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COLIN ANDRÉ (1910-1978)

André Colin était né à Brest en 1910, et c'est là qu'il s'est éteint après une longue carrière politique partagée entre les responsabilités nationales et les responsabilités régionales.

Député du Finistère de 1946 à 1958, sénateur depuis 1959, conseiller général d'Ouessant depuis 1951, président du conseil général du Finistère depuis 1964, succédant à René Pleven à la présidence du conseil régional de Bretagne depuis avril 1976, il fut plusieurs fois ministre sous la IVe République dans les cabinets Bidault, Queuille, Pleven, Edgar Faure, René Mayer et Pflimlin. Une carrière bien remplie ; mais aussi un champ d'activité qui s'était progressivement limité à sa Bretagne.

La vie politique d'André Colin ne peut se résumer à une longue série d'honneurs parlementaires ou ministériels. En fait, sa vie politique commence dès 1936, lorsqu'il est élu président de l'Association catholique de la jeunesse française et qu'il devient professeur à la faculté libre de droit de Lille.

Son engagement dans un christianisme social héritier du Sillon de Marc Sangnier détermine son attitude quand survient l'effondrement de 1940. Il se trouve alors à Beyrouth où il sert dans la division navale du Levant, mais il ne se résout pas à la défaite.

Il rentre en France et devient alors un de ces résistants de 1940 qui témoignèrent pour l'avenir. Il tente rapidement de renouer le fil de ses amitiés d'avant-guerre. Il regroupe des jeunes, mêlant étroitement résistance et lutte politique. C'est dans ce creuset que naîtra le Mouvement républicain de libération, transformé ensuite en Mouvement républicain populaire (M.R.P.). Toute sa vie ne sera plus que fidélité à ses engagements de jeunesse.

Lors des élections du 21 octobre 1945 à l'Assemblée constituante, le M.R.P. recueille 134 sièges. Le parti qu'André Colin a fondé avec Georges Bidault s'affirme dès le début de la IVe République comme une composante importante de la vie parlementaire. Mais la démocratie chrétienne française n'arrive pas à s'imposer, comme le feront ses homologues italien et allemand. Elle s'enlise au contraire dans le jeu politique qu'impose une Constitution sans âme avant d'être balayée par le gaullisme. Nombre de députés M.R.P., comme André Colin, ne retrouvent pas leur siège en 1958. La démocratie chrétienne se transforme peu à peu sous la Ve République en « centrisme d'opposition », qui va s'amenuisant jusqu'en 1974. Jean Lecanuet, qui a succédé à André Colin à la présidence du M.R.P. et qui a affronté le général de Gaulle lors de l'élection présidentielle de 1965, rallie alors au libéralisme, dont Valéry Giscard d'Estaing est le champion, les centristes épuisés par une lutte vaine contre la bipolarisation.

André Colin, qui a été secrétaire général du M.R.P. de 1945 à 1955, puis président du Mouvement de 1959 à 1963, ne s'est senti à l'aise ni dans le gaullisme de la Ve République, ni dans le libéralisme giscardien qui a suivi. Il regrette en fait l'effacement de son parti, qui lui a paru pour le moins prématuré, et se replie peu à peu sur sa Bretagne en délaissant la scène nationale, mais sans perdre le contact avec l'Internationale démocrate-chrétienne ou les regroupements européens. L'équipe des débuts : Georges Bidault, Maurice Schumann, François de Menthon, Francisque Gay, Pierre-Henri Teitgen, Robert Lecourt, s'est éparpillée au gré des événements. Certains ont dérivé à droite, d'autres ont rallié le gaullisme, d'autres enfin ont choisi le silence quand la vie ne l'a pas choisi pour eux.

En fait, c'est surtout le divorce entre les élus et les militants qui a fait éclater le parti d'André Colin, bien avant que le M.R.P. ne se saborde. Les élus, bon gré mal[...]

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Christian SAUVAGE. COLIN ANDRÉ (1910-1978) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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