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AFL-CIO (American Federation of Labor-Congress of Industrial Organizations)

Le Congress of Industrial Organizations

Naissance du C.I.O.

Malgré l'appui de Franklin Roosevelt, l'A.F.L. ne parvint qu'à maintenir ses effectifs et non à s'implanter dans ces bastions ouvriers qu'étaient les aciéries ou l'industrie de l'automobile. En effet, organisée en « syndicats de métiers », elle défendait les intérêts particuliers de la main-d'œuvre qualifiée en évitant de se solidariser avec la masse des autres travailleurs. Président du syndicat des mineurs qui comptait alors 500 000 membres, John Lewis reprit une des idées des I.W.W. Alors que l'A.F.L. divisait les ouvriers d'une même entreprise en quinze ou vingt « syndicats de métiers », ce qui diminuait leur efficacité, J. Lewis voulut créer des « syndicats d'industrie » qui regrouperaient dans une seule organisation tous les travailleurs d'un même secteur, quelle que fût leur spécialité. Il proposa ce plan en 1934 au congrès de l'A.F.L., qui l'écouta sans conviction. Un an plus tard, un seul « syndicat d'industrie » était formé : celui des ouvriers de l'automobile. Revenant à la charge, J. Lewis ne put obtenir la majorité. Il quitta l'A.F.L. pour fonder le Committee for Industrial Organization qui groupait mineurs, fondeurs, ouvriers de la confection, des filatures, du gaz et du pétrole. Puis les ouvriers des verreries, du caoutchouc, de l'automobile et de la sidérurgie les rejoignirent pour donner naissance, en 1938, au Congress of Industrial Organizations (C.I.O.).

L'A.F.L. était formée de syndicats de charpentiers, d'électriciens, de chauffeurs, etc., dispersés dans toutes les industries. Le C.I.O. regroupait dans chaque « syndicat d'industrie » toute la main-d'œuvre des mines, ou des usines d'automobiles, ou de la sidérurgie. Bien plus, il touchait les secteurs clés de l'industrie, et ses dirigeants étaient plus jeunes et plus dynamiques. Il enregistra des victoires (signature en 1937 d'une convention collective avec l'U.S. Steel), mena des campagnes vigoureuses (dix ouvriers tués et une centaine de blessés pendant une grève à la Republic Steel Co.), inaugura la grève sur le tas dans l'industrie automobile, occupa l'usine de la General Motors à Flint (Michigan) et refusa d'obéir aux décisions judiciaires ordonnant d'évacuer l'usine, les ouvriers refusant de céder devant les charges de police.

Ayant fait capituler un « empire industriel » aussi puissant que la General Motors, le C.I.O vit augmenter le nombre de ses membres : 3 700 000 en 1937 contre 3 400 000 à l'A.F.L. Posant avec éclat le problème des ouvriers non qualifiés, ne reculant pas devant la violence, il donna au syndicalisme américain un élan nouveau.

La rivalité A.F.L.-C.I.O.

Un autre problème séparait A.F.L. et C.I.O. : le communisme. Les communistes étaient, en effet, assez nombreux au sein du C.I.O., alors que l'« aristocratie ouvrière » de l'A.F.L. n'était guère perméable aux thèses marxistes. En octobre 1945, le C.I.O. participa, à Paris, à la conférence internationale qui donna naissance à la Fédération syndicale mondiale (F.S.M.), alors que l'A.F.L., refusant de siéger aux côtés des syndicalistes soviétiques, déclinait l'invitation.

Un nouveau conflit surgit entre-temps. Le Sud, à prédominance agricole, s'industrialisait, mais l'implantation syndicale y était très faible. Le C.I.O. lança une campagne de pénétration et, dans le Sud, le nombre de syndiqués passa de 260 000 en 1936 à 2 millions en 1947. L'A.F.L. ne put rester à l'écart de cette activité, mais le C.I.O., plus progressiste, accueillait plus volontiers les Noirs, alors que beaucoup de syndicats affiliés à l'A.F.L., et dont les statuts comportaient des clauses raciales, les tenaient à l'écart. En 1946, plus de 500 000 Noirs étaient inscrits[...]

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Écrit par

  • : rédacteur en chef du journal "Le Monde diplomatique".
  • : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques

Classification

Pour citer cet article

Claude JULIEN et Marie-France TOINET. AFL-CIO (American Federation of Labor-Congress of Industrial Organizations) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Manifestation de Haymarket - crédits : AKG-images

Manifestation de Haymarket

A.F.L.-C.I.O. : évolution du nombre de syndiqués - crédits : Encyclopædia Universalis France

A.F.L.-C.I.O. : évolution du nombre de syndiqués

Autres références

  • ALTERMONDIALISME

    • Écrit par , et
    • 6 805 mots
    • 1 média
    Aux États-Unis, le syndicalisme, organisé en confédération dans l'AFL-CIO, était présent massivement à Seattle et à Washington. C'est une rupture importante avec une histoire récente où les syndicats restaient centrés sur l'entreprise et se tenaient très proches du Parti démocrate : à la fin...
  • CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DES SYNDICATS LIBRES (CISL)

    • Écrit par
    • 517 mots

    Environ un an après la scission intervenue à la Fédération syndicale mondiale (F.S.M.) en janvier 1949, les organisations qui ont rompu tiennent la conférence constitutive d'une nouvelle Internationale syndicale. L'anticommunisme est commun aux centrales américaine, anglaise et européennes qui...

  • FÉDÉRATION SYNDICALE MONDIALE (FSM)

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    La montée des fascismes avive, à la fin des années 1930, le désir d'unité des forces syndicales à l'échelle mondiale ; aussi l'Internationale syndicale rouge décide-t-elle de disparaître en vue de rejoindre la Fédération syndicale internationale (F.S.I.). Mais survient...

  • GOMPERS SAMUEL (1850-1924)

    • Écrit par
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    Né à Londres, de parents d'origine hollandaise qui émigrent en 1863 à New York, Samuel Gompers, après avoir suivi jusqu'à l'âge de dix ans des études dans une école libre israélite, devient ouvrier cigarier.

    C'est en travaillant dans les petites entreprises de fabrication de...

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