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STERLING LIVRE

La livre, monnaie clé internationale

La monnaie britannique se trouve, pendant le xixe siècle, au cœur de l'étalon de change-or ou étalon sterling qui de facto fonctionne à la place du prétendu étalon or.

La balance des paiements

Le Royaume-Uni, pour alimenter sa croissance, est tributaire de ses importations et il exporte moins en valeur qu'il n'importe. Du point de vue de sa trésorerie, le pays devrait régler ses dettes à court terme par des transferts d'or à l'étranger. Cependant, ces transferts sont restreints, les créanciers de l'Angleterre préfèrent acquérir des avoirs libellés en livres sterling – dépôts bancaires rémunérés, lettres de change et acceptations bancaires non échues, bons du Trésor, British consols (titres de rente perpétuels sur la Couronne) –, donc des engagements à court et à long terme du système financier britannique envers des non-résidents. Par ailleurs, en tant que principal investisseur en placements financiers et en participations industrielles, le pays est exportateur net de capitaux à long terme dans le reste du monde. Il encaisse les revenus, les dividendes et les intérêts de ses investissements physiques et de ses actifs financiers à l'étranger. La création dans les pays de l'Empire britannique en 1825 de currencyboards chargés de l'échange à parité fixe des monnaies locales contre des livres sterling garantit le retour des revenus dans des conditions de sécurité totale. Au final, le Royaume-Uni n'est soumis qu'à une contrainte extérieure peu intense.

Londres, marché monétaire international

L'avantage pour l'Angleterre est évident. Elle ne perd pas son stock d'or qui, du reste, est particulièrement limité. En acceptant de s'endetter à court terme dans sa propre monnaie, elle se procure des ressources qu'elle réinvestit à long terme à l'étranger. L'Angleterre en tant que pays centre, la City en l'occurrence, se comporte comme une banque pratiquant la transformation des échéances (elle « emprunte court » et « prête long »), dégageant une marge d'intérêt et de nombreuses commissions qui rémunèrent une gamme étendue de services financiers rendus aux pays périphériques à des coûts plus faibles que partout ailleurs. Le volume des opérations monétaires entre les banques britanniques et le reste du monde fait de Londres le marché le plus profond et le plus liquide, celui qui précisément assure la liquidité des actifs et offre toute l'information pertinente au public invité à consolider et diversifier la composition de ses portefeuilles.

Pour les créanciers à court terme de l'Angleterre, l'avantage est réciproque. Un règlement en or de leur créance serait improductif ; un dépôt bancaire en sterling, au contraire, est productif d'intérêts en fait indexés sur le taux d'escompte, le Bank rate, de la Banque d'Angleterre. Les choix d'actifs accessibles sont très diversifiés ; les avoirs liquides et sûrs s'arbitrent contre des actifs plus risqués mais mieux rémunérés. Enfin, les avoirs détenus sur une banque londonienne peuvent être utilisés n'importe où dans le monde pour régler des dettes nées de l'échange international. Il suffit, par lettre ou par câble, d'aviser son banquier à Londres d'un transfert de propriété sur tout ou partie d'un avoir en dépôt au bénéfice du créancier, lequel verra son propre compte chez un correspondant londonien crédité du montant transféré. Aucun transfert d'or, coûteux, n'aura été nécessaire.

En outre, les débiteurs à long terme de l'Angleterre, les États indépendants d'Amérique latine, les États-Unis, etc. trouvent à Londres les prêts bancaires à long terme et les émissions d'obligations qu'ils ne pourraient contracter chez eux et qui leur permettent de financer leurs grands[...]

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Écrit par

  • : docteure en sciences économiques, professeure des Universités en sciences économiques
  • : professeur de sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu, directeur du Groupe de recherche en analyse et politique économiques, unité mixte du C.N.R.S. 5113
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Sophie BRANA, Universalis et Dominique LACOUE-LABARTHE. STERLING LIVRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Avoirs étrangers (France, Angleterre, Allemagne) à la veille de la Première Guerre mondiale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Avoirs étrangers (France, Angleterre, Allemagne) à la veille de la Première Guerre mondiale

Balances sterling : évolution - crédits : Encyclopædia Universalis France

Balances sterling : évolution

Royaume-Uni : déficits extérieurs (1964-1968) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Royaume-Uni : déficits extérieurs (1964-1968)

Autres références

  • AN ENQUIRY INTO THE NATURE AND EFFECTS OF THE PAPER CREDIT OF GREAT BRITAIN, Henry Thornton - Fiche de lecture

    • Écrit par Jérôme de BOYER
    • 1 032 mots

    Évangéliste, banquier et économiste, Henry Thornton (1760-1815) entra au Parlement britannique à vingt-deux ans (1782) et y siégea jusqu'à sa mort. Il soutenait le gouvernement tory du second Pitt et s'illustra dans les débats de politique monétaire et financière. C'est pour défendre la décision...

  • BANQUE D'ANGLETERRE

    • Écrit par Georges BLUMBERG
    • 1 233 mots
    • 2 médias

    Fondée en 1694 par un groupe de marchands londoniens pour prêter 1 200 000 livres au roi Guillaume III en échange de l'octroi du privilège d'émission, la Banque d'Angleterre (Bank of England, BOE) obtint en 1709, avec le renouvellement de sa charte, le monopole de l'exercice en société de la...

  • CALLAGHAN JAMES (1912-2005)

    • Écrit par Jacques LERUEZ
    • 830 mots

    James Leonard Callaghan a été Premier ministre travailliste du Royaume-Uni d'avril 1976 à mai 1979. Sa défaite électorale provoqua l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher.

    Né le 27 mars 1912 à Portsmouth, dans une famille modeste, orphelin de père, il reçoit de sa mère, baptiste...

  • CAPITALISME - Histoire

    • Écrit par Patrick VERLEY
    • 6 264 mots
    • 1 média
    ...vie, mais à population énorme. La multiplication des produits nouveaux par l'industrialisation favorisait les complémentarités entre pays industriels. Les échanges de marchandises étaient aussi facilités par l'acceptation d'une liquidité internationale commune, le sterling, et par un système multilatéral...
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Voir aussi