disposant d'une force armée organisée, le shehu (cheikh) Mohammed el-Amin el-Kanemi, ou shehu Laminu. Ce dernier se met à la tête des troupes bornouanes, reprend Ngazargamo, repousse les forces de Gwoni Muktar qui est tué (1809). Après la dernière offensive peule qui menace l'existence de l'empire bornouan, le maï du Bornou Dunama (1810-1817) consent à laisser à Kanemi une part des revenus de l'empire et transfère sa capitale non loin des rives du lac Tchad, à Birni Kabela. Le shehu construit sa propre capitale, plus au sud, à Kuka (1814). Désormais, le pouvoir effectif est détenu par ce dernier. Lorsque le Kanemi meurt à Kuka, en 1835, son fils Umar lui succède et prend le titre de shehu. Comme son père, il exerce le pouvoir effectif, le maï Ibram (1817-1846) étant cantonné dans un rôle purement honorifique. Profitant de l'éloignement de l'armée du Bornou en campagne contre Zinder, Shérif, sultan du Ouaddaï, fait marche sur Kuka ; il répond à l'appel du maï qui tente d'évincer le trop puissant shehu. Les Bornouans sont battus à Kousseri (9 mars) ; Kuka est détruite. Le shehu s'enfuit vers l'ouest : il fait exécuter Ibram. Shérif s'installe à Ngornu durant près de deux mois, ravage le pays alentour et place Ali, parent d'Ibram, à la tête de l'empire du Bornou, puis quitte le pays. Les partisans d'Ali sont battus par Umar sur la Yo. Ali est tué. Ainsi s'éteint la dynastie Sefuwa.

L'empire des Kanemi

Le long règne d'Umar se prolongera jusqu'en 1880. Puis ses fils deviendront shehu : Bukar (1880-1884) ; Ibram (1884-1885) ; Hachimi (1885-1893). Les institutions politiques se modifient profondément. Le régime aristocratique de l'ancien empire est liquidé. Une certaine méfiance se manifeste à l'encontre des Bornouans. Les charges de l'État sont confiées aux plus capables et aux plus sûrs : esclaves et Arabes apparaissent des instruments dociles dans les mains du souverain. Ainsi, au début du règne de Umar, le premier capitaine, l'esclave fidèle Barka Gana, devient le premier personnage de l'État après le shehu ; le second est Tirab, qui conduit les Arabes à la guerre et en même temps les administre avec le titre de tschima. Enfin le caractère théocratique de l'État se renforce.

L'empire des Kanemi doit cependant affronter de nombreuses difficultés : il réussit mal à contenir la menace des nomades du Nord et à résister à la pression grandissante du Ouaddaï. L'autorité du shehu est d'autre part affaiblie par les intrigues et les rivalités des favoris.

La dynastie n'arrivera pas à résister au choc de l'attaque de Rabah qui, venu de l'est, pénètre au Bornou et fait son entrée à Kuka. Après avoir vaincu les Bornouans et fait exécuter Kiari, fils de Bukar, Rabah s'installe à Dikoa dont il fait sa capitale (mai-juin 1894).[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Martin VERLET. BORNOU [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BAGUIRMI ROYAUME DU

    • Écrit par Alfred FIERRO
    • 386 mots

    La fondation du royaume du Baguirmi entre le lac Tchad et le Chari se situe vers la fin du xvie siècle. Selon la tradition, un groupe de chasseurs kinga, sous la conduite de Birni Mbese ou de Dokkenge, aurait fondé Massenya et obligé les populations de la région à rejeter la domination des Bilala....

  • CAMEROUN

    • Écrit par Maurice ENGUELEGUELE, Universalis, Jean-Claude FROELICH, Roland POURTIER
    • 12 135 mots
    • 6 médias
    Fondé au xve siècle, le royaume du Mandara fut envahi au xvie siècle par les musulmans du Bornou et entra ainsi dans l'histoire ; vers 1715, le Maï Boukar, son vingt-cinquième roi, se convertit à l'islam. Pendant le xviiie siècle, le Mandara se libéra de la suzeraineté du Bornou...
  • HAOUSSA ROYAUMES (XIVe-XVe s.)

    • Écrit par Alfred FIERRO
    • 504 mots

    Quoique obscurcie par la légende, l'histoire des États haoussa, qui occupaient le nord-est du Nigeria actuel, est connue depuis le xiie siècle. Il y aurait eu sept États « légitimes » (Biram, Daoura, Kano, Gobir, Katsena, Rano et Zaria) et sept États « bâtards », pays peut-être...

  • RABAH (1845-1900)

    • Écrit par Alfred FIERRO
    • 296 mots

    Appelé Rabah par les Français, Rabih Fadl Allah ou Rabih Zubair est né en 1845 à Khartoum. Il commence par participer au trafic des esclaves dans le Bahr el-Ghazal, au service de Zubair Rahma Mansour, puis du fils de celui-ci, Suleiman. Lorsque Suleiman est vaincu par les troupes égyptiennes de Gessi...

Voir aussi