Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

WEISMANN AUGUST (1834-1914)

August Weismann - crédits : Bettmann/ Getty Images

August Weismann

Friedrich Leopold August Weismann, plus connu sous le nom d'August Weismann, fut un médecin allemand à l'origine de la distinction entre le soma (le corps) et le germen (les cellules de la lignée germinale à l'origine des cellules sexuelles). Les cellules germinales sont les seules à transmettre l'identité génétique d'un sujet à sa descendance. Elles sont donc responsables de l'hérédité. Les cellules somatiques, quant à elles, constituent l'organisme, assurant sa vie et la mécanique de la transmission génétique. Cette distinction fondamentale a été formulée pour la première fois lors d'une conférence en 1883, puis a été développée et publiée en 1892 (Das Keimplasma. Eine Theorie der Vererbung, traduction anglaise Germ Plasm : a Theory of Heredity, 1915). Elle a fourni l'explication de la transmission de l'information génétique qui manquait à la théorie de l'évolution et a permis l'essor de la génétique.

August Weismann naît le 17 janvier 1834 à Francfort-sur-le-Main, dans une famille de la petite-bourgeoisie, son père est professeur de lettres. Bien qu'attiré par les sciences naturelles, il étudie la médecine à Göttingen pour s'assurer un avenir professionnel. Il exerce la médecine à Rostock, à Giessen puis à Francfort. Il intègre l'institut zoologique de Fribourg-en-Brisgau en 1863 comme chercheur puis en devient directeur. Il ne quittera plus cette institution. Il meurt le 5 novembre 1914 à Fribourg-en-Brisgau.

L'essentiel de son activité scientifique vise à fournir une base expérimentale et matérielle à la théorie de l'évolution de Charles Darwin. Il n'existe en effet à l'époque aucune théorie solide expliquant comment les caractères héréditaires sont transmis. Bien que, à l'origine, convaincu de la transmission des caractères acquis, Weismann s'acharne, à partir de 1882, à démontrer que cette théorie ne tient pas devant les données qui s'accumulent. Pour cela, il mène plusieurs expériences dont celle qui a consisté à sectionner la queue de soixante-huit souris et à répéter cette opération sur cinq générations. Le caractère acquis n'est pas transmis puisque les individus issus de ces souris mutilées naissent avec leur queue.

Weismann a effectué une analyse approfondie de la littérature scientifique. Ses travaux ont démontré la nécessité de dissocier le plasma germinatif, transmis par les cellules de la lignée germinale, du plasma somatique, qui est celui des autres cellules qui se différencient pour former le corps des organismes. La ségrégation précoce des cellules de la lignée germinale, qui portent le plasma du même nom, rend celui-ci insensible aux effets de l'environnement de l'adulte qui produit les gamètes. Weismann ruine ainsi la théorie de l'hérédité des caractères acquis : une modification du corps, comme l'usage d'un organe (exemple du cou de la girafe qui s'allongeait, au fil des générations, selon Lamarck, pour permettre à l'animal de brouter les feuilles des branches hautes), n'a pas d'effet sur les cellules sexuelles de l'animal ou de la plante, et ne peut pas être transmise à la descendance. La théorie du plasma germinatif de Weismann ne cessera pas d'être développée et vérifiée depuis lors. Permettant le renouveau de la génétique, elle sera finalement étayée par les études sur l'hérédité chromosomique à partir de 1907. Weismann continuera ses recherches jusqu'à la fin de sa vie.

Les travaux de Weismann ont suscité de vifs débats avant d'être acceptés par la communauté scientifique. En particulier, ils provoquèrent une scission violente de l'école française de biologie. Celle-ci, inspirée par le zoologiste et parasitologue Alfred Giard, resta majoritairement adepte de l'hérédité des caractères acquis et[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Gabriel GACHELIN. WEISMANN AUGUST (1834-1914) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

August Weismann - crédits : Bettmann/ Getty Images

August Weismann

Autres références

  • DARWINISME

    • Écrit par Dominique GUILLO, Thierry HOQUET
    • 5 497 mots
    August Weismann (1834-1914) souligne également ce qu'il appelle « la toute-puissance (Allmacht) » de la sélection naturelle. Il distingue les modifications qui affectent les cellules germinales (ovocytes et spermatozoïdes) et celles qui affectent les autres cellules de l'organisme individuel...
  • ÉVOLUTION

    • Écrit par Armand de RICQLÈS, Stéphane SCHMITT
    • 15 123 mots
    • 10 médias
    En premier lieu, les travaux de l'Allemand August Weismann (1834-1914), dans les années 1880, ouvrirent des perspectives nouvelles au darwinisme en le débarrassant définitivement de l'hérédité des caractères acquis. Weismann établit en effet que la transmission des caractères d'une génération à la suivante...
  • GÈNES, biologie

    • Écrit par Pierre SONIGO
    • 1 386 mots
    ...les débarrassant de toute référence à un préformationnisme obsolète. Pour De Vries, l'individu n'est que l'agrandissement de sa collection de pangènes. Or cette vision est incompatible avec la distinction, introduite par August Weismann en 1886, entre lignées cellulaires germinale et somatique : la première...
  • LAMARCK JEAN-BAPTISTE DE MONET chevalier DE (1744-1829)

    • Écrit par Charles BOCQUET, Pietro CORSI
    • 3 178 mots
    • 1 média
    Cette réaction contre le « darwinisme » ne se manifesta avec rigueur qu'après la publication des ouvrages du biologiste allemand August Weismann. Elle a abouti à la création du terme « lamarckisme ». À partir de 1883, Weismann essaya de démontrer – contre les lamarckiens mais aussi contre Darwin...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi