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LORIOD JEANNE (1928-2001)

Le nom de Jeanne Loriod est indissociable des ondes Martenot, un instrument, originellement appelé « ondes musicales », inventé par Maurice Martenot, et qui a été entendu pour la première fois en public le 20 avril 1928, à l'Opéra de Paris, dans le Poème symphonique pour solo d'ondes musicales et orchestre du compositeur grec Dimitri Levidis, avec, en soliste, Maurice Martenot lui-même. Le son de cet instrument électronique, diffusé par des haut-parleurs, est très pur car dépouillé de tout harmonique. À un clavier chromatique classique est associé un ruban qui, manœuvré par l'index droit, offre un large éventail d'effets et une somptueuse palette de couleurs. Les ondes Martenot permettent de parcourir toute l'échelle de la puissance sonore, proposent toute la gamme des glissandos et des vibratos, autorisent plus de 80 combinaisons de timbres, rendent accessibles les intervalles les plus ténus (jusqu'au 1/50de ton).

Jeanne Loriod naît le 13 juillet 1928 à Houilles (Seine-et-Oise) ; une de ses sœurs aînées, la pianiste Yvonne Loriod (1924-2010), épousera Olivier Messiaen. Jeanne étudie le piano au Conservatoire de Paris dans la classe de Lazare Lévy. C'est là qu'elle découvre, à dix-huit ans, les ondes Martenot. Elle est fascinée par cet instrument auquel, guidée par Maurice Martenot lui-même, elle va consacrer sa vie. Jeanne Loriod participe au quatuor d'ondes que fonde Ginette Martenot, la sœur de Maurice. Dès la fin des années 1940, elle commence à se faire un prénom en interprétant avec sa sœur Yvonne les deux parties solistes de la Turangalîla-Symphonie que Messiaen a achevée en 1948. À l'occasion de la série de concerts-hommages qui lui seront rendus en novembre et décembre 1978 le compositeur écrira à propos de cette œuvre : « L'onde Martenot y joue aussi un grand rôle. Tout le monde la remarque aux moments de paroxysme lorsqu'elle domine le fortissimo de sa voix expressive et suraiguë. Mais elle est aussi employée dans le grave et la douceur. » Jeanne Loriod participera à six enregistrements de cette partition : le premier est réalisé sous la baguette de Maurice Le Roux en 1950, le dernier en 1990, sous la direction de Myung-Whun Chung.

Au sein d'un répertoire fort vaste compte tenu de la jeunesse de l'instrument, Olivier Messiaen se taille une place privilégiée : outre la Turangalîla-Symphonie, il faut citer La Fête des belles eaux (écrite pour l'Exposition universelle de 1937), Deux Monodies en quarts de ton (1938), la partie soliste des Trois Petites Liturgies de la présence divine (1945) et les trois solos de son opéra Saint François d'Assise (1983). L'instrument a néanmoins inspiré de nombreux autres compositeurs. Parmi les œuvres marquantes, on citera le Concerto pour ondes Martenot (1955) de Jacques Bondon, la Suite karnatique (1958) et le concerto (1959) de Jacques Charpentier, Brève (1966) de Sylvano Bussotti, Mach 2,5 (1974) de Tristan Murail, Suite delphique (1948), Concerto pour ondes Martenot (1948) et Hymne à saint André (1977) d'André Jolivet, Froissement d'ailes (1977) de Michaël Lévinas, sans oublier des pages signées Charles Kœchlin, Henri Tomasi, Jean Rivier, Henry Barraud, Roger Tessier, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Edgar Varèse, Florent Schmitt, Jacques Ibert, Henri Dutilleux, Louis Aubert... Jeanne Loriod sera le plus souvent la créatrice et l'interprète quasi exclusive de ces œuvres.

En 1974, elle fonde un sextuor d'ondes avec Antoinette et Valérie Hartmann, Pascale Rousse-Lacordaire, Tristan Murail et Françoise Pellier, ces deux derniers étant remplacés en 1978 respectivement par Philippe Raynaud et Christine Clément. Parallèlement à une carrière d'interprète bien remplie, elle s'adonne à l'enseignement au Conservatoire de Saint-Maur, au Conservatoire national supérieur de [...]

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Pierre BRETON. LORIOD JEANNE (1928-2001) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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