Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

‘UMAR ou OMAR SAÏDOU TALL dit EL HADJ ‘UMAR (1797 env.-1864)

Né dans le Fouta-Toro, en pays toucouleur, el Hadj Omar (al-Ḥādjdj ‘Umar) se signale très tôt par son intelligence et par sa ferveur religieuse. À vingt-trois ans, il entreprend le pèlerinage de La Mecque, où il est nommé par ses coreligionnaires calife de la Tidjāniyya pour le Soudan occidental. La confrérie de la Tidjāniyya insiste sur l'adhésion religieuse individuelle, sur les vertus de fraternité et de solidarité, et minimise le rôle des hiérarchies religieuses. Dans une société où les organisations tribales sont en décadence, où la plupart des sectes musulmanes, notamment la Ḳadariyya, maintiennent entre la masse des fidèles et le chef religieux de multiples échelons mystiques quasi infranchissables, la Tidjāniyya apparaît comme révolutionnaire. Le contact entre le croyant et le calife est aisé et direct. Chacun, à l'intérieur de la confrérie, a la possibilité d'accéder, selon son talent, aux plus hautes destinées. Ces aspects nouveaux expliquent à la fois le succès d'el Hadj Omar et l'opposition qu'il rencontre parmi les classes dirigeantes, notamment celle de l'aristocratie islamo-peule du Fouta-Djalon.

En 1848, el Hadj Omar s'établit à Dihguinraye dans le nord-est de la Guinée où se rassemblent des milliers de disciples. Avec leur aide, il s'assure le contrôle des mines d'or du Bouré et du Bidiga et obtient ainsi le moyen d'acheter des armes. Le 6 septembre 1852, la djihād, ou guerre sainte, est proclamée. Partant du pays toucouleur, ses armées submergent le pays malinké. Installé à Nioro, el Hadj Omar tente ensuite de soumettre les royaumes peuls du Fouta-Toro. Il fait le siège de Médine, d'avril à septembre 1857, mais échoue face à la coalition des féodaux peuls et des troupes françaises de Faidherbe. Conscient de la supériorité militaire des Français, el Hadj Omar conclut avec eux un traité, leur abandonnant le Sénégal en aval de Bafoulabé. Il tourne alors ses ambitions vers l'Est, vers la vallée du Niger. Dès janvier 1861, l'empire de Ségou est vaincu, puis occupé. L'année suivante, les Peuls du Macina sont battus, et leur capitale, Hamdalay, est prise. Mais une révolte générale des Peuls contraint el Hadj Omar à chercher refuge chez les Dogons, dans les falaises de Bandiagara, où il meurt, très probablement victime d'une explosion des réserves de poudre.

— Alfred FIERRO

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale

Classification

Pour citer cet article

Alfred FIERRO. ‘UMAR ou OMAR SAÏDOU TALL dit EL HADJ ‘UMAR (1797 env.-1864) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MALI

    • Écrit par Pierre BOILLEY, François BOST, Denia CHEBLI, Christian COULON, Universalis
    • 9 748 mots
    • 12 médias
    Un peu plus tard, un autre chef religieux originaire du Fouta Toro sénégalais, El Hadj Omar Tall (1797-1864), khalife de la confrérie Tijaniyya, se lança à son tour dans une guerre sainte pour établir l'hégémonie de l' islam au Soudan. Après avoir soumis les royaumes de Kaarta et...
  • PEULS, FULBE ou FULANIS

    • Écrit par Pierre Francis LACROIX
    • 2 315 mots
    • 2 médias
    ...guerres saintes » menées à l'appel de personnages religieux, Karamoko Alfa en Guinée, Ousmân Foduye (Osman dan Fodio) au Nigeria, Sêkou Ahmadou et El Hadj Omar au Mali, contre les suzerains musulmans déclarés « infidèles » ou des chefs et des populations non peuls (voire parfois peuls) demeurés animistes....

Voir aussi