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PALESTINE

L'histoire

Les temps historiques commencent, en Mésopotamie et en Égypte, avec l'apparition de l'écriture, tandis qu'en Palestine, où, au Bronze ancien, le développement technologique, économique, social et culturel ne dépasse jamais, semble-t-il, le niveau qu'il avait atteint dans les agglomérations mésopotamiennes du IVe millénaire, l'écriture n'apparaîtra pas avant la seconde moitié du IIe millénaire. La Palestine du IIIe millénaire ne sortirait donc pas de la protohistoire ou de la parahistoire. Pourtant, prenant en considération le fait qu'au Bronze ancien II la Palestine est parvenue à un stade de surproduction, de centralisation et de redistribution des surplus alimentaires – que cette surproduction ait été provoquée par la nécessité d'organiser collectivement la défense contre un ennemi, ou bien par celle de payer tribut à un conquérant –, on admet généralement que ce nouvel ordre économique, social et politique marque l'entrée de la Palestine dans l'histoire vers le début du IIIe millénaire avant J.-C.

En raison des désaccords qui subsistent entre spécialistes à propos des dates, désaccords portant parfois, à haute époque, sur plusieurs siècles, il n'a pas toujours été possible de situer tel ou tel fait dans le temps avec toute la précision souhaitable.

Période cananéenne (du début du IIIr millénaire à la fin du XIIIe siècle av. J.-C.)

Le IIIe millénaire : le Bronze ancien II, la civilisation cananéenne

Largement ouverte aux influences extérieures, la Palestine entretient alors des relations d'une importance considérable avec l'Égypte. En de nombreux endroits du territoire palestinien ont été découverts des objets en provenance d'Égypte. Mais, si l'influence de l'Égypte paraît grande, alors, dans le sud de la Palestine, plus importante même qu'à Byblos qui ne communique avec l'Égypte que par mer, en retour celle de la Palestine sur l'Égypte n'est pas négligeable : ainsi, dans ce dernier pays, de nombreux vases, ayant peut-être servi à transporter des huiles ou des parfums, ont été trouvés dans des tombes royales comme dans des tombes privées ; grâce à ceux-là, on a pu établir que le Bronze ancien II palestinien était contemporain de la Ire dynastie égyptienne, laquelle aurait été fondée vers le début du IIIe millénaire. Passé le moment des contacts pacifiques, la pénétration égyptienne, les rivalités locales semblent avoir provoqué une réorganisation des agglomérations palestiniennes, qui conduisit à leur développement économique et social : la construction de remparts amena, en effet, à ordonner la distribution des habitations, qu'ils enserraient, en fonction des principes d'un urbanisme élémentaire (aménagement de rues, de greniers et autres bâtiments publics), à organiser une répartition – et donc une hiérarchisation – des tâches, en conséquence à accroître la production de chacun afin de pouvoir subvenir aux besoins de tous. Mais il ne s'agit sans doute encore que de villages fortifiés, car ces agglomérations, où l'artisanat est encore peu développé et l'organisation sociale peu élaborée, ne paraissent pas avoir été des marchés, des centres régulateurs et distributeurs des ressources à l'échelle d'une région ; en ce sens, ce n'est, estime-t-on, qu'au IIe millénaire, avec les Hyksôs, que l'on pourra parler de villes en Palestine. La qualité de la céramique témoigne en faveur de la prospérité du pays à cette époque. Deux stèles, en assez mauvais état de conservation, sur lesquelles on reconnaît dans un cas un, dans l'autre trois personnages, révèlent, selon toute vraisemblance, l'existence d'une école locale de sculpture s'inspirant, non sans gaucherie, de modèles égyptiens. Les sanctuaires de Aï, qui dateraient de la première moitié[...]

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Écrit par

  • : ancien pensionnaire de l'École archéologique française de Jérusalem, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (section des sciences religieuses, Sorbonne), directeur du Centre interdisciplinaire d'étude de l'évolution des idées, des sciences et techniques (université de Paris-Sud, Orsay)
  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, Ernest-Marie LAPERROUSAZ et Robert MANTRAN. PALESTINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Crâne surmodelé en argile, Jéricho - crédits :  Bridgeman Images

Crâne surmodelé en argile, Jéricho

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers - crédits : Encyclopædia Universalis France

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers

<it>Athalie chassée du Temple</it>, A. Coypel - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Athalie chassée du Temple, A. Coypel

Autres références

  • ABDALLAH ou ABD ALLAH (1882-1951) roi de Jordanie (1946-1951)

    • Écrit par Universalis
    • 467 mots

    Émir autonome de Transjordanie (à partir de 1921) puis roi de Jordanie (1946-1951), né en 1882 à La Mecque, mort le 20 juillet 1951 à Jérusalem.

    Deuxième fils de ̣Husayn ibn ‘Alī, chérif de La Mecque et roi du Hedjaz, Abdallah fait ses études à Istanbul, alors capitale de l'Empire...

  • ACRE ou AKKA, anc. SAINT-JEAN-D'ACRE

    • Écrit par Robert MANTRAN
    • 336 mots

    Ville et port de Palestine, qui apparaît dans l'Ancien Testament sous le nom de ‘Acco et au temps des Ptolémées d'Égypte sous celui de Ptolemaïs, époque où elle connut une certaine prospérité. Conquise par les Arabes en 636, elle fut reconstruite peu après et son port réaménagé à la fin du ...

  • AMALÉCITES

    • Écrit par André PAUL
    • 176 mots

    Confédération de tribus nomades dans le désert du Sinaï. On connaît les Amalécites par la Bible comme ennemis permanents d'Israël. Les deux groupes entrèrent en conflit lors du séjour des Hébreux dans le nord du Sinaï, probablement pour le contrôle de l'oasis de Cadès (Exode, ...

  • ANTIGONE (mort en 37 av. J.-C.) roi des Juifs (40-37 av. J.-C.)

    • Écrit par Marguerite JOUHET
    • 439 mots

    Fils d'Aristobule II, Antigone est le dernier roi asmonéen. Son règne est marqué par la lutte pour le pouvoir entre les Asmonéens et les Hérodiens d'Idumée.

    À son arrivée en ~ 63 en Judée, Pompée dépose le roi Aristobule II et l'emmène à Rome comme prisonnier où, libéré par César,...

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Voir aussi