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BĀDĀMI

Installés au sud-ouest du Deccan, les Chālukya de Bādāmi (ou premiers Chālukya) constituent, du milieu du vie siècle au milieu du viiie, une des grandes puissances de l'Inde. Leurs conflits fréquents avec les États du Nord et surtout du Sud (les Pallava de Kāñcīpuram) s'accompagnent d'un intense brassage culturel, particulièrement sensible dans le domaine de l'architecture : leurs monuments sont aussi remarquables par leur originalité que par les références divergentes qu'ils suggèrent. La vallée de la Malaprabha (petit affluent de la Krishna), dans l'État actuel du Karnāṭaka, constitue le cœur du domaine Chālukya : c'est là que se concentrent les principaux sites (Bādāmi, Aihole, Paṭṭadakal, Mahākūṭa...), à l'exception d'Alampur (situé à 250 km à l'est, en Andhra Pradesh).

Bādāmi (ancien Vātāpi), choisi comme capitale par le fondateur de la dynastie, Pulakeçin Ier (env. 543-566), sans doute pour son site stratégique – un vallon étroit encadré par deux falaises –, est occupé par les Pallava en 642 ; libérée en 654, la ville perd son rang, peut-être au profit de Paṭṭadakal où se multiplient les monuments : l'un d'eux, le temple de Virupakṣa, porte la marque d'artisans ramenés du royaume Pallava après une expédition guerrière.

Les cavernes

La production monumentale de Bādāmi, pour remarquable qu'elle soit, n'est qu'un des aspects du style Chālukya qui ne peut être saisi dans sa totalité qu'en y adjoignant celle des sites de Nagaral, Mahākuteçvar, Aihole et Paṭṭadakal.

Cet art, dans son ensemble, bien que se développant au lieu de rencontre des styles du Nord et du Sud, parvint, tant dans le domaine de l'architecture que dans celui de la sculpture, à élaborer des formes qui lui sont propres et qui constituent une des plus attachantes manifestations de l'art indien.

Bādāmi a été rendu célèbre surtout par ses quatre temples-cavernes creusés dans les escarpements des falaises du Sud-Est qui, surplombant le bassin aux eaux bleues, s'ouvrent vers le nord-ouest.

Là, leur faisant face, la masse rouge du temple Malegitti-Çivālaya se dresse en proue sur un éperon rocheux qui commande l'accès de l'antique fort du Nord, à l'intérieur duquel s'abrite un autre temple partiellement ruiné.

Enfin, tout en bas, à l'arrière du lac et donc sur la berge opposée au village, se dresse un groupe de temples : le Bhutanātha, appartenant à une période plus avancée que les édifices déjà mentionnés.

Des quatre cavernes, les trois premières qui sont les plus anciens monuments de ce site, appartiennent au culte brahmanique, la première étant civaïte et les deux autres vishnouites, tandis que la quatrième, plus tardive, est consacrée au culte jaïn.

Grâce à une inscription datée de 500 de l'ère saka (soit 578 apr. J.-C.) qui attribue la fondation de la troisième de ces cavernes, où elle était gravée, à la piété du roi Kirtivarman Ier, il devient possible de fixer une date limite à cette caverne, les deux autres pouvant lui être de peu postérieures.

De belles proportions, les cavernes de Bādāmi sont établies sur un plan très simple composé d'une grande salle hypostyle, sans cellules sur le pourtour, mais comportant au fond, dans l'axe de l'entrée, une très petite cella (garbhagriha) destinée à abriter la divinité et, en avant, une véranda supportée par une double rangée de colonnes.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
  • : chargée de mission au musée Guimet, ingénieur de recherche au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Bruno DAGENS et Odette VIENNOT. BĀDĀMI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AIHOLE

    • Écrit par Bruno DAGENS, Anne-Marie LOTH
    • 863 mots

    Situé dans l'État du Karnataka à une trentaine de kilomètres de Bādāmi, Aihole est un des centres de l'art des Chālukya de Bādāmi (milieu du vie-milieu du viiie siècle environ), probablement celui où se sentent le mieux la diversité de cet art, l'originalité de ses partis architecturaux...

  • INDE (Arts et culture) - L'art

    • Écrit par Raïssa BRÉGEAT, Marie-Thérèse de MALLMANN, Rita RÉGNIER
    • 49 040 mots
    • 67 médias
    Sensiblement plus au sud, dans l'actuel Karṇāṭaka, il existe une autre série de monuments rupestres, due au patronage des Cālukya de Bādāmi, une dynastie dont l'histoire est connue dans ses grandes lignes entre 543 (fortification de la capitale) et environ 740 (défaite face aux Rāṣṭrakūṭa). Des...

Voir aussi