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ASTROCHIMIE

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques

Ces processus sont d'autant plus nécessaires qu'une classe importante de molécules interstellaires, celle des PAH, n'a pas encore complètement trouvé sa place dans les réseaux de chimie. Les PAH sont des molécules fascinantes : chacune de ces molécules contient typiquement de 20 à 100 atomes de carbone, et l'on pense qu'ensemble elles recèlent de 10 à 20 p. 100 du carbone cosmique. Pourtant, aucune n'a jamais été spécifiquement identifiée. C'est pour expliquer la présence de bandes caractéristiques dans le spectre infrarouge de nombreuses nébuleuses que les astronomes ont en effet imaginé dans les années 1980 l'existence de molécules géantes, planes, constituées de nombreux cycles benzéniques accolés (cf. figure). La réalité de ces espèces d'un genre nouveau est quasi assurée aujourd'hui. Cependant, les astronomes n'ont pas encore réussi à identifier une molécule en particulier, car les bandes observées, si elles sont bien typiques de composés organiques, sont peu spécifiques. Grâce au satellite I.S.O., une chose est sûre en tout cas : ces hydrocarbures géants sont présents partout dans l'Univers. Inévitablement, ils ont un lien avec les chaînes carbonées et les petits cycles carbonés. C'est dans les atmosphères d'une certaine classe d'étoiles que ce lien est le plus évident. En effet, dans les dernières phases de leur évolution, certaines étoiles se transforment en de formidables réacteurs chimiques où l'on observe PAH et petits hydrocarbures. C'est là, pense-t-on, que les poussières carbonées sont synthétisées. Et c'est aussi dans l'atmosphère d'une de ces usines à suies, baptisée CRL 618, qu'a été découverte en 2001 la molécule de benzène, un véritable « chaînon manquant » pour l'astrochimiste entre PAH et chaînes carbonées. Du fait de leur grande surface cumulée, les molécules géantes ont un impact important sur l'évolution du gaz. Interagissant facilement avec les porteurs de charges (électrons ou ions), elles participent à la chimie. Par ailleurs, elles jouent un rôle très important dans le bilan énergétique du milieu interstellaire en absorbant le rayonnement ultraviolet des étoiles. Une grande partie de celui-ci est réémis dans l'infrarouge, tandis qu'une petite fraction ionise la molécule géante par effet photoélectrique. Les électrons libérés transmettent rapidement leur énergie au gaz par des collisions successives avec les atomes et molécules et, ainsi, le réchauffent. À la frontière entre deux mondes, les hydrocarbures aromatiques polycycliques se comportent tantôt comme des molécules, tantôt comme des solides.

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Écrit par

  • : journaliste scientifique
  • : chercheur au Laboratoire d'étude du rayonnement et de la matière en astrophysique (L.E.R.M.A.), C.N.R.S., Observatoire de Paris, École normale supérieure et université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

David FOSSÉ et Maryvonne GERIN. ASTROCHIMIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Milieu interstellaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Milieu interstellaire

Formes carbonées existant probablement dans l'espace interstellaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Formes carbonées existant probablement dans l'espace interstellaire

Molécules du milieu interstellaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Molécules du milieu interstellaire

Autres références

  • ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array)

    • Écrit par Pierre LÉNA
    • 2 129 mots
    • 5 médias
    La chimie interstellaire est pratiquement née avec la radioastronomie millimétrique dans les années 1980. Avec A.L.M.A., elle entre dans une nouvelle phase, puisque des molécules peuvent être détectées dans tous les types d'objets, en particulier à très grande distance. La complexité des échanges physico-chimiques,...
  • COMÈTES

    • Écrit par Myriam DÉTRUY
    • 4 347 mots
    • 7 médias
    Les comètes s'étant formées dans des environnements froids, à des températures inférieures à –170 0C, elles ont subi peu de modifications chimiques, sauf à leur surface si elles ont été bombardées par des rayons ultraviolets ou des protons cosmiques. Les plus gros objets ont peut-être...
  • ÉTOILES

    • Écrit par André BOISCHOT, Jean-Pierre CHIÈZE
    • 13 456 mots
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    La formation des molécules dans un nuage peut conduire à sa fragmentation. Les molécules ne peuvent se former que lorsque la densité, à la suite de la contraction globale du nuage, a atteint une valeur suffisamment élevée (plusieurs atomes par mètre cube). La formation de molécules comme H...
  • INTERSTELLAIRE MILIEU

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 3 696 mots
    • 4 médias
    ...peu ou pas d'hydrogène atomique (détectable par la raie à 21 cm), mais il n'est malheureusement observable que dans des circonstances exceptionnelles. Contrairement à la plupart des autres molécules, celles d'hydrogène ne peuvent se former à partir des atomes d'hydrogène que par catalyse sur les grains....
  • Afficher les 7 références

Voir aussi