PAIEMENTS BALANCE DES

Pour un pays donné, une balance des paiements retrace l'ensemble des transactions entre résidents et non-résidents (le « reste du monde »). On considère comme résidents les personnes physiques qui ont une activité économique dans un pays depuis plus d'un an, et les entreprises dès qu'elles sont représentées dans cette économie nationale. Comme les transactions avec les non-résidents se font généralement en devises (monnaies acceptées par tous), on peut assimiler la balance des paiements à un document qui retrace les entrées et les sorties de devises dans une économie.

La logique d'ensemble de la balance des paiements

Un exemple simple de balance des paiements

Balance des paiements : exemple - crédits : Encyclopædia Universalis France

Balance des paiements : exemple

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Supposons une économie dont les seules transactions avec le reste du monde pendant une période donnée sont des importations (pour un montant de 120 dans l'unité monétaire du pays) et des exportations (100), un emprunt (80) et le remboursement du capital emprunté antérieurement [amortissement au sens financier] (70). La balance des paiements de cette économie se présentera selon l'exemple du tableau 1.

Le montant des ressources est égal à celui des emplois, puisque toutes les devises « reçues » (y compris celles qui ont été tirées des réserves) ont été utilisées à quelque chose (y compris celles qui ont été placées en réserves). Ici, le montant des exportations et des emprunts n'étant pas suffisant pour couvrir les emplois, il a fallu puiser dans les réserves pour payer les non-résidents ; c'est pourquoi la variation des réserves figure en ressources.

Les informations livrées par la balance des paiements

La première information que nous livre cette balance des paiements est donc que les réserves diminuent ; ce qui revient à dire que la balance globale (le solde de toutes les opérations sauf la variation des réserves) est négative (— 10). Si cette économie dispose d'une réserve de devises importante, cette situation peut durer un certain temps. Si les réserves s'épuisent, il faudra modifier le taux de change (s'il est fixé par les autorités) car la banque centrale ne pourra plus fournir de devises au taux officiel. Si les taux de change sont flexibles, on assistera à une dépréciation du taux de change, car les devises deviendront plus rares sur le marché des changes.

Lorsqu'on a constaté que les réserves augmentent ou diminuent, la lecture de la balance des paiements sert à en déterminer les causes. Pour cela, on distingue les opérations non financières des opérations financières (celles qui font varier les actifs, créances ou dettes). Dans l'exemple, le solde des opérations non financières (la balance « courante », qui est aussi dans cet exemple simplifié la balance commerciale) est un déficit de 20 (exportations moins importations), alors que le financement net (les ressources au niveau des opérations financières moins les emplois) est égal à + 20. Le financement net est nécessairement égal (et de signe contraire) au solde de la balance courante, puisque les montants des ressources et celui des emplois sont égaux. Le financement net mesure la variation de l'endettement de l'économie durant la période considérée (en considérant les réserves comme un « avoir » sur les autres économies).

Lectures et diagnostics

La lecture de la balance des paiements sert à proposer un diagnostic. Le but visé n'est pas évident : qu'est-ce qu'une bonne situation de la balance des paiements ? Accumuler des excédents protège contre les risques liés aux reflux brutaux des capitaux, qui peuvent enclencher une dévaluation ou une brutale modification du taux de change. Mais, en général, les réserves de change sont placées dans des emplois stériles (or) ou faiblement risqués, donc peu rémunérateurs. Il est de ce fait difficile de considérer l'excédent de la balance des paiements comme un objectif en soi. Inversement, pourtant, l'équilibre de la balance des paiements sur le long terme apparaît comme souhaitable. En régime de taux de change fixe, la banque centrale doit disposer de réserves en devises pour faire face aux demandes de conversion de la monnaie nationale. En régime de taux de change flexible, il n'est plus nécessaire en théorie de détenir des réserves, si l'on accepte que le taux de change varie librement. Néanmoins, il est possible que le taux de change ne se situe pas tout le temps à son niveau d'équilibre (notamment en cas de « surréaction », si les flux financiers s'ajustent plus rapidement que les flux de biens et services). De plus, l'instabilité liée aux variations de taux de change peut être considérée comme nuisible en soi.

Il existe plusieurs façons de « lire » les balances des paiements. Traditionnellement, on parle d'un déficit de la balance courante (biens, services, revenus et transferts) financé par un emprunt net (emprunt moins amortissement) et par la variation des réserves. On suggère ainsi que le pays a emprunté pour trouver les devises nécessaires à combler son déficit « réel ».

