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CELLULE Les mouvements

Le mouvement est, avec la capacité de reproduction, l'une des propriétés qui définissent le vivant. Au niveau cellulaire, certains mouvements peuvent être observés à l'aide du microscope optique conventionnel, tandis que d'autres se produisent à une échelle de dimension quasi moléculaire et requièrent des microscopes plus perfectionnés. En effet, les structures spécialisées dans la production de mouvement, comme la myofibrille du muscle ou le flagelle du spermatozoïde, sont de véritables automates moléculaires dont les dimensions ne sont que légèrement supérieures à celles des macromolécules qui les constituent.

Les bases mécano-chimiques des mouvements cellulaires reposent toutes sur l'utilisation d'un nucléotide, adénosine triphosphate (ATP) ou guanosine triphosphate (GTP), dont l'hydrolyse contrôlée fournit l'énergie nécessaire au mouvement. La liaison entre deux phosphates attachés à ces molécules représente donc la source universelle d'énergie dans le vivant.

Dans le présent article, nous nous limiterons à l'étude des événements accessibles à l'observation directe. Après avoir caractérisé l'ordre de grandeur des mouvements à l'échelle du vivant, on examinera les principaux modes de locomotion au niveau cellulaire, c'est-à-dire la nage et la reptation. Cela nous amènera à nous interroger sur les problèmes comportementaux que cette locomotion révèle : les réponses aux signaux ont-elles un intérêt adaptatif qui puisse compenser leur coût énergétique par rapport à un déplacement au hasard ?

Ce qui peut paraître un avantage dans une perspective évolutive reste à évaluer. Dans ce débat, les anomalies des mécanismes du mouvement cellulaire fournissent d'utiles enseignements.

Rapidité du phénomène

La gamme de vitesse des mouvements observés dans le vivant est très large. Les cellules qui nagent en milieu liquide se déplacent à des vitesses comprises entre 0,1 et 1 millimètre par seconde. Les cellules qui migrent sur une surface sont beaucoup plus lentes, se déplaçant de 0,01 micromètre par seconde pour un fibroblaste, à 0,1 micromètre par seconde pour le leucocyte neutrophile du sang. Des amibes sont capables de se déplacer beaucoup plus rapidement, dépassant 10 micromètres par seconde.

Taille des structures en mouvement et vitesses de déplacement correspondantes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Taille des structures en mouvement et vitesses de déplacement correspondantes

Les structures subcellulaires spécialisées dans la motilité peuvent produire des mouvements beaucoup plus rapides. La propagation de l'onde de battement d'un cil ou d'un flagelle chez les eucaryotes est de l'ordre du millimètre par seconde, alors qu'un muscle ou certaines structures contractiles primitives peuvent se contracter à des vitesses de l'ordre de 10 à 100 millimètres par seconde. C'est avec de telles performances au niveau des structures élémentaires qu'un champion de course de vitesse peut se déplacer à une vitesse de l'ordre de 10 mètres par seconde, grâce à la coordination de ses muscles assurée par le système nerveux ; c'est également le cas des animaux sélectionnés au cours de l'évolution sur leur aptitude à la course, comme le guépard pour capturer ses proies, ou le cheval pour fuir ses prédateurs. Ce principe de coordination des actions qui permet d'augmenter les performances lorsqu'on assemble des structures élémentaires est valable à toutes les échelles, des molécules aux organismes (fig. 1. Taille des structures en mouvement).

Les mouvements intracellulaires se produisent également sur une échelle importante de vitesse. Le transport axonal lent des neurones a une vitesse de l'ordre de 0,01 micromètre par seconde, et le transport rapide de l'ordre de 1 micromètre par seconde. Le mouvement des chromosomes durant l'anaphase a une vitesse intermédiaire. Certains mouvements intracellulaires peuvent être beaucoup plus rapides, dans des cellules spécialisées comme les mélanophores ou les érythrophores,[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S. (D.R.C.E.), chef d'équipe Biologie du cycle cellulaire et de la motilité
  • : docteur ès sciences

Classification

Pour citer cet article

Michel BORNENS et Matthieu PIEL. CELLULE - Les mouvements [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Taille des structures en mouvement et vitesses de déplacement correspondantes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Taille des structures en mouvement et vitesses de déplacement correspondantes

Nage des cellules - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nage des cellules

Chimiotaxie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chimiotaxie

Autres références

  • CELLULE, notion de

    • Écrit par Didier LAVERGNE
    • 1 315 mots

    Le terme cellule (cell en anglais) apparaît en 1665, sous la plume du physicien anglais Robert Hooke, pour désigner les logettes que l'on voit au microscope dans un fragment végétal inerte, le liège. En 1824, le biologiste français Henri Dutrochet, qui s'intéresse aux forces agissant au sein des...

  • COMMUNICATION CELLULAIRE

    • Écrit par Yves COMBARNOUS
    • 6 596 mots
    • 7 médias

    La cellule est l'unité structurale et fonctionnelle de tous les êtres vivants, unicellulaires comme les bactéries et les levures, ou multicellulaires comme les plantes ou les animaux. Les organismes multicellulaires possèdent jusqu’à plusieurs centaines de types cellulaires différents, le...

  • MITOSE

    • Écrit par Nina FAVARD
    • 6 519 mots
    • 5 médias

    L'aphorisme omnis cellula e cellula (« toute cellule est issue d'une autre cellule ») a permis aux biologistes de comprendre que, au cours des générations cellulaires successives, la transmission de l'information génétique obéissait à des mécanismes d'une grande précision....

  • ADN (acide désoxyribonucléique) ou DNA (deoxyribonucleic acid)

    • Écrit par Michel DUGUET, Universalis, David MONCHAUD, Michel MORANGE
    • 10 074 mots
    • 10 médias
    D'où le formidable intérêt pour la cellule de posséder un ADN circulaire fermé : le nombre de liens topologiques L entre les deux brins y est différent de zéro. Si, donc, la cellule dispose d'un moyen de réguler la valeur de L, elle pourra du même coup (L = T + W) fixer la valeur de...
  • ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES

    • Écrit par Catherine ZILLER
    • 4 447 mots
    • 4 médias
    Lorsqu'unanimal pluricellulaire atteint l'état adulte, la majorité de ses cellules sont spécialisées. Elles sont physiologiquement et morphologiquement différenciées ; elles constituent les tissus et les organes dont cet animal a besoin pour survivre : elles forment ce que l'on appelle le ...
  • ANIMAUX MODÈLES, biologie

    • Écrit par Gabriel GACHELIN, Emmanuelle SIDOT
    • 9 550 mots
    • 8 médias
    Depuis de nombreuses décennies – la première mise en culture au long terme de cellules animales remonte à 1912 –, les scientifiques utilisent en routine des lignées cellulaires, cellules dites « immortelles », leur culture – division cellulaire in vitro – pouvant s’effectuer indéfiniment tant qu’elles...
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Voir aussi