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LEFORT BERNARD (1922-1999)

Après avoir commencé une carrière de baryton interrompue par la maladie, Bernard Lefort a occupé plusieurs fonctions importantes à la tête de grands théâtres lyriques français, notamment l'Opéra de Paris, dont il fut administrateur général.

Né à Paris le 29 juillet 1922, il entreprend des études juridiques et de sciences politiques, tout en travaillant le chant et l'art lyrique au Conservatoire. Pendant l'Occupation, il fait ses débuts avec une série de récitals de mélodies donnée à la salle Gaveau, à Paris. Après la Seconde Guerre mondiale, il opte définitivement pour le chant et travaille à Milan avec Aureliano Pertile, à Berlin avec Hermann Weissenborn, et à Vienne avec Elisabeth Rado. Il se spécialise dans l'interprétation de la mélodie française du xxe siècle ; Germaine Tailleferre composera à son intention son Concerto des vaines paroles, pour baryton et orchestre (1956). En 1953, il chante une saison à l'Opéra de Lucerne, en particulier dans Don Giovanni ; il paraît régulièrement au Châtelet dans des opérettes et est invité au Palais Garnier (Don Giovanni et Macbeth).

À la fin des années 1950, à la suite d'une maladie, Bernard Lefort met fin à sa carrière de chanteur et devient imprésario. Il fait partie de l'équipe dirigeante du festival de Lausanne, puis prend la direction de l'Opéra de Marseille (1965-1968), où il inscrit au répertoire des ouvrages de bel canto alors rarement joués – comme Lucrezia Borgia de Gaetano Donizetti ou La Gioconda d'Amilcare Ponchielli –, en fait un lieu de premières en France et en français – Le Tour d'écrou de Benjamin Britten (1965), L'Affaire Makropoulos de Leoš Janáček (1968) – et assure en 1965 la création mondiale de Sud, de Kenton Coe, d'après Julien Green.

On le retrouve pendant quelque temps à la tête du festival d'Automne, à Paris, puis de celui de Royaumont. Entre 1969 et 1978, il est conseiller musical du Théâtre de la Ville et partage avec Daniel-Lesur l'intérim à la direction de l'Opéra de Paris (1971-1972), avant l'arrivée de Rolf Liebermann. Il succède alors à Gabriel Dussurget à la tête du festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence (1973-1980), où sa direction est accueillie avec un certain scepticisme par un public habitué au faste des tenues de soirées. Pourtant, il parvient à transformer le style général du festival en lui donnant une image plus médiatique et plus populaire, tout en poursuivant la politique de Dussurget, à la recherche de nouveaux talents vocaux. Certaines productions aixoises de cette époque demeurent parmi les grands moments de l'art lyrique – Tancrède de Rossini, avec Montserrat Caballé et Marilyn Horne, La Traviata avec Sylvia Sass – et Bernard Lefort est l'un des premiers à ouvrir le festival au répertoire baroque. Après le départ de Rolf Liebermann, il retrouve le poste d'administrateur général de l'Opéra de Paris en 1980, mais son caractère intransigeant et passionné convient mal à une fonction qui réclame les plus hauts talents en matière de diplomatie. Avant même la fin de son mandat, il démissionne en 1982, après plusieurs conflits avec les syndicats.

Il se tourne alors vers l'enseignement du chant, notamment au Mannes College of Music de New York et à l'Academy of Vocal Art de Philadelphie. Il avait fait ses débuts de metteur en scène en 1965 avec Hérodiade de Massenet ; en 1986, il signe une nouvelle production de Mireille de Gounod à la Juilliard School of Music de New York. Il se fixe ensuite à Lausanne et ouvre un bureau d'agent artistique. Loin des responsabilités de la vie des théâtres lyriques et tombé dans un isolement de plus en plus accentué par son caractère difficile, il tente à plusieurs reprises de mettre fin à ses jours. Il est retrouvé mort à Paris le 19 janvier 1999.[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. LEFORT BERNARD (1922-1999) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FESTIVALS

    • Écrit par Jean-Michel BRÈQUE, Matthieu CHÉREAU, Jean CHOLLET, Philippe DULAC, Universalis, Christian MERLIN, Nicole QUENTIN-MAURER
    • 17 192 mots
    • 20 médias
    ...Après une interruption d'un an, les efforts conjugués de la Ville et de l'État, qui ont écarté le Casino, relancent le festival avec à sa tête l'ex-baryton Bernard Lefort. Cette nouvelle ère de huit saisons (1974-1981) sera à certains égards celle du bel canto. Rolf Liebermann remontant alors à l'...