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TROISIÈME REICH (1933-1945)

Le système concentrationnaire et l'antisémitisme

Créés en 1933 pour accueillir les opposants au régime, les camps de concentration, qui s'étaient sensiblement vidés en 1939, à la mobilisation, virent leur importance s'accroître avec la guerre. On y rassembla, outre les Allemands, les antifascistes et les Juifs des territoires occupés : en même temps, les camps changèrent de fonction. Baptisés d'abord camps de rééducation, ils devinrent des camps de travail, chargés de fournir une main-d'œuvre à bon marché à un certain nombre d'entreprises industrielles, et des camps d'extermination.

Les camps de concentration se muent, à partir de 1942 surtout, en énormes métropoles de la mort. Placés sous l'autorité d'officiers S.S. qui logent dans des villas situées hors du camp, ils sont construits sur un modèle identique à partir de 1936 et organisés selon un système hiérarchisé ; les S.S., peu nombreux, en assurent la garde et la direction. Mais à l'intérieur ils placent, à la tête des baraques, des blocs, des chambrées, des internés, le plus souvent des condamnés de droit commun : les Kapos.

Découverte des camps de concentration, 1945 - crédits : National Archives

Découverte des camps de concentration, 1945

Rasés et vêtus de défroques rayées, les internés reçoivent à leur arrivée au camp un numéro et des signes distinctifs suivant leur nationalité et la cause de leur internement. Livrés à l'arbitraire des kapos, soumis à des châtiments corporels, sous-alimentés, privés d'hygiène, entassés dans des baraquements sommaires, astreints à des besognes épuisantes, pas ou mal soignés, les déportés meurent par milliers. Ceux qui survivent le doivent souvent aux organisations de solidarité, créées la plupart du temps à l'initiative des communistes, qui forment le gros des déportés politiques et qui, comme à Buchenwald, libéreront le camp peu avant l'arrivée des troupes alliées.

L' antisémitisme chez les hitlériens a des fondements idéologiques et est utilisé à des fins politiques. Le IIIe Reich n'est pas, en Allemagne, l'inventeur de l'antisémitisme : il s'est borné à reprendre des idées largement répandues en les systématisant. Hitler voyait dans le Juif (personnage imaginaire et abstrait, doté de toutes les tares physiques, intellectuelles et morales) le responsable de tous les maux dont souffrent les nations et d'abord l'Allemagne. Au Juif, on oppose l'Aryen, personnage mythique lui aussi, porteur de civilisation supérieure, citoyen idéal du IIIe Reich.

Juifs allemands - crédits : Keystone/ Getty Images

Juifs allemands

Cette distinction s'exprime, dès les premiers textes programmatiques du national-socialisme, dans la notion d'un peuple allemand composé de Volksgenossen, c'est-à-dire d'individus « de sang allemand ». Tous ceux qui sont de sang « étranger » ne sauraient faire partie de la communauté nationale et peuvent donc à tout moment en être expulsés.

Joseph Goebbels, Heinrich Himmler, Rudolf Hess - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

Joseph Goebbels, Heinrich Himmler, Rudolf Hess

Avant la prise du pouvoir, les Juifs sont, avec les marxistes, la catégorie politico-sociale sur laquelle les nationaux-socialistes tentent de polariser les mécontentements et qu'ils rendent responsables de toutes les misères. Jusqu'à la guerre une série de lois écartent les Juifs allemands de toutes les fonctions publiques et les contraignent à émigrer, parfois contre le versement d'une véritable rançon. Les persécutions ont lieu par à-coups en fonction de la conjoncture politique ; ainsi, le meurtre à Paris du conseiller d'ambassade vom Rath est le prétexte et l'occasion d'un véritable pogrom organisé par Goebbels et Himmler (Nuit de cristal, nov. 1938).

Avec l'approche de la guerre, les Juifs sont astreints au port de l'étoile jaune et ils n'ont plus le droit de quitter le Reich. La persécution antisémitique prend une autre dimension avec l'occupation de la Pologne. Les Juifs polonais sont d'abord regroupés dans des ghettos. Lors de l'invasion de l'Union soviétique, des commandos[...]

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Écrit par

  • : chargé d'enseignement à l'université de Paris-VIII

Classification

Pour citer cet article

Gilbert BADIA. TROISIÈME REICH (1933-1945) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig - crédits : Encyclopædia Universalis France

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig

Adolf Hitler au siège de son parti - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Adolf Hitler au siège de son parti

Incendie du Reichstag - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Incendie du Reichstag

Autres références

  • ACCESSION D'HITLER AU POUVOIR

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 209 mots
    • 1 média

    Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier, dans la légalité républicaine définie par la Constitution de Weimar. À ce moment-là, son parti, le Parti ouvrier allemand national-socialiste (N.S.D.A.P.) ou Parti « nazi » qui veut tenter, après Mussolini, une synthèse du nationalisme...

  • ABETZ OTTO (1903-1958)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 332 mots

    Important dignitaire nazi, artisan dès avant 1933 d'une réconciliation franco-allemande en particulier avec Jean Luchaire et Fernand de Brinon, Otto Abetz eut pour rôle essentiel d'occuper, de 1940 à 1944, le poste d'ambassadeur d'Allemagne à Paris. Sa mission avait un double caractère qui dépassait...

  • ACCORDS DE MUNICH

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 214 mots
    • 1 média

    Fidèle à son pangermanisme proclamé, Adolf Hitler réclame avec plus d'insistance que jamais, en septembre 1938, la cession au IIIe Reich du territoire tchécoslovaque sur lequel vit la minorité germanophone des Sudètes. L'Allemagne est prête à la guerre pour obtenir gain de cause. Le...

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

    • Écrit par Michel EUDE, Alfred GROSSER
    • 26 883 mots
    • 39 médias
    La défaite de 1918 marque non seulement Weimar, mais le IIIe Reich, qui est essentiellement une protestation contre les conditions imposées par les vainqueurs. S'il y a un sentiment qui puisse faire la quasi-unanimité des Allemands, c'est bien le refus du Diktat de Versailles, des clauses...
  • ANGLETERRE BATAILLE D' (1940)

    • Écrit par Paul VILLATOUX
    • 231 mots
    • 1 média

    Premier engagement purement aérien de l'histoire, la bataille d'Angleterre débute le 10 juillet 1940. Après la « bataille de la Manche », achevée le 7 août, la Luftwaffe lance le 13 août, « jour de l'Aigle », un plan d'attaque destiné à clouer au sol la chasse britannique puis à désorganiser l'économie...

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Voir aussi