Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LISTÉRIOSE

Causée par une bactérie, la listériose est une maladie infectieuse commune aux hommes et aux animaux, c'est-à-dire une zoonose provoquée par la bactérie Listeria monocytogenes. La listériose humaine est une maladie d'origine alimentaire se manifestant soit sur un mode épidémique, soit sur un mode endémique. Elle survient le plus souvent chez les femmes enceintes, les immunodéprimés, ou aux âges extrêmes de la vie. La maladie est encore relativement rare et essentiellement limitée aux pays développés, mais sa fréquence augmente dans de nombreux pays, probablement en raison de l'expansion de l'industrie agroalimentaire et des systèmes de conservation réfrigérée nécessaire à la grande distribution. En contrepartie, l'amélioration du diagnostic clinique et bactériologique a permis de mieux contrôler le risque épidémique, au prix d'une vigilance extrême.

Une bactérie ubiquitaire

La bactérie responsable est isolée pour la première fois par Hülphen en 1911 en Suède, à partir d'un foie de lapin, mais ce n'est qu'à partir de 1920 que Murray et ses collaborateurs mettent en évidence son rôle lors d'une épidémie survenue chez des lapins, à Cambridge. Ils observent une mononucléose chez les animaux, et lui donnent le nom de Bacteriummonocytogenes. Nyfeldt observe la bactérie chez l'homme en 1929 et suppose avoir découvert l'agent de la mononucléose infectieuse. Mais ce n'est qu'en 1934 que Burn montre le rôle que joue cette bactérie dans les méningites du nouveau-né. Enfin, Pirié propose en 1940 le nom de Listeria monocytogenes, qui sera définitivement reconnu et conservé. Le rôle de cette bactérie en pathologie animale et surtout humaine va grandissant. Les récentes épidémies en Europe, et particulièrement en France au cours depuis les années 1990, ont rendu cette bactérie « médiatique » car bien connue du grand public.

En dehors du contexte infectieux, cette bactérie ubiquitaire a été isolée du sol, de l'eau de rivières et de lacs, de végétaux en décomposition, des égouts, des prairies et des végétaux ensilés, de l'environnement agro-industriel, du lait, des aliments, et du tube digestif humain. Listeria monocytogenes est capable de survivre et de se multiplier dans le sol et dans l'eau, mais aussi sur les surfaces et équipements agroalimentaires où elle forme des biofilms. De plus, c'est une bactérie psychrophile (capable de croître à moins de 20 0C) qui peut se multiplier jusqu'à + 4 0C, qui résiste à pH 4,5 et à la congélation, et survit dans 30 p. 100 de chlorure de sodium. Pour les bactériologistes, Listeria monocytogenes est un petit bacille Gram positif, non capsulé, non sporulé, mobile à la température de 20-25 0C, aéro-anaérobie facultatif. Il pousse bien sur les milieux usuels et se multiplie bien entre pH 6 et 9. Cette dernière propriété est utilisée comme méthode d'enrichissement. Ce bacille est oxydase négative, catalase positive, béta-hémolytique sur gélose au sang de mouton. Il hydrolyse l'esculine, et utilise le D-glucose et le L-rhamnose. L'étude antigénique de la bactérie a permis de distinguer plusieurs variantes (sérovars). La grande majorité des cas humains sont provoqués par les sérovars 1/2a, 1/2b et 4b.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chef de laboratoire, directeur du C.N.R. des listeria, laboratoire des listeria, Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Paul M.V. MARTIN. LISTÉRIOSE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CELLULE - Les mouvements

    • Écrit par Michel BORNENS, Matthieu PIEL
    • 6 582 mots
    • 3 médias
    ...différent de la nage. Il s'agit des bactéries pathogènes, dont le développement dans l'organisme est intracellulaire. Ainsi, la bactérie responsable de la listériose (Listeria monocytogenes) est capable d'abandonner ses flagelles lorsqu'elle pénètre dans une cellule et d'utiliser à son profit les systèmes...
  • ROUXIELLA CHAMBERIENSIS

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 1 283 mots

    En décembre 2013, trois nourrissons grands prématurés décédaient à l’hôpital de Chambéry. Un quatrième, également infecté, devait survivre. Très rapidement, les enquêteurs s’orientent vers une contamination des poches de nourriture parentérale utilisées pour alimenter ces nourrissons. La cellule d’intervention...

Voir aussi