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BARRE RAYMOND (1924-2007)

Homme politique français, Raymond Barre naît le 12 avril 1924 à Saint-Denis, sur l'île de la Réunion. La carrière universitaire le séduit dans un premier temps. Il commence en effet par obtenir son agrégation de droit et de science économique en 1950 et est nommé professeur à la faculté de droit de Caen. Comme universitaire, on doit notamment à cet « esprit carré dans un corps rond », ainsi qu'il se définissait lui-même, la publication d'un Traité d'économie politique (1959) maintes fois traduit, réédité et recommandé à des générations d'étudiants, ainsi que la traduction d'un célèbre ouvrage du libéral Friedrich von Hayek, Scientisme et sciences sociales. Essai sur le mauvais usage de la raison (1953).

Dès la fin des années 1950, la politique commence à l'éloigner de cet univers académique. De 1959 à 1962, il devient ainsi directeur de cabinet de Jean-Marcel Jeanneney, ministre de l'Industrie, poste à partir duquel il débute une nouvelle carrière en acceptant différentes responsabilités à dominante économique, notamment dans le cadre des services du plan. Européen déterminé, il est vice-président de la Commission européenne de Bruxelles en charge des Affaires économiques et financières de 1967 à 1973. Dans le cadre de ces fonctions, il sera associé à diverses initiatives qui seront à l'origine de la création d'une unité de compte européenne. Il laissera également son nom à un « premier plan Barre », impulsant au niveau supranational européen une concertation des politiques économiques placée au service d'un renforcement de la convergence des orientations nationales.

En janvier 1976, Raymond Barre opère un nouveau redéploiement : il est nommé ministre du Commerce extérieur, avant d'accéder le 25 août 1976 – au moment où Jacques Chirac décide de rompre avec Valéry Giscard d'Estaing et de s'en aller fonder le R.P.R. – au poste de Premier ministre, à la tête d'une formation de trois ministres d'État, treize ministres, un ministre délégué et dix-neuf secrétaires d'État. À l'époque, le président de la République doit constamment se préoccuper d'apaiser les tensions régnant au sein de sa majorité. Pour mener à bien cette mission, il va trouver en Barre un Premier ministre au profil moins politique, et plus technicien, qui y gagnera le sobriquet de « meilleur économiste de France » dont il se serait bien passé. En effet, les réformes les plus populaires du septennat de Giscard d'Estaing – droit de vote à dix-huit ans, dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse notamment – ont déjà été conduites par Chirac. Barre arrive aux affaires à la suite du premier choc pétrolier, au moment du démarrage d'une inflation à deux chiffres, et de la croissance d'un chômage de masse. Le cycle des Trente Glorieuses s'achève et, en réponse à la crise, Barre met en œuvre une politique d'austérité qui se révélera un échec sur le terrain de l'emploi et dont les résultats ne seront sans doute pas étrangers à l'élection de François Mitterrand du 10 mai 1981.

Raymond Barre se replie alors sur Lyon où il se fait réélire député à l'Assemblée nationale en juin 1981. En 1978, il s'était déjà présenté à Lyon, dans la 4e circonscription du Rhône, acquise à la droite. Il y sera réélu sans discontinuer jusqu'à son retrait de la vie politique, en 2002. Le sésame de cette réussite politique renvoie à un cursus moderne caractérisé par une phase initiale d'apprentissage au sein des hautes sphères politico-administratives de l'appareil d'État, s'enchaînant ensuite sur celle de l'implantation électorale via la captation d'un mandat national, elle-même préalable à une stratégie de consolidation locale orchestrée autour de la conquête des fonctions de maire. Signe distinctif[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en science politique à l'université de Paris-X-Nanterre, membre du Groupe d'analyse politique

Classification

Pour citer cet article

Éric PHÉLIPPEAU. BARRE RAYMOND (1924-2007) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHANGE - L'intégration monétaire européenne

    • Écrit par Christian BORDES
    • 14 365 mots
    • 6 médias
    Le 12 février 1969, un mémorandum de la Commission – plus connu sous le nom de premier plan Barre – stipule la nécessité pour l'Europe de converger, parallèlement à l'intégration économique, vers une meilleure coordination des politiques macroéconomiques et un rapprochement des politiques monétaires....
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - La période post-gaullienne (1969-1981)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 6 934 mots
    • 4 médias
    ...président y est opposé. Estimant qu'il a plus à perdre qu'à gagner à rester à Matignon, Jacques Chirac donne sa démission en août 1976. Il est remplacé par Raymond Barre, ministre du Commerce extérieur peu connu du grand public. Économiste réputé, celui-ci cumulera sa fonction avec celle de ministre de l'Économie...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Mitterrand (1981-1995)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 7 342 mots
    • 7 médias
    Évidemment, le Premier ministre Jacques Chirac a bien l'intention de défier le président sortant dans les urnes. MaisRaymond Barre, qui était très discrédité dans les dernières années de son séjour à Matignon, s'était aussi refait une santé pendant le premier septennat. Les difficultés générées par...
  • FRANCE (Le territoire et les hommes) - Un siècle de politique économique

    • Écrit par Pascal GAUCHON, Philippe LÉGÉ
    • 21 153 mots
    • 3 médias
    ...à des aides aux entreprises. La croissance se redresse, mais le chômage ne diminue pas et le déficit commercial réapparaît. Aussi, en septembre 1976, Raymond Barre devient-il Premier ministre tout en assumant directement la direction de l'économie et des finances. Il condamne la « politique de l'escarpolette...

Voir aussi