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LÉVINAS MICHAËL (1949- )

Par son triple profil, Michaël Lévinas s'affirme comme un des acteurs les plus importants de la vie musicale de la fin du xxe siècle et du début du xixe : compositeur, il mène parallèlement une carrière de pianiste, se consacrant à la fois aux répertoires classique, romantique et contemporain, et enseigne l'analyse musicale au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.

Un alchimiste du son

Né le 18 avril 1949 à Paris, Michaël Lévinas – fils du philosophe Emmanuel Lévinas – étudie au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où il a notamment Olivier Messiaen comme maître en composition, Yvonne Lefébure, Vlado Perlemuter et Yvonne Loriod comme professeurs de piano. Son parcours est également marqué par ses rencontres avec Karlheinz Stockhausen, György Ligeti et Iannis Xenakis, dont il suit les séminaires à Darmstadt et avec lesquels il maintiendra toujours un contact privilégié. Au début des années 1970, il s'intéresse aux explorations du Groupe de recherches musicales (GRM), dont il suit les stages et les avancées en électroacoustique. En 1973, il participe, avec Tristan Murail et Gérard Grisey, à la création de l'ensemble L'Itinéraire, dont il sera le directeur artistique jusqu'en 2002. Appartenant à l'école spectrale aux côtés de Murail et de Grisey, il se différencie de ses deux confrères en privilégiant l'utilisation de sons inclassables, impurs, hybrides, se tournant ainsi vers l'esthétique de la mutation instrumentale.

De 1975 à 1977, il a été pensionnaire à la Villa Médicis à Rome.

Avec Arsis et Thésis, ou la Chanson du souffle, pièce pour flûte basse en ut « sonorisée » présentée au festival de Royan en 1972, Michaël Lévinas s'engage dans une nouvelle esthétique. Ses réflexions sur le timbre lui ont fait prendre conscience de l'importance de l'espace et des possibilités qu'offre un instrument renouvelé par des techniques électroacoustiques innovantes. Face aux recherches sur le son pur engendrant le spectre harmonique menées par Grisey ou Murail, Michaël Lévinas se fait le défenseur des sons « de type sale » en travaillant sur les parasites, les impuretés sonores, les échos, les vibrations par sympathie. C'est dans Appels (1974), pour onze instruments (7 vents, 2 percussions, piano et contrebasse), qu'il joue pour la première fois de la vibration par sympathie d'un instrument soumis à un autre : dans cette pièce, chaque instrument à vent met en vibration le timbre d'une caisse claire ; lorsque sonne le cor posé sur une peau de caisse claire, « la peau et le timbre métallique vibrent dans une osmose parfaite. Cette technique d'engendrement sonore automatique de l'instrument avec l'espace acoustique donne une mixture brouillée, une musique au second degré. » Michaël Lévinas considère que ce procédé aboutit à « une musique de la musique ».

Cet intérêt pour le parasite qui mène l'auditeur dans une sphère musicale étrange par son irréalité quasi fantastique se retrouve dans Strettes tournantes-Migrations (1978), pour cor solo et huit instrumentistes, dans Ouverture pour une fête étrange (1979), pour deux orchestres et dispositif électroacoustique, mais aussi dans le « spectacle musical » La Conférence des oiseaux, sur un livret de Jean-Claude Carrière (1985), d'après une œuvre du poète persan Attār. À partir de 1977, le compositeur utilise différents procédés de transformation du son : les parasites d'un matériau musical mais également la sonorisation d'un instrument ou encore la modulation par des moyens électroniques. Dans Ouverture pour une fête étrange, « une bande réalise une mutation du son instrumental et orchestral par l'amplification et par des variations des hauteurs aujourd'hui encore impossibles pour un instrument traditionnel : accord[...]

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

Classification

Pour citer cet article

Juliette GARRIGUES. LÉVINAS MICHAËL (1949- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HYBRIDATION, musique

    • Écrit par Alain FÉRON
    • 558 mots

    En musique, l'hybridation désigne des combinaisons sonores singulières, inouïes au sens propre, obtenues par mélange de sons et de timbres produits par des familles instrumentales différentes ou, depuis la fin des années 1980, en recourant à toutes les possibilités de l'électronique et de l'informatique....

Voir aussi