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BIODIVERSITÉ

Conservation et gestion de la biodiversité

La prise de conscience de la dégradation généralisée des milieux naturels et de la perte accélérée de la biodiversité à l’échelle planétaire a tout d’abord été concrétisée, en 1948, par la création de l’Union internationale pour la protection de la nature (UIPN). Celle-ci est renommée, en 1956, Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ensuite, la Convention sur la diversité biologique (CDB) de l’ONU, traité international juridiquement contraignant, est ratifiée en 1992 lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro ; ses objectifs sont la conservation de la diversité biologique, l'utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l'exploitation des ressources génétiques.

Cette prise de conscience et les discussions au sein de ces instances intergouvernementales ont fait émerger dans les années 1980 une nouvelle discipline scientifique : la biologie de la conservation. Celle-ci vise à stopper la perte de biodiversité d’origine anthropique, à la fois en préservant les milieux encore peu touchés, en restaurant les milieux dégradés et en réhabilitant des milieux détruits. Ses objectifs sont intimement liés à ceux du développement durable. Au-delà des considérations éthiques et philosophiques liant l’être humain aux autres espèces avec lesquelles il partage la planète Terre, c’est aussi la prise de conscience des conséquences de la perte de biodiversité et de la dégradation des écosystèmes naturels pour les populations humaines qui a suscité l’essor de cette discipline. La biologie de la conservation se fonde sur de nombreuses disciplines scientifiques telles que l’écologie, la biologie des populations, l’évolution, la phylogénie, la génétique, la taxonomie ; mais aussi, de plus en plus, la sociologie, l’anthropologie, le droit, l’éthique, l’économie, la géographie et les sciences politiques pour définir des pratiques de conservation qui soient efficaces sur le long terme. Science interdisciplinaire dont les objets d’études se situent à toutes les échelles spatiales, du très local et très spécifique au planétaire et global, elle fournit des expertises et formule des recommandations pour les gestionnaires de milieux – que ces derniers soient naturels ou anthropisés – et les décideurs publics.

Les mesures de sauvegarde de la biodiversité sont nombreuses et toujours dépendantes du contexte socio-écologique local. Les premières à être mises en place ont été la création d’espaces naturels protégés. Le parc national de Yellowstone, aux États-Unis, est considéré comme le premier de tous, créé en 1872. Rappelons toutefois qu’une protection de même statut sur la vallée du Yosemite et les séquoias géants de Mariposa Grove en Californie date de 1864. En France, à la suite d’une loi votée en 1960, le premier parc national créé est celui de la Vanoise (1963). D’abord terrestres, ces espaces protégés ont ensuite été étendus au domaine marin et ont pris des formes juridiques multiples. En France, on compte une vingtaine de types d’espaces protégés différents : réserves naturelles, parcs naturels nationaux et régionaux, réserves de biosphère, sites Natura 2000, zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF)… À l’échelle mondiale, près de 17 % des surfaces émergées et 7,7 % seulement des océans sont protégés.

Depuis 2009, d’autres types de mesures ont vu le jour, visant à relier ces espaces protégés entre eux afin que les populations puissent circuler et accomplir leur cycle de vie dans des conditions favorables, et également suivre le déplacement du climat. Il s’agit de la trame verte et bleue (TVB) – verte pour les milieux naturels et semi-naturels, bleue pour les réseaux aquatiques et humides –, qui se déploie en Europe. D’autres[...]

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Écrit par

  • : directrice de recherche au CNRS, centre d'écologie fonctionnelle et évolutive, Montpellier
  • : directrice de recherche de classe exceptionnelle CNRS, Laboratoire d'écologie alpine, Grenoble

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Pour citer cet article

Isabelle CHUINE et Sandra LAVOREL. BIODIVERSITÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Une représentation des pinsons de Darwin - crédits : Encyclopædia Universalis France

Une représentation des pinsons de Darwin

Courbes de réponse de performances physiologiques d’organismes à la température - crédits : Encyclopædia Universalis France

Courbes de réponse de performances physiologiques d’organismes à la température

Productivité des forêts - crédits : Encyclopædia Universalis France

Productivité des forêts

Autres références

  • BIODIVERSITÉ URBAINE

    • Écrit par Philippe CLERGEAU
    • 2 378 mots

    Sous le poids d'un désir citadin de plus en plus fort de nature dans la ville et d'un hygiénisme constant, la ville a évolué très rapidement, en un siècle, pour proposer aujourd'hui des parcs plus « naturels » et demain des corridors écologiques. Certaines espèces disparaissent sous les effets de l'urbanisation,...

  • COP 15 SUR LA BIODIVERSITÉ

    • Écrit par Denis COUVET, Hélène SOUBELET
    • 2 863 mots
    • 3 médias

    La quinzième conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (dite COP 15 – Conference of the Parties), initialement prévue en 2020 en Chine (dans la ville de Kunming) et reportée à plusieurs reprises en raison de la pandémie de Covid-19, s’est finalement tenue au palais des...

  • AGENCE FRANÇAISE POUR LA BIODIVERSITÉ

    • Écrit par Denis COUVET
    • 1 558 mots
    • 1 média
    La biodiversité se caractérise d’abord par sa diversité biologique, qui comprend la diversité des espèces (animales, végétales et microbiennes), de leurs interactions, la diversité des gènes et celle des écosystèmes. Mais la biodiversité englobe aussi les fonctions écologiques nécessaires au fonctionnement...
  • AGRICULTURE BIOLOGIQUE

    • Écrit par Céline CRESSON, Claire LAMINE, Servane PENVERN
    • 7 882 mots
    • 6 médias
    ...application en 2021, on note l’émergence ou le renforcement de notions comme celles de services environnementaux ou écosystémiques, reconnaissant ainsi la biodiversité non pas seulement comme une composante à préserver mais aussi comme un facteur de production utile à l’agriculture biologique. Sont également...
  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
    • 8 médias
    ...n’était pas le cas. Dans ce pacte, il est précisé, entre autres, que les villes ont un rôle crucial à jouer dans la promotion de systèmes alimentaires sains et durables, dans le développement des relations entre citadins et ruraux ainsi que dans la protection de l’environnement et de la biodiversité.
  • AMAZONIE

    • Écrit par Martine DROULERS
    • 3 273 mots
    • 6 médias
    Avec 15 à 20 p. 100 du total des espèces de la terre, l'Amérique du Sud tropicale est une des régions de la planète les plus riches en biodiversité, notamment pour la flore. Six pays amazoniens figurent parmi les douze pays les plus riches en diversité biologique. La Colombie est au premier rang mondial...
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Voir aussi