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TALMUD

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La Mishna et la Barayta

Redoutant la disparition de la Loi orale, les rabbins, qu'on appelle alors tanna‘im (« enseignants »), commencèrent à mettre en ordre la masse des traditions reçues, dans le courant de la deuxième décennie qui suivit la destruction du Temple. Une compilation systématique fut entreprise par l'un des plus fameux docteurs, Aqiba (mort vers 135), et poursuivie par ses disciples, en particulier Rabbi Méir, qui opéra une première recension. Sur cette base et en tenant également compte d'autres recueils dus à d'autres maîtres, le patriarche Juda Ier publia la Mishna vers l'an 200.

La Mishna, terme qui signifie « enseignement » – certains pourtant préfèrent, s'appuyant sur la transcription grecque deuterôsis, la lecture « mishné » (« répétition », ou « double ») [de la Tora] –, a été rédigée en hébreu, mais cet hébreu a déjà subi une longue évolution. Dans un style sec, concis et précis, qui a toujours fait l'admiration des connaisseurs, elle formule la Halakha, accompagnée parfois des discussions dont elle est l'aboutissement, plus rarement des textes bibliques à laquelle elle est rattachée. Elle fait relativement peu de place à la Haggada.

Deux graves problèmes divisent toujours les savants à son sujet : Le rédacteur a-t-il prétendu fixer la règle impérative ou s'est-il assigné pour tâche de constituer un manuel de base pour les études dans les académies ? La Mishna, expression par excellence de la Loi orale, a-t-elle été, dès sa publication, couchée par écrit ou simplement confiée à la mémoire de ces « récitants » dont il est question dans le Talmud et qui la connaissaient par cœur ?

Malgré un effort appréciable pour classer les matériaux dans un ordre logique, des blocs entiers de la Mishna ne sont reliés que par des associations de mots ou de chiffres, et l'on y rencontre des doublets.

La Mishna est divisée en six sections, comprenant chacune un certain nombre de traités dont le total atteint 63 dans le découpage actuellement reçu. L'abréviation « ShaS » pour Shisha Sedarim (Six Sections) sert couramment à désigner aussi bien la Mishna que son commentaire, le Talmud. Voici le nom et le contenu de ces sections : 1. Zera‘im (Semences) comporte des réglementations concernant les prélèvements sur les produits agricoles destinés aux prêtres, aux lévites, aux indigents, la mise en jachère des terres pendant l'année sabbatique, etc. Le traité introductif Berakhot (Bénédictions) traite des eulogies à prononcer lors de la consommation des produits du sol et, par extension, de la liturgie. 2. Mo‘ed (Fêtes) concerne toutes les festivités. 3. Nashim (Femmes) a trait au mariage, au douaire, au divorce, au lévirat, etc.

4. Neziqin (Dommages) se rapporte au droit civil, au droit pénal et à la procédure judiciaire. Un traité de cette section, Abot (Pères), a une particulière importance : il rapporte les maximes morales et religieuses des « pères » de la Synagogue.

5. Qodashim (Objets consacrés) a principalement pour objet le culte du Temple.

6. Tahorot (Puretés) concerne les états de pureté et d'impureté des hommes et des choses.

Parmi les nombreuses traditions des diverses écoles, le compilateur de la Mishna a opéré un choix. Celles qui ont été omises sont appelées barayta (pluriel baraytot), mot araméen qui signifie « extérieur ». Le terme s'applique aussi bien aux enseignements conservés dans des ouvrages qui forment un commentaire continu des parties législatives du Pentateuque (Mekhilta sur l'Exode, Sifra sur le Lévitique, Sifré sur le livre des Nombres et le Deutéronome), dans les Additions à la Mishna (Tosefta), qu'à ceux qui ne sont connus que par leur citation dans les deux Talmuds (classés méthodiquement en 1938 seulement par M. Higger).

Contrairement à la Mishna, les Baraytot[...]

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Écrit par

  • : docteur en théologie, docteur en histoire de la philosophie, docteur d'État ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Charles TOUATI. TALMUD [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • TALMUD DE BABYLONE

    • Écrit par
    • 184 mots

    Les écoles des amoraim ou enseignants de Terre sainte et de Mésopotamie, où vit une forte population juive, commentent et complètent la Mishna, sécrétant une jurisprudence, la Gemara ou étude. Elles produisent vers 350 dans un climat politique difficile un vaste recueil, le Talmud dit de Jérusalem...

  • ABRAHAM BEN DAVID DE POSQUIÈRES (1125-1199)

    • Écrit par
    • 346 mots

    Célèbre dans le monde juif du xiie siècle par son école talmudique (yeshīvah), Abraham ben David est né à Narbonne, où son père Abraham ben David, qui a eu une influence durable sur son orientation, était président du tribunal religieux. L'école dont il prit la direction à Posquières recevait...

  • ABRAHAM BEN ISAAC DE NARBONNE (1110 env.-1179)

    • Écrit par
    • 202 mots

    Talmudiste et chef spirituel de la communauté de Provence, Abraham ben Isaac de Narbonne est l'auteur du Sefer Eshkol, son ouvrage le plus célèbre, qui est le premier code de juridiction religieuse écrit dans le sud de la France. Président du tribunal de Narbonne, Abraham jouissait d'une autorité...

  • AMORAIM

    • Écrit par
    • 224 mots

    Pluriel de amora, mot araméen de la racine amar (parler, expliquer, interpréter), le terme amoraim désigne les docteurs érudits du judaïsme qui furent en activité depuis la période d'achèvement de la Mishnah (env. 200) jusqu'à l'achèvement des Talmudim de Jérusalem et de Babylone (fin du ...

  • BIBLE - L'étude de la Bible

    • Écrit par
    • 6 436 mots
    ...ce que l'on appelle couramment la littérature rabbinique. Inaugurée par la Mishnah à la fin du iie siècle de notre ère, elle comprend surtout les Talmuds et les Midrashim. Elle est énorme. Ici aussi, les choses ont grandement bougé. Le savant juif américain J. Neusner y est pour beaucoup : n'a-t-on...
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