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TRAITÉ D'ÉCONOMIE POLITIQUE, Jean-Baptiste Say Fiche de lecture

La première édition du Traité d'économie politique, ou Simple Exposition de la manière dont se forment, se distribuent et se consomment les richesses de Jean-Baptiste Say (1767-1832) date de 1803. Say n'a alors que trente-six ans. La rédaction de l'ouvrage se situe à un tournant de son itinéraire. En 1799, Say quitte la revue La Décade philosophique, littéraire et politique, le Premier consul le nomme au Tribunat dans le Comité des finances, à la fin de l'année il rédige Olbie, ou Essai sur les moyens d'améliorer les mœurs d'une nation, réflexion sur la nouvelle société dans le cadre d'une utopie, et c'est au début de l'année 1800 qu'il se met à la rédaction d'un Traité d'économie politique. Dès sa parution en 1803, le livre obtint un grand succès et Bonaparte, qui souhaitait la collaboration de Say dans un plan de relèvement des finances, lui suggéra une nouvelle édition de son ouvrage adaptée aux grandes idées du futur empereur. Les réticences de Say entraînèrent l'interdiction de la publication de la deuxième édition et il fallut attendre 1814 et la chute de l'Empire pour qu'une nouvelle édition fût publiée.

« Une méthode simple, sévère et savante pour étudier l'économie politique » (Adolphe Blanqui, « Histoire de l'économie politique », 1836)

Le Traité se présente comme un manuel et Say a d'abord le souci d'en faire un moyen de diffuser l'économie politique, en tant que science de tous les producteurs et non plus de l'administration. Son livre, qui rompt clairement avec le mercantilisme et la physiocratie, affiche en revanche la volonté de se placer dans le sillage d'Adam Smith, mais avec le souci pédagogique de le mettre en forme, de le clarifier « afin de rendre la doctrine tellement populaire que tout homme doué d'un sens droit pût la saisir dans son ensemble et dans ses détails et en appliquer les principes à toutes les circonstances de la vie ». Le Traité est le premier livre qui fasse de la science économique un exposé didactique et ordonné selon une division qui dominera l'économie politique libérale du xixe siècle : production, distribution, consommation des richesses.

La « production des richesses » constitue le livre premier de l'ouvrage mais représente presque la moitié de l'ensemble. Concourent à la production non seulement le travail mais aussi les capitaux, les « agents naturels », les machines. Say se montre attentif à tout ce qui peut favoriser la production. Il dénonce ainsi l'inertie des capitaux improductifs dans les mains de l'aristocratie, les règlements de l'administration et les monopoles d'État, qui entravent la mobilisation des forces productives, les compagnies privilégiées. Il affiche aussi, après Smith, son hostilité à l'égard du système colonial.

Le livre II « De la distribution des richesses », qui représente un tiers de l'ouvrage, est consacré à l'étude des revenus : « revenus industriels » appelés les « profits », mais Say utilise la notion de façon très large et l'applique au savant, à l'entrepreneur, à l'ouvrier, aux revenus des capitaux, aux revenus des fonds de terre et fermage.

Le livre III « De la consommation des richesses » oppose « consommation productive » et « consommation improductive ». Mais ce sont surtout les « consommations publiques » inconsidérées qu'il condamne, et le poids de l'impôt qui les accompagne : « Les dépenses improductives du gouvernement, bien loin d'être favorables à la production lui sont prodigieusement préjudiciables [...]. L'impôt en élevant le prix des produits réduit la consommation qu'on peut en faire. »

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Pour citer cet article

Francis DEMIER. TRAITÉ D'ÉCONOMIE POLITIQUE, Jean-Baptiste Say - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉCONOMIE (Définition et nature) - Enseignement de l'économie

    • Écrit par Jean-Marc DANIEL
    • 5 551 mots
    La nécessité d'enseigner l'économie est une conséquence de ses théories. Il est, en effet, connu pour avoir énoncé la loi des débouchés (Traité d'économie politique, 1803). Selon cette loi, chaque fois qu'une entreprise produit quelque chose, elle distribue sous forme de salaires et de...

Voir aussi