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Toutefois, il est possible que le pays ait emprunté à l'étranger et qu'il en résulte un déséquilibre « réel » (de la balance courante). Les sommes empruntées permettent au pays de dépenser plus, ce qui augmente les importations. Dans les pays en développement, par exemple, les emprunts effectués pour investir entraînent des importations de biens d'équipement. La difficulté résulte de l'existence de liaisons entre les différents postes. Par ailleurs, l'accent mis sur la partie financière de la balance peut conduire à passer de l'optique traditionnelle en termes de flux à une optique en termes d'encours. En effet, une grande partie des flux financiers actuels résulte de réallocations au sein des portefeuilles des grands investisseurs internationaux (fonds de pension, fonds spéculatifs, fonds souverains, etc.). Les mouvements de capitaux observés résultent alors de la modification des arbitrages de ces investisseurs entre risque et rentabilité, plutôt que de flux annuels comme l'épargne.

Une troisième interprétation est possible, qui fait le lien entre déséquilibres internes et déséquilibres externes. On sait, en effet, que l'équilibre ressources-emplois en biens et services dans une économie ouverte peut s'écrire (en notant Y le P.I.B., M les importations, C la consommation, S l’épargne, I l'investissement et X les exportations) :

Y + M = C + I + X.

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En réorganisant, on obtient :

Y – C – I = S – I =X – M

À gauche apparaît ainsi le besoin de financement de la nation (l'épargne moins l'investissement) et à droite le déficit de la balance des biens et services (de la balance courante si l'on remplace le P.I.B. par le revenu national disponible brut). Ainsi, le déficit de la balance courante peut être attribué à un « manque » d'épargne – compensé par un apport qui permet aux résidents d'acheter à l'extérieur un montant supérieur à celui des recettes d'exportations. Si l'on sépare dans la partie gauche ce qui relève respectivement du secteur public et du secteur privé, il apparaît alors que le déficit de la balance courante peut être lié à un « manque » d'épargne publique, non compensé par l'épargne privée. On parle alors de « déficit jumeaux » – mais cela suppose que l'épargne privée soit positive.

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Enfin, le F.M.I. privilégie l'approche monétaire de la balance des paiements, suivant laquelle tout déséquilibre de la balance des paiements reflète une création monétaire excessive. C'est pourquoi le F.M.I. préconise généralement, en cas de crise de balance des paiements, la réduction de la création monétaire, en faisant pression sur le financement monétaire du déficit public.

Le cas particulier des devises clés

L'objectif des analyses précédentes est de déterminer les raisons pour lesquelles une économie accumule ou non des moyens de paiements acceptés par les non-résidents, de manière à pouvoir continuer à effectuer des importations, le paiement du service de la dette extérieure, etc. Ces analyses ne sont donc pas pertinentes au sein d'une zone monétaire ou pour une économie qui est en mesure d'émettre une monnaie universellement acceptée, autrement dit dont la monnaie est une devise clé acceptée et conservée par les non-résidents. Dans la zone euro, par exemple, l'important est la balance de la zone euro prise globalement. Les balances nationales ne peuvent que servir à déterminer la « contribution » de chaque économie nationale à l'accumulation ou à la diminution des réserves de la Banque centrale européenne (B.C.E.). Mais pour cela, il faudrait considérer les balances des paiements entre chaque pays et l'extérieur de la zone euro plutôt que la balance des paiements complète de chaque pays.

Il faut enfin souligner le cas particulier des États-Unis qui émettent une monnaie « internationale ». Dans ce cas, un déficit de la balance des paiements n'est préoccupant que si les non-résidents finissent par renoncer à détenir des montants de dollars de plus en plus élevés.

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Paris-Dauphine

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Médias

Balance des paiements : exemple - crédits : Encyclopædia Universalis France

Balance des paiements : exemple

Balances et sous-balances des paiements - crédits : Encyclopædia Universalis France

Balances et sous-balances des paiements

Autres références

  • AN ENQUIRY INTO THE NATURE AND EFFECTS OF THE PAPER CREDIT OF GREAT BRITAIN, Henry Thornton - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 1 032 mots
    ...or est suspendue, un déficit de la balance des paiements provoque une baisse sensible du taux de change qui fait monter le prix de marché de l'or. Il aborde alors la question des origines du déficit de la balance des paiements et soutient que celui-ci peut provenir aussi bien de causes réelles (mauvaises...
  • ARGENTINE

    • Écrit par , , , , , , , et
    • 38 895 mots
    • 19 médias
    ...autant. Le pouvoir d'achat démesuré des Argentins est un puissant frein à l'industrialisation, car il devient moins onéreux d'importer que de produire. Il en résulte un profond déséquilibre de la balance commerciale, obligeant l'État, via la Banque nationale, à acheter massivement sa propre monnaie afin...
  • CHANGE - Les théories du change

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    L'approche traditionnelle du taux de change par la balance des paiements conçoit le taux de change avant tout comme une variable d'ajustement, permettant d'atteindre l'équilibre externe. Dans les versions les plus simples de cette approche, le taux de change réel – défini comme le rapport du taux de...
  • CHANGE - Les régimes de change

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    Le déroulement de la crise du S.M.E. est riche d'enseignements que l'on retrouve dans le modèle théorique dit de « crise des balances des paiements » :
  • Afficher les 20 références

Voir aussi