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PEYREFITTE ALAIN (1925-1999)

Académicien et ministre, homme politique et écrivain, diplomate et journaliste, Alain Peyrefitte est le type même de l'intellectuel engagé en politique, à moins que ce ne soit le contraire. Ce personnage brillant, mais aussi intransigeant, ne laissait pas indifférent. On l'admirait pour son œuvre ; il se fit aussi beaucoup d'ennemis lors de ses passages dans divers ministères.

Né en 1925 à Najac (Aveyron), Alain Peyrefitte entre à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, puis à l'ENA, dans la première promotion (France combattante) de cette école. Après un bref passage par le CNRS (1947-1949), il s'oriente vers la diplomatie. Il est tour à tour en poste à Bonn, à Paris, à Cracovie. Le retour au pouvoir du général de Gaulle coïncide avec son entrée en politique.

En novembre 1958, il est élu député de Seine-et-Marne. Au cœur de la Brie, il se constitue un fief : il est maire de Provins (1965-1997) et conseiller général de Bray-sur-Seine (1964-1988). Il est régulièrement réélu député jusqu'en 1995, date de son entrée au Sénat. Sa carrière connaît un seul et bref incident de parcours en juin 1981, mais l'annulation de l'élection de son adversaire le ramène vers l'Assemblée à la faveur d'une partielle, dès janvier 1982.

À la recherche de jeunes députés gaullistes talentueux, le secrétaire général de l'Élysée, Geoffroy de Courcel, le présente au fondateur de la Ve République. C'est le début d'un dévouement et d'une admiration sans bornes. Le voici secrétaire d'État à l'Information en 1962, puis ministre des Rapatriés, et enfin ministre de l'Information (1962-1966), porte-parole du gouvernement. Il fait alors voter le nouveau statut de l'ORTF (1964), mais surtout il incarne le contrôle du pouvoir gaulliste sur la télévision naissante. En 1966, il est ministre de la Recherche scientifique et, un an plus tard, ministre de l'Éducation. Après s'être opposé à la réouverture de la Sorbonne en mai 1968, il doit quitter le gouvernement.

Président de la commission des Affaires culturelles et sociales de l'Assemblée nationale, il participe à l'offensive contre Jacques Chaban-Delmas. Georges Pompidou, qui voulait se débarrasser de son Premier ministre, saura l'en récompenser. Il devient secrétaire général de l'Union des démocrates pour la République (UDR) en 1972. Après les élections législatives de mars 1973, il revient au gouvernement, comme ministre du Plan, puis, brièvement, comme ministre des Affaires culturelles et de l'Environnement (1974).

L'élection de Valéry Giscard d'Estaing aurait pu sonner la fin de sa carrière. Elle permettra au contraire son apothéose. Après la démission fracassante de Jacques Chirac qui quitte son poste de Premier ministre en août 1976, le nouveau président de la République recherche l'alliance et la caution de gaullistes incontestables. Alain Peyrefitte sera le premier d'entre eux. Il est garde des Sceaux, ministre de la Justice, de 1977 à 1981. Il se signale par l'adoption de la loi très controversée dite « Sécurité et liberté » (qui sera abolie par la gauche en 1982). Il est aussi en délicatesse avec le Rassemblement pour la République (RPR) naissant. Ses prises de position antichiraquiennes lui valent même une menace d'exclusion.

Alain Peyrefitte aurait-il pu monter plus haut ? Des rumeurs l'ont alors donné comme un Premier ministre possible. En 1979, son attitude envers Robert Boulin, autre prétendant éventuel, qui est retrouvé mort dans des circonstances troubles le 30 octobre, le place au cœur d'une violente tourmente. Valéry Giscard d'Estaing a révélé récemment qu'il l'avait en fait pressenti dès le 25 août 1976. Dix ans plus tard, c'est encore à lui que songe un moment François Mitterrand[...]

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Écrit par

  • : journaliste éditorialiste à Sud Ouest

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Bruno DIVE. PEYREFITTE ALAIN (1925-1999) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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