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ARCHÉOBACTÉRIES ou ARCHÉES

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Diversité des archées

Les méthanogènes

Les archées méthanogènes sont les premières à avoir été identifiées en tant que telles par Carl Woese. Ce sont des anaérobies strictes qui utilisent le dioxyde de carbone ou d'autres composés organiques simples, et l'hydrogène, pour produire du méthane, un processus appelé méthanogenèse. Ce métabolisme, qui semble fait sur mesure pour l'atmosphère terrestre primitive, explique le choix initial fait par Carl Woese du terme archéobactérie. La méthanogenèse est en fait un mécanisme très complexe qui met en jeu des coenzymes spécifiques et qui n'existe que chez les archées. Les archées méthanogènes sont présentes dans tous les biotopes anaérobies (marécages, rizières, intestins des animaux, sources hydrothermales terrestres et sous-marines) et peuvent vivre dans toute la gamme de température compatible avec la vie, de 0 0C (psychrophiles) à 110 0C (hyperthermophiles de l'ordre des Méthanopyrales). Les archées méthanogènes sont présentes en abondance dans notre intestin (en particulier l'espèce Methanobrevibacter smithii), et elles ont été récemment associées à des pathologies gingivales au sein de « consortiums bactériens ». Les méthanogènes ont des morphologies très variées (coques, bacilles, sarcines) et peuvent être à Gram positif ou négatif. Les méthanogènes à Gram positif (ordre des Méthanobactériales) possèdent dans leur paroi de la pseudomuréine qui ressemble à la muréine des parois bactériennes (dans les deux cas, il s'agit de longues chaînes polysaccaridiques reliées entre elles par de courtes chaînes peptidiques), tout en présentant des différences majeures (par exemple les acides aminés des ponts peptidiques sont de forme L chez les bactéries et D chez les Méthanobactériales).

Les halophiles

Les archées halophiles (qui aiment le sel) sont des micro-organismes aérobies stricts dont la particularité est de vivre dans les milieux proches de la saturation en sel (lacs salés, marais salants). Ils maintiennent leur pression osmotique interne en accumulant des concentrations équivalentes de chlorure de potassium dans leur cytoplasme, ce qui implique l'existence d'enzymes capables de fonctionner à des concentrations de sel tout à fait inhabituelle. Les archées halophiles, qui vivent en surface, se protègent des rayons ultraviolets par la présence de pigments colorés (bactériorubérine), d'où leur couleur rouge. Certaines halophiles possèdent de plus une « membrane pourpre » composée de bactériorhodopsine, une protéine responsable d'un mécanisme de photosynthèse non chlorophyllienne. Les archées halophiles ont des morphologies très variées – coque pour les Halococcus, bacille pour les Halobacterium, forme plus ou moins géométrique pour les Haloarcula. Les cellules des Haloquadrata, récemment cultivées, sont les seules cellules parfaitement carrées (en coupe) connues dans le monde vivant.

Les thermoacidophiles

Les thermoacidophiles se divisent en deux grands groupes, les Thermoplasmatales, qui sont des thermophiles modérées (température optimale de croissance entre 40 et 60 0C) mais qui peuvent être des acidophiles extrêmes (Picrophilus torridus pousse à pH 0 !) et les Sulfolobales, qui sont des thermophiles extrêmes (température optimale de croissance entre 70 et 80 0C) et qui pousse dans une gamme de pH allant de 3 à 4. Les thermoacidophiles sont généralement aérobies ou micro-aérobies, mais certains Sulfolobus peuvent être anaérobies. Ces archées vivent dans les sources chaudes terrestres acides. Sulfolobus solfataricus est l'une des archées modèles les plus étudiées par les biochimistes et les biologistes moléculaires.

Les hyperthermophiles

Les hyperthermophiles sont, par définition, les archées dont la température optimale de croissance est supérieure ou égale à 80 0C (définition[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-Saclay, professeur honoraire à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Patrick FORTERRE. ARCHÉOBACTÉRIES ou ARCHÉES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • ARCHÉES ASGARD

    • Écrit par
    • 3 785 mots
    • 3 médias

    Les Archées, l’un des trois domaines du monde vivant – les deux autres étant les Bactéries et les Eucaryotes –, sont des micro-organismes unicellulaires et dépourvus de noyau extrêmement diversifiés. Leur mise en culture permet de les étudier et de les caractériser, montrant qu’elles présentent...

  • EXOBIOLOGIE

    • Écrit par
    • 8 000 mots
    • 4 médias
    Lesarchées (anciennement appelées archéobactéries) intéressent particulièrement les biologistes. Ces microorganismes procaryotes, particulièrement adaptés aux environnements extrêmes (en termes de pression, température, salinité, nutriments…), sont morphologiquement semblables aux bactéries...
  • MICROBIOLOGIE

    • Écrit par , et
    • 3 878 mots
    • 9 médias
    Les archéobactéries vivent dans des milieux extrêmement défavorables et ont des caractéristiques si spécifiques tant au niveau de leur expression génétique que de leur métabolisme que certains biologistes considèrent que le monde vivant est composé de trois domaines : les eucaryotes, les archéobactéries...
  • OCÉAN ET MERS (Vie marine) - Vie dans les grandes profondeurs

    • Écrit par
    • 3 869 mots
    • 2 médias
    ...présentes dans les fluides hydrothermaux, sur les substrats basaltiques et les tubes des vestimentifères et des polychètes ; il s'agit principalement d' archæbactéries qui constituent, à côté des bactéries vraies ou procaryotes et des eucaryotes, un troisième règne caractérisé notamment par les molécules...
  • ORGANISME VIVANT

    • Écrit par
    • 1 650 mots
    ...rapidement diversifiée, avec pour résultat l'individualisation de lignées dont trois seulement se sont maintenues jusqu'à nos jours. Dans deux d'entre elles, archées et eubactéries, qui diffèrent par une foule de caractères moléculaires, la cellule, dite procaryote, n'est pas compartimentée, d'où notamment...
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