Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DALÍ SALVADOR (1904-1989)

Dalí et le surréalisme

Salvador Dalí - crédits : Eric Schaal/ The LIFE Images Collection/ Getty Images

Salvador Dalí

Dalí est sans conteste l'un des principaux animateurs et l'un des peintres les plus connus du mouvement surréaliste, figure emblématique de la peinture ultra-réaliste inspirée par les toiles de De Chirico et incarnée en outre par Tanguy et Magritte. Thuriféraire de la tradition académique européenne, admirateur inconditionnel de la « photographie conforme » d'un Vermeer ou d'un Meissonier, sa tendance au classicisme, une fois détachée de la représentation illusionniste de visions oniriques, fournira l'un des motifs de son exclusion du groupe surréaliste.

Pour l'heure et jusqu'en 1929, Dalí expérimente les diverses techniques surréalistes de surgissement d'images (automatisme, taches, incorporation de matériaux divers tels que le sable), mais évite de s'engager trop avant avec le groupe lui-même.

Son adhésion officielle date de sa première exposition personnelle organisée à Paris par la galerie Goemans en 1929. André Breton rédige la Préface au catalogue, texte dans lequel s'affirme son admiration pour l'œuvre de Dalí : « C'est peut-être avec Dalí, la première fois que s'ouvrent toutes grandes les fenêtres mentales et qu'on va se sentir glisser vers la trappe du ciel fauve [...]. L'art de Dalí, jusqu'à ce jour le plus hallucinatoire qu'on connaisse, constitue une véritable menace. Des êtres absolument nouveaux, visiblement mal intentionnés, viennent de se mettre en marche. C'est une joie sombre de voir comme rien n'a plus lieu sur leur passage qu'eux-mêmes et de reconnaître, à leur façon de se multiplier et de fondre, que ce sont des êtres de proie. » Si l'enthousiasme de Breton est à n'en pas douter sincère, Dalí n'en arrive pas moins à point nommé dans l'histoire déjà mouvementée du surréalisme pour en regonfler les rangs clairsemés. Le groupe en effet traverse sa première crise grave, l'exclusion de Georges Bataille, Robert Desnos, Michel Leiris, Raymond Queneau entre autres, événement déclencheur de la rédaction du Second Manifeste du Surréalisme (publié en 1930) et de la fondation de la revue sécessionniste Documents. L'arrivée de Dalí dans la sphère du surréalisme, son désir de « conquête de l'irrationnel » apparaissent dès lors comme un nouveau souffle des plus inespérés. La démarche de Dalí, quant à elle, n'est pas non plus dépourvue d'arrière-pensées : le Journal d'un génie le montre occupé à « étudier consciencieusement, en les décortiquant jusqu'au plus petit osselet, les mots d'ordre et les thèmes » surréalistes, décidé à devenir le « surréaliste intégral » et éventuellement à prendre ensuite la tête du mouvement ; outre cette ambition, son entrée dans le groupe lui permet de s'affirmer rapidement sur la scène parisienne. Cette part d'intérêts bien compris ne saurait masquer les réelles convergences et l'apport profond de Dalí à l'art surréaliste ; à partir de 1929, il prend part aux différentes activités du groupe, publie dans ses revues successives (Le Surréalisme au service de la révolution et Minotaure) et illustre des ouvrages de ses principaux écrivains et poètes (en particulier des recueils d'André Breton et de Paul Eluard, ainsi que Les Chants de Maldoror de Lautréamont).

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Guitemie MALDONADO. DALÍ SALVADOR (1904-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Salvador Dalí - crédits : Eric Schaal/ The LIFE Images Collection/ Getty Images

Salvador Dalí

Salvador Dalí - crédits : Charles Hewitt/ Picture Post/ Getty Images

Salvador Dalí

Autres références

  • SALVADOR DALÍ. DÉSIRS INASSOUVIS (J.-L. Gaillemin)

    • Écrit par Thierry DUFRÊNE
    • 1 030 mots

    Tiré d'une thèse d'université, l'ouvrage de Jean-Louis Gaillemin Salvador Dalí. Désirs inassouvis. Du purisme au surréalisme 1925-1935 (éditions Le Passage, Paris, 2002) analyse un pan peu connu de l'œuvre de Dalí : son évolution du purisme au surréalisme. L'auteur se distingue...

  • BUÑUEL LUIS (1900-1983)

    • Écrit par Jean COLLET
    • 2 721 mots
    • 3 médias
    ...héros de Tristana, don Lope, il aura toute sa vie des amis prêtres, religieux ou religieuses. Étudiant à Madrid, il rencontre Federico García Lorca et Salvador Dalí. Avec ce dernier, il écrira le scénario du Chien andalou. Le mariage de Dalí avec Gala mettra fin à leur amitié en 1930, alors que Buñuel...
  • GALA ELENA DIMITROVNIE DIAKONOVA dite (1892 env.-1982)

    • Écrit par Jean-Charles GATEAU
    • 910 mots

    Gala existe surtout comme figure tutélaire du surréalisme, à l'interférence des œuvres de Paul Eluard, de Max Ernst et de Salvador Dalí.

    Née vers 1892, Elena Dimitrovnie Diakonova, fille d'un avocat russe, étudiante, soigne une affection pulmonaire (ou psychique, selon La Vie secrète...

  • LES CHOSES. UNE HISTOIRE DE LA NATURE MORTE (exposition)

    • Écrit par Robert FOHR
    • 1 178 mots
    • 1 média
    Après la section intitulée « Sélectionner, collectionner, classer » où se glissait une œuvre très élaborée deSalvador Dalí, Nature morte vivante (1956, musée Dalí, Saint Petersburg, Floride), toile dans laquelle le désordre prend le pas sur le classement dans une sorte de parodie de la...
  • POMPIER, art

    • Écrit par Jacques THUILLIER
    • 4 020 mots
    • 7 médias
    ...type même du pompier, et revenu en peu d'années au rang de l'un des génies du siècle (PierreLouis Mathieu, Gustave Moreau, Paris, 1976). De son côté, Salvador Dalí, avec son outrance paradoxale mais efficace, présente dès 1967 son Hommage à Meissonier (hôtel Meurice, Paris), où il défend non seulement...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi