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CAPLET ANDRÉ (1878-1925)

Compositeur et chef d'orchestre français qui occupe une place essentielle dans la musique du début du xxe siècle, bien que son œuvre ne connaisse pas la diffusion qui devrait être la sienne. D'origine normande, André Caplet restera toujours profondément attaché à ses racines : cautèle, humour, rigueur, amour de la mer et de la nature, mais aussi ferveur religieuse et don de soi-même au point d'en oublier sa propre musique pour celle des autres dont il devient l'apôtre.

Après avoir reçu de Henry Woolett les premiers éléments de sa formation musicale au Havre, sa ville natale, il est l'élève de Charles Lenepveu, Xavier Leroux et Paul Vidal au Conservatoire de Paris (1896-1901) et remporte, devant Maurice Ravel, le premier grand prix de Rome en 1901. Depuis 1899, il est directeur de la musique à l'Odéon où commence sa carrière de chef d'orchestre. Ses premières œuvres (Quintette pour piano et instruments à vent, Suite persane, Pâques citadines) montrent une assimilation précoce de l'héritage de Franck et de Massenet ainsi qu'une attirance évidente pour l'impressionnisme. Avec Épiphanie, triptyque pour violoncelle et piano (1903) orchestré en 1923, il entre dans une phase de musique plus évocatrice que descriptive, qui débouchera sur Le Masque de la mort rouge, fresque symphonique avec harpe principale, d'après Edgar Poe (1908) dont l'état premier a été perdu. Caplet remaniera son œuvre en 1923, pour harpe et quatuor à cordes, lui donnant le titre de Conte fantastique. Cette partition comporte d'étonnantes trouvailles instrumentales, dans l'écriture pour la harpe et dans la puissance d'évocation musicale. Il faudra attendre Krzysztof Penderecki ou György Ligeti pour voir certains de ces procédés réutilisés.

À la même époque, Caplet rencontre Debussy dont il connaît déjà fort bien la musique, ayant transcrit plusieurs de ses partitions d'orchestre pour le piano. Une profonde amitié s'établit entre eux et Caplet, loin de se limiter à un rôle de disciple que lui attribuent de trop nombreux biographes, devient le plus proche collaborateur de Debussy : son interprète de prédilection d'abord, mais aussi l'orchestrateur de certaines de ses partitions (Children's Corner, La Boîte à joujoux, Gigues). En 1911, Caplet dirige la création du Martyre de saint Sébastien de Debussy après en avoir orchestré une importante partie.

Sa carrière de direction d'orchestre prend son essor en 1910 lorsqu'il est nommé chef d'orchestre puis directeur de la musique à l'Opéra de Boston. Il y présente l'essentiel du répertoire contemporain français. En 1914, il est nommé à l'Opéra de Paris, mais la guerre l'empêche d'exercer ses fonctions. Il revient du front très diminué physiquement. Les horreurs de la guerre accentuent son mysticisme qui se traduit dans des œuvres intérieures, généralement destinées à la voix humaine. Dès 1909, avec le Septuor pour cordes vocales et instrumentales, Caplet avait abordé une écriture plus dépouillée, faite de recherches de timbres et de simplicité. Les Inscriptions champêtres (1914), pour voix de femmes a cappella — l'un de ses chefs-d'œuvre — trouvent leur inspiration dans les paysages normands tout comme la Messe à trois voix (1919-1920) qui fait appel à certains procédés du chant grégorien. En 1923, il compose Le Miroir de Jésus, triptyque sur les Mystères de Henri Ghéon où il associe à nouveau cordes vocales (féminines) et instrumentales.

La mélodie, par sa simplicité, a attiré Caplet à maintes reprises : Le Vieux Coffret (1914-1917), Prières (1914-1917), Trois Fables de La Fontaine (1919), Cinq Ballades françaises (1919-1920), Écoute mon cœur (1924). Il compose également Deux Divertissements pour harpe (1924) et laisse inachevés une Sonate pour voix, violon[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Pour citer cet article

Alain PÂRIS. CAPLET ANDRÉ (1878-1925) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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