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ARAMBOURG CAMILLE (1885-1969)

Camille Arambourg, grande figure de la paléontologie française de la première moitié du xxe siècle, a décrit de nombreuses espèces de vertébrésfossiles. Homme de terrain, il a effectué de nombreuses missions, surtout en Afrique du Nord où il a découvert, sur le site de Ternifine (aujourd’hui Tighennif) en Algérie, l’Atlanthrope (Atlanthropusmauritanicus),rattaché depuis à Homo erectus, le plus ancien hominidé du Maghreb, daté d'il y a 1 million d’années à 700 000 ans.

De l’agronomie et la paléontologie

Camille Louis Joseph Arambourg est né en 1885 à Paris. Son père, issu d’une famille de notables installée dès le xixe siècle dans l'Oranais (Ouest algérien), s'est lancé dans la production viticole. Celui-ci, voyant son fils achever ses études d'ingénieur agronome en 1908 après deux baccalauréats passés à Paris, le sollicite pour mettre en place une meilleure irrigation de ses vignobles. Les aménagements hydriques effectués par Camille Arambourg lui permettent d’explorer ces terrains riches en fossiles (formations du Tertiaire marin de la Méditerranée occidentale) et font naître en lui une véritable passion pour la géologie et la paléontologie.

Camille Arambourg remarque que les terres familiales font partie d’une formation géologique datant de la fin du Miocène et du début du Pliocène (soit entre 11 et 5 millions d’années), connue sous le nom de Sahélien. Cet étage marin, décrit pour la première fois en 1858 par Auguste Pomel (1821-1898), fixe la transition Miocène-Pliocène dans la zone méditerranéenne oranaise. Les labours successifs de ces terres font remonter en surface un grand nombre de poissons fossiles qui permettent au jeune ingénieur agronome de faire ses premières armes en paléontologie.

En 1914, la mobilisation de Camille Arambourg, d'abord aux Dardanelles puis en Macédoine, n’interrompt pas sa passion pour les fossiles. Il réussit à effectuer des prospections paléontologiques et des relevés géologiques au nord de Salonique, sur une chaîne de montagnes formée de dépôts lacustres ayant sensiblement le même âge que la formation sahélienne d’Oran. D’importants gisements de vertébrés seront découverts à la suite de ces missions. Les fouilles entreprises par Camille Arambourg dans cette région permettent de constituer de grandes collections de vertébrés fossiles conservées aujourd’hui au Muséum national d'histoire naturelle de Paris.

De retour en Algérie, après la fin de la Grande Guerre, Camille Arambourg délaisse les vignobles familiaux et décide de se consacrer entièrement à la géologie et la paléontologie. En 1920, il devient professeur titulaire de la chaire de géologie de l’Institut agricole d’Algérie situé à Maison-Carrée (aujourd’hui El-Harrach), où il exercera pendant une dizaine d’années. Depuis les débuts de sa passion pour les fossiles, il se constitue une impressionnante collection d’invertébrés et de squelettes de poissons provenant de la vallée du Chélif et du Sahélien d’Oran. Cette collection comporte plus de 1 500 squelettes, à l’origine de taxons qu’Arambourg décrit pour la plupart dans une monographie publiée en 1927, Les Poissons fossiles d’Oran. De 1930 à 1936, il enseigne à l’Institut national agronomique de Paris, succédant au géologue Lucien Cayeux (1864-1944). Nommé correspondant du Muséum national d’histoire naturelle en 1933, il devient professeur dans cette institution en 1936, poste qu’il occupera jusqu’en 1955.

À cette époque, les chercheurs du Jardin des Plantes, imprégnés de néolamarckisme, étudient les fossiles selon l'esprit du transformisme des espèces et Camille Arambourg ne déroge pas à la règle. C'est dans ce contexte de grande effervescence avec, notamment, les évolutionnistes britanniques qu’il prend part à une intense activité de recherches sur les terrains de fouille d'un grand nombre[...]

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Écrit par

  • : docteur habilité à diriger des recherches, archéologue, paléontologue au service archéologie du Val-de-Marne

Classification

Pour citer cet article

Djillali HADJOUIS. ARAMBOURG CAMILLE (1885-1969) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COPPENS YVES (1934-2022)

    • Écrit par Herbert THOMAS
    • 2 313 mots
    • 2 médias
    ...expéditions au Tchad révèlent la compétence de l'homme de terrain et une remarquable capacité de synthèse ; elles attirent alors l'attention du professeur Camille Arambourg. Connu notamment pour avoir conduit la première expédition scientifique dans la basse vallée de l'Omo, en Éthiopie, en 1932-1933,...

Voir aussi