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TABAC

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Aspects de la consommation

Les modalités du produit

Le tabac froid ne vaut d'être mentionné que du point de vue historique ; il n'intéresse plus qu'un très faible nombre d'amateurs ; sa production était de 15 000 tonnes en 1870, de 11 000 tonnes en 1913, de 6 200 tonnes en 1930 et de 800 tonnes en 1963. On ne peut oublier cependant que la prise fut longtemps le moyen tabagique élégant, depuis Catherine de Médicis jusqu'à Napoléon Ier qui reniflait ses cinq ou six blagues dans les jours d'énervement. La chique, au contraire, a constitué l'utilisation la plus populaire de l'« herbe à Nicot » et on ne saurait en sous-estimer l'importance : nombre de marins et de pêcheurs lui sont longtemps restés fidèles et sa consommation s'est maintenue le long des côtes de la mer du Nord.

Le tabac en paquet est brûlé dans une pipe ou, de plus en plus, roulé en cigarette. La pipe a longtemps gardé la valeur affective qu'a perdue la cigarette devenue industrielle. Sa part dans la consommation est cependant en diminution. Pourtant, elle est l'instrument le plus adéquat à une consommation plaisante et mesurée du tabac. Le plus souvent, le fumeur de pipe est un fumeur moyen et très rares sont ceux qui consomment chaque jour leur paquet de tabac d'un poids moyen de 40 g (équivalant au poids de 40 cigarettes). De plus, moins de 10 p. 100 des fumeurs de pipe inhalent leur fumée, s'exposant ainsi bien moins aux atteintes pulmonaires, comme on le verra, que les fumeurs de cigarette. Mais la pipe demande plus de temps, de soin, d'attention que la cigarette ; elle suppose qu'on l'entretienne, sous peine de la voir devenir sale et nauséabonde. Enfin, la fumée qu'elle dégage, du fait de la température de combustion plus basse, est plus irritante et moins facilement inhalable que celle d'une cigarette.

Le cigare, dont la consommation avait reculé régulièrement au cours du xxe siècle, a retrouvé une certaine faveur dans les pays développés. En France, au cours des années 1990, cigares et cigarillos ont, comme le tabac à rouler, bénéficié d'un effet de transfert, alors que la consommation de cigarettes s'effritait en volume, en raison notamment de hausse de la taxation. Leur part dans la consommation de tabac demeure toutefois très minoritaire.

La cigarette est un objet relativement plus récent ; apparue au milieu du xixe siècle, elle est longtemps méprisée : les adversaires politiques de Napoléon III l'appellent avec dédain l'« homme à la cigarette ». Mais très vite son usage remplace les autres mœurs tabagiques : en 1860, on n'en compte encore que 7 millions, et 17 millions en 1870 ; mais le milliard est dépassé en 1893, les 10 milliards en 1924, et l'on en produit presque 20 milliards à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Au début du xxie siècle, la production mondiale de cigarettes était de 6 000 milliards d'unités.

Cet extraordinaire développement de la consommation des cigarettes est l'élément central de la question que se posent aujourd'hui médecins et gouvernants au sujet du tabac. Plus que l'augmentation énorme de la quantité globale de tabac absorbé par chaque individu, la nature même de ce mode de consommation tabagique conduit désormais à la réprobation, voire à la condamnation d'une manie longtemps jugée bénigne. En effet, la cigarette se consume en développant à l'intérieur du cône d'ignition une chaleur nettement supérieure à celle à laquelle s'élève une pipe ou un cigare ; or, à forte température, la pyrolyse du tabac engendre une polymérisation responsable de l'apparition de certains hydrocarbures polycycliques dont le fort pouvoir cancérigène est connu. L'inhalation de ces éléments constitue le risque majeur de l'inhalation de la fumée du tabac.[...]

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Classification

Pour citer cet article

Encyclopædia Universalis et Olivier JUILLIARD. TABAC [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

Médias

Tabac - crédits : Bruce Hands/ The Image Bank/ Getty Images

Tabac

Plantation de tabac - crédits : john harding photography/ Moment / Getty Images

Plantation de tabac

Campagne contre le tabagisme - crédits : www.inpes.sante.fr

Campagne contre le tabagisme

Autres références

  • INTRODUCTION DU TABAC EN FRANCE

    • Écrit par
    • 222 mots
    • 1 média

    Appelée tabaco aux Antilles et en Amérique, petun au Brésil, l'herbe rapportée de ce dernier pays en 1556 par un moine cordelier, André Thivet, serait restée un simple objet de curiosité si Jean Nicot, lors de son ambassade au Portugal, n'en avait fait parvenir des grains, en 1561, à Catherine de...

  • AGNOTOLOGIE

    • Écrit par
    • 4 992 mots
    • 2 médias
    – au-delà du cas paradigmatique que Proctor explore dans Golden Holocaust, celui de l’industrie du tabac, sur lequel existent les archives publiques les plus nombreuses, ces exemples montrent comment, dans certains contextes, on peut « jouer » la science contre la science, utiliser les formalismes,...
  • APPALACHES

    • Écrit par , et
    • 5 988 mots
    À l'ouest, la Virginie est renommée pour ses vergers de pommiers et son importante production de tabac à cigare. Pratiquée sur des exploitations de petite taille, cette culture prend aussi une place prépondérante dans l'ensemble du piémont central, mais le tabac y est de moins bonne qualité : la région...
  • ARÔMES

    • Écrit par
    • 1 089 mots
    • 1 média

    Ensemble de composés volatils odorants émanant d'un aliment et perçu par la voie rétronasale lors de son absorption. Les arômes représentent une composante de la saveur, résultant elle-même de l'ensemble des sensations gustatives et olfactives. Ces molécules, dont la proportion globale...

  • CANCER - Cancer et santé publique

    • Écrit par
    • 14 762 mots
    • 8 médias
    ...épidémiologiques ayant démontré, à l'échelle de la population, l'importance prééminente de facteurs extérieurs à l'organisme sont celles qui concernent le tabac. Entre 1930 et 1950, devant l'extraordinaire augmentation de la fréquence du cancer du poumon, les cancérologues suspectèrent les gaz d'échappement...
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