Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

QUASARS

Les galaxies de Seyfert

En 1943, l'astronome américain Carl K. Seyfert isolait une classe de galaxies qui désormais portent son nom. Ces galaxies sont caractérisées par un noyau compact et brillant dont le spectre présente des raies en émission intenses et larges, ce qui indique que le gaz responsable de cette émission est animé de mouvements rapides pouvant atteindre plusieurs milliers de kilomètres par seconde. Ces galaxies semblaient être rares : la liste de Seyfert n'en contenait que douze. L'article par lequel Seyfert annonçait sa découverte passa inaperçu pendant près de vingt ans. Puis, après la découverte des quasars, on s'avisa que le spectre des noyaux des galaxies de Seyfert et celui des quasars présentaient des similitudes frappantes. Une étude approfondie montra cependant que les douze galaxies de Seyfert ne pouvaient pas être considérées comme représentant un phénomène physique unique. En 1973, on distingua deux classes principales ; on les appela Seyfert 1 et Seyfert 2. Les noyaux des galaxies de Seyfert 1 ont toutes les propriétés des quasars : raies d'émission larges, composante optique compacte et variable, émissivité X, mais ils sont beaucoup moins brillants. Entre-temps, on s'était aperçu que les moins lumineux des quasars présentaient sur les meilleurs clichés une faible nébulosité entourant le noyau « quasi stellaire ». L'idée émergea alors que les quasars ne sont rien d'autre que des noyaux de Seyfert de type 1 si brillants que la galaxie sous-jacente est complètement oblitérée et ne peut être détectée. À l'inverse, on peut dire que les noyaux des galaxies de Seyfert 1 sont des quasars de luminosité si faible que les galaxies qui les entourent apparaissent presque normales, mis à part un noyau un peu trop brillant. Près de 2 p. 100 des galaxies proches ont un noyau de type Seyfert 1 ; le phénomène quasar est donc extrêmement fréquent. Cependant, les quasars sont d'autant moins nombreux que leur luminosité est plus grande. Mais un noyau de type Seyfert 1 ne peut être détecté que s'il est suffisamment brillant comparé à la condensation centrale des galaxies qui, elle, est constituée d'étoiles. On peut donc imaginer qu'une fraction plus importante encore de toutes les galaxies contienne un miniquasar, que les techniques actuelles ne permettent pas de détecter. Cette hypothèse a été confirmée par deux découvertes. La première a montré que l'une des galaxies les plus proches, M 81, contenait un miniquasar dont la luminosité est près de dix fois inférieure à celle du noyau de Seyfert 1 le plus faible connu jusqu'alors ; ce miniquasar est, comme les autres, une source de rayonnement X. La seconde découverte a été la détection d'une source de rayonnement X compacte dans le noyau d'un certain nombre de galaxies jusqu'alors considérées comme normales ; une étude optique plus complète de ces galaxies a permis de montrer que, dans presque tous les cas, elles présentaient effectivement les caractéristiques des miniquasars.

Galaxie de Seyfert : spectre - crédits : Encyclopædia Universalis France

Galaxie de Seyfert : spectre

L'une des caractéristiques du spectre optique des quasars et galaxies de Seyfert 1 est d'avoir des raies d'émission dues aux atomes d' hydrogène très larges, indiquant, nous l'avons vu, des mouvements de plusieurs milliers de kilomètres par seconde ; mais à ces raies larges de l'hydrogène se superposent des raies en émission plus étroites dues aux atomes hydrogène, oxygène, azote, soufre, etc.. Les intensités relatives de ces raies montrent que les conditions physiques qui règnent dans le gaz où elles sont formées sont très particulières et très différentes de celles que l'on observe dans les régions d'hydrogène ionisé par des étoiles chaudes. Le spectre des noyaux de galaxies de Seyfert 2 est identique à celui des raies étroites des quasars, mais on n'observe pas dans ces galaxies de noyau optique compact[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : astronome à l'Observatoire de Haute-Provence, ancien élève de l'École polytechnique, docteur ès sciences

Classification

Pour citer cet article

Philippe VÉRON. QUASARS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Marin Ryle et la radioastronomie - crédits : Ron Case/ Hulton Archive/ Getty Images

Marin Ryle et la radioastronomie

Variation de luminosité - crédits : Encyclopædia Universalis France

Variation de luminosité

Galaxie de Seyfert : spectre - crédits : Encyclopædia Universalis France

Galaxie de Seyfert : spectre

Autres références

  • DÉCOUVERTE DES QUASARS

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 296 mots

    Les premières cartes radio du ciel, élaborées dans les années 1950 et 1960, montrent que, en dehors des sources radio appartenant à notre Galaxie et d'objets identifiés à d'autres galaxies, il existe des sources de petit diamètre apparent qui coïncident avec des objets d'apparence...

  • ASTROMÉTRIE

    • Écrit par Jean KOVALEVSKY
    • 6 512 mots
    • 9 médias
    ... des astres qui n'ont pas de mouvement de rotation d'ensemble détectable. C'est le cas des galaxies lointaines et, en particulier, des quasars. Un tel système est dit cinématique. L'Union astronomique internationale a décidé en 1991 de se rapporter plutôt à un système cinématique. Il...
  • ASTRONOMIE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 11 339 mots
    • 20 médias
    ...inattendues d'objets se manifestent : les radiogalaxies –  galaxies d'apparence normale mais émettant un flux radio très élevé –, puis, en 1963, les quasars – qu'on sait aujourd'hui être des noyaux de galaxies extraordinairement actifs –, et, en 1967, les pulsars. Ces derniers sont...
  • GAIA, mission

    • Écrit par François MIGNARD
    • 6 981 mots
    • 4 médias
    Pour positionner les étoiles, le système de référence utilisé reposait sur la position de 2 000 quasars (galaxies très éloignées et sans mouvement apparent sur le plan du ciel) localisés avec précision pour la première fois dans le domaine visible, et donc accessibles directement à l’immense majorité...
  • GALAXIES

    • Écrit par Danielle ALLOIN, André BOISCHOT, François HAMMER
    • 10 087 mots
    • 13 médias
    ...été découvertes en 1963 grâce à leur émission radioélectrique. Elles sont impossibles à distinguer des étoiles sur les clichés du ciel, d'où leur nom de quasars (abrégé de quasi stellar radio sources). Dans le domaine des ondes radio, elles se caractérisent par une émission très intense provenant d'une...
  • Afficher les 16 références

Voir aussi