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ARBITRAGE, finance

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L'arbitrage et le bon fonctionnement des marchés

Hélas pour les investisseurs, les opportunités de gain sans risque ne peuvent perdurer indéfiniment. Sitôt une opportunité d'arbitrage décelée, elle tend à disparaître. Il existe, en effet, sur les marchés, des intervenants spécialisés, les arbitragistes qui sont à l'affût de telles opportunités (dans le jargon financier on parle de free lunch, ou « repas gratuit »). Par exemple, pour profiter d'une différence de prix sur un même actif coté sur deux places financières, il suffit aux arbitragistes d'acheter cet actif là où il coûte le moins cher pour le revendre là où il est le plus cher. En raison de la loi de l'offre et de la demande, le prix de l'actif sur le premier marché va augmenter, tandis que sur l'autre marché son prix va diminuer. En cherchant à tirer partie des éventuelles imperfections entre les prix, les arbitragistes contribuent ainsi à restaurer l'équilibre. Tout comme la spéculation, l'arbitrage est une activité indispensable au bon fonctionnement des marchés.

Le simple fait que les opportunités d'arbitrage, sitôt décelées, soient corrigées, a des conséquences particulièrement importantes. Dans les modèles théoriques, cette propriété donne naissance à l'hypothèse d'absence d'opportunité d'arbitrage. Il s'agit d'une hypothèse clé en finance, où elle est omniprésente. Cette hypothèse implique des relations plus ou moins strictes entre le prix des actifs, ce qui permet d'évaluer :

– les actions dans le cadre de l'Arbitrage Pricing Theory (modèle A.P.T.) due à Stephen Ross en 1976 ;

– les contrats à terme fermes à partir de la relation de parité des taux d'intérêt couverte, formulée par John Maynard Keynes en 1923, et développée par John Hicks en 1939, dans le cadre du modèle de cash and carry (modèle de « coûts de portage ») ;

– les options à la suite des travaux de Robert C. Merton, Fisher Black et Myron Scholes en 1973.

Le respect de la condition d'absence d'opportunités d'arbitrage est d'ailleurs présenté par la théorie moderne de la finance comme une condition nécessaire à l'efficience des marchés. Cette hypothèse joue également un rôle important lorsqu'il s'agit de déterminer la structure financière optimale des entreprises (à la suite des travaux de Franco Modigliani et de Merton Miller en 1958). Enfin, si l'appétit des arbitragistes pour les repas gratuits suffit à garantir une certaine homogénéité des prix, force est d'admettre que, sur les marchés de capitaux, sans mise initiale, il est impossible de gagner de l'argent sans prendre un minimum de risques : qui ne risque rien n'a rien !

— Gunther CAPELLE-BLANCARD

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Pour citer cet article

Gunther CAPELLE-BLANCARD. ARBITRAGE, finance [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Autres références

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...(marchés des changes à terme ; marchés à terme de produits de base, de taux d'intérêt ; etc.), et qui soulève en fait de nombreux problèmes. En vertu de la théorie de l'arbitrage – parfois qualifiée de théorie des anticipations – le prix à terme est, sous certaines conditions (mobilité parfaite d'un...
  • CASSEL KARL GUSTAV (1866-1945)

    • Écrit par
    • 487 mots

    Économiste suédois né le 20 octobre 1866 à Stockholm, mort le 14 janvier 1945 à Djursholm, dans la banlieue de Stockholm.

    Karl Gustav Cassel étudie à l'université d'Uppsala, puis à celle de Stockholm où il devient professeur d'économie de 1904 à 1933. Il occupe le devant de la scène internationale...

  • FINANCE DE MARCHÉ - Marchés de capitaux

    • Écrit par
    • 7 819 mots
    Lesarbitragistes sont à l'affût des différences de cours et de taux d'intérêt qui peuvent exister, momentanément, entre différentes places ou différents compartiments de marché. Lorsque l'opportunité se présente, l'arbitrage qu'ils effectuent, combinant souvent plusieurs opérations d'achat et de vente,...
  • FINANCE DE MARCHÉ - Théorie des marchés financiers

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    • 6 749 mots
    • 1 média
    Comparés aux modèles d'équilibre général tels que le CAPM ou le CCAPM, les modèles d'arbitrage sont des modèles qui reposent sur une seule propriété de l'équilibre général (l'APT cité plus haut en fait partie). Il s'agit de la propriété d'absence d'opportunité d'arbitrage (AOA) qui est forcément...