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TROISIÈME REICH (1933-1945)

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig - crédits : Encyclopædia Universalis France

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig

On entend par IIIe Reich la période de l'histoire de l' Allemagne qui s'étend du 30 janvier 1933 au 8 mai 1945. L'expression elle-même, adoptée et imposée par les nationaux-socialistes, reprend le titre d'un ouvrage d'Arthur Moeller van den Bruck : Das Dritte Reich, paru en 1923. Pour cet auteur, le Ier Reich était le Saint Empire romain germanique, le IIe Reich, celui de Bismarck et de Guillaume II (1871-1918), le troisième devant se substituer à la république de Weimar dont il espérait la fin prochaine. Pour les historiens, le IIIe Reich est synonyme de régime hitlérien, ou régime national-socialiste.

Le national-socialisme et la conquête du pouvoir

Le Parti national-socialiste (en allemand : Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, littéralement, Parti ouvrier allemand national-socialiste ; abréviation : N.S.D.A.P.), ou Parti nazi, n'a pu s'emparer du pouvoir que parce qu'il avait réussi à devenir un parti de masse, flanqué d'organisations paramilitaires puissantes, telles les sections d'assaut (Sturm-Abteilungen, ou S.A.) qui ont essayé et réussi en partie à s'imposer par la terreur (massacre des militants ouvriers). Longtemps, ce parti, fondé au lendemain de la Première Guerre mondiale, ne dépassa guère les dimensions d'un petit parti qui, aux élections de 1928, recueillit moins de 3 p. 100 du total des suffrages. Avec la crise économique qui frappa si durement l'Allemagne en 1929, il s'enfla et remporta ses premières grandes victoires.

Ces succès sont moins dus à un programme original et précis (les vingt-cinq points du programme initial, d'ailleurs fort vagues, seront modifiés ou tout simplement oubliés avant et surtout après la prise du pouvoir) qu'à un certain nombre d'idées-forces inculquées inlassablement aux masses par une propagande habile et simplificatrice. Les nationaux-socialistes promettent aux classes moyennes ruinées par l'inflation et aux millions de chômeurs des changements radicaux. Pour ne donner qu'un exemple : le programme prévoit « la municipalisation des grands magasins » et « pour un loyer modique leur mise à la disposition des petits commerçants », auxquels « l'État et les municipalités sont tenus de faire appel pour toutes les commandes qu'ils passent ». Les nazis se disent socialistes, insistent, sans préciser en quoi il consiste exactement, sur leur anticapitalisme, se proclament antimarxistes, mais ils réussissent à obtenir le soutien financier de puissants groupes industriels – qu'ils rassurent sur leurs intentions réelles –, nouent alliance avec la droite classique (front de Harzburg, oct. 1931), dont ils absorbent par ailleurs une grande partie de l'électorat (celle-ci ne recueille en juillet 1932 que 8 p. 100 du total des suffrages).

Surtout ils mettent l'accent sur leur nationalisme. Ils veulent libérer l'Allemagne des contraintes imposées par le traité de Versailles et promettent aux Allemands un avenir de grandeur et de prospérité. Dans Mein Kampf, Hitler annonce aux Allemands « une paix [...] garantie par l'épée victorieuse d'un peuple de maîtres qui mettra le monde entier au service d'une civilisation supérieure ». En même temps, les nationaux-socialistes choisissent des « ennemis » auxquels ils attribuent la responsabilité de tous les maux dont souffre le pays : les juifs, les marxistes, le « système » (c'est-à-dire la république de Weimar). Hitler explique qu'il faut toujours désigner « un ennemi visible ».

Le national-socialisme semble avoir atteint son apogée aux élections générales de juillet 1932. Le parti obtient alors 37,3 p. 100 de suffrages (soit 13,7 millions), mais quatre mois plus tard, aux élections du 6 novembre, le N.S.D.A.P. perd 2 millions d'électeurs (11,7 millions, soit 33,1 p. 100), alors que les communistes,[...]

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Écrit par

  • : chargé d'enseignement à l'université de Paris-VIII

Classification

Pour citer cet article

Gilbert BADIA. TROISIÈME REICH (1933-1945) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig - crédits : Encyclopædia Universalis France

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig

Adolf Hitler au siège de son parti - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Adolf Hitler au siège de son parti

Incendie du Reichstag - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Incendie du Reichstag

Autres références

  • ACCESSION D'HITLER AU POUVOIR

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 209 mots
    • 1 média

    Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier, dans la légalité républicaine définie par la Constitution de Weimar. À ce moment-là, son parti, le Parti ouvrier allemand national-socialiste (N.S.D.A.P.) ou Parti « nazi » qui veut tenter, après Mussolini, une synthèse du nationalisme...

  • ABETZ OTTO (1903-1958)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 332 mots

    Important dignitaire nazi, artisan dès avant 1933 d'une réconciliation franco-allemande en particulier avec Jean Luchaire et Fernand de Brinon, Otto Abetz eut pour rôle essentiel d'occuper, de 1940 à 1944, le poste d'ambassadeur d'Allemagne à Paris. Sa mission avait un double caractère qui dépassait...

  • ACCORDS DE MUNICH

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 214 mots
    • 1 média

    Fidèle à son pangermanisme proclamé, Adolf Hitler réclame avec plus d'insistance que jamais, en septembre 1938, la cession au IIIe Reich du territoire tchécoslovaque sur lequel vit la minorité germanophone des Sudètes. L'Allemagne est prête à la guerre pour obtenir gain de cause. Le...

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

    • Écrit par Michel EUDE, Alfred GROSSER
    • 26 883 mots
    • 39 médias
    La défaite de 1918 marque non seulement Weimar, mais le IIIe Reich, qui est essentiellement une protestation contre les conditions imposées par les vainqueurs. S'il y a un sentiment qui puisse faire la quasi-unanimité des Allemands, c'est bien le refus du Diktat de Versailles, des clauses...
  • ANGLETERRE BATAILLE D' (1940)

    • Écrit par Paul VILLATOUX
    • 231 mots
    • 1 média

    Premier engagement purement aérien de l'histoire, la bataille d'Angleterre débute le 10 juillet 1940. Après la « bataille de la Manche », achevée le 7 août, la Luftwaffe lance le 13 août, « jour de l'Aigle », un plan d'attaque destiné à clouer au sol la chasse britannique puis à désorganiser l'économie...

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Voir aussi