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CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DES SYNDICATS LIBRES (CISL)

Environ un an après la scission intervenue à la Fédération syndicale mondiale (F.S.M.) en janvier 1949, les organisations qui ont rompu tiennent la conférence constitutive d'une nouvelle Internationale syndicale. L'anticommunisme est commun aux centrales américaine, anglaise et européennes qui prennent l'initiative de la Conférence de Bruxelles (déc. 1949), mais il cache bien des divergences : pour l'American Federation of Labor (A.F.L.), seule la libre entreprise peut assurer la liberté syndicale ; par contre, pour les syndicats français (C.G.T.-Force ouvrière) et allemands, une condamnation du profit comme seul moteur de l'économie est indispensable ; quant au Congress of Industrial Organization (C.I.O.), il résume sa pensée par la formule : « Ni Staline ni la Standard Oil. »

Le compromis se réalise autour de plusieurs thèmes : liberté, condamnation du totalitarisme, qu'il soit soviétique ou espagnol, démocratie économique. Sur la question des secrétariats professionnels internationaux, la Conférence est très prudente : ceux-ci, dans leur grande majorité, ont quitté la F.S.M. en raison de sa volonté centralisatrice ; aussi le secrétariat général revient-il à un représentant des secrétariats professionnels, le Néerlandais Oldenbroek. La Confédération échoue dans sa tentative d'intégrer l'Internationale chrétienne (C.I.S.C.), qui refuse de se dissoudre.

Innovation importante motivée par un souci d'efficacité, la C.I.S.L. (I.C.F.T.U., en anglais) met en place, dès le lendemain de sa création, quatre secrétariats régionaux : pour l'Europe, à Bruxelles ; pour l'Asie, où il s'agit de faire face à l'influence de la révolution chinoise, à Singapour ; pour l'Amérique, à Mexico ; pour l'Afrique, à Douala. Elle se propose même de mettre en place des secrétariats régionaux « libres » pour l'Europe de l'Est et pour l'U.R.S.S.

En 1951, la Confédération réunit une conférence à propos du plan Schuman et du pool européen du charbon et de l'acier. Comme elle a approuvé le plan Marshall, elle apporte son appui à l'intégration européenne et demande que les centrales syndicales soient associées à sa construction.

Le Congrès de Milan de juillet 1951 entérine les positions européennes de la Conférence et décide un important effort d'aide et de formation de cadres en direction des centrales syndicales des pays coloniaux, dont est affirmé le droit à disposer d'eux-mêmes. Le Congrès reprend à son compte la formule de la cogestion à tous les niveaux avancée par les syndicats allemands et porte à sa présidence l'Anglais Tewson.

La C.I.S.L. comptait, au début du xxie siècle, 155 millions d'ahérents (48,5 millions en 1949), appartenant à 241 organisations syndicales de 156 pays. En 2006, la C.I.S.L prononce sa dissolution pour former, avec la Confédération mondiale du travail, la Confédération syndicale internationale.

— Paul CLAUDEL

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Pour citer cet article

Paul CLAUDEL. CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DES SYNDICATS LIBRES (CISL) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFL-CIO (American Federation of Labor-Congress of Industrial Organizations)

    • Écrit par Claude JULIEN, Marie-France TOINET
    • 6 913 mots
    • 2 médias

    En 1986, l'American Federation of Labor-Congress of Industrial Organizations célébrait le centième anniversaire de sa plus puissante composante, l'American Federation of Labor. Le panorama qu'elle pouvait contempler était pour le moins inquiétant : en trente ans, le syndicalisme...

  • BEN SALAH AHMED (1926-2020)

    • Écrit par Pierre SPITZ
    • 1 033 mots

    Homme politique et syndicaliste tunisien.

    Né le 13 janvier 1926 dans une famille de la petite bourgeoisie de Mouknine, dans le Sahel tunisien, Ahmed ben Salah se lance, ses études terminées, dans l'action syndicale. Il se révèle rapidement comme un animateur de l'Union générale des travailleurs...

  • INTERNATIONALES SOCIALISTES ET SYNDICALES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean-Marie PERNOT
    • 839 mots

    28 septembre 1864 Naissance à Londres de l'Association internationale des travailleurs, qui sera dissoute douze ans plus tard, le 15 juillet 1876.

    2-7 septembre 1872 Le congrès de La Haye exclut les anarchistes de Michel Bakounine et décide le transfert de l'Internationale à New York....

  • OUVRIER MOUVEMENT

    • Écrit par Jean BRUHAT, Bernard PUDAL
    • 11 026 mots
    • 2 médias
    ...que l'Europe s'édifie et que la mondialisation néo-libérale bouleverse la situation salariale. Créée en 1973 par des syndicats alors tous membres de la Confédération internationale des syndicats libres (C.I.S.L.), la Confédération européenne des syndicats (C.E.S.) regroupe en 2007 81 organisations syndicales...

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