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IDÉAL DU MOI, psychanalyse

Expression utilisée en psychanalyse pour désigner une instance psychique. C'est en 1923 que Freud, dans l'article Le Moi et le Ça, présente une organisation de l'appareil psychique qui se divise en trois instances : le ça, le moi et le surmoi. Ce dernier comprend l'idéal du moi. Dans cet article, Freud n'établit pas de nette distinction entre l'idéal du moi et le surmoi. Toutefois, la fonction de l'idéal du moi avait été détaillée antérieurement dans l'article Pour introduire le narcissisme (1914) ; qui plus est, le statut de l'idéal du moi dans la formation d'une foule avait fait l'objet d'un autre article : Psychologie des foules et analyse du moi (1921).

L'organisation de 1923, appelée « seconde topique », apporte un regard très fécond pour la perspective clinique. Elle fait une large place aux relations objectales — c'est-à-dire aux relations à autrui — comme fondement du moi : « le caractère du moi résulte de la sédimentation des investissements d'objets abandonnés » (Le Moi et le Ça). Les processus d'identification sont au centre de la compréhension de l'histoire d'un sujet. Ainsi l'idéal du moi d'un sujet est un conglomérat de modèles pris à l'extérieur, dans le milieu familial d'abord, dans l'environnement socio-culturel ensuite. L'idéal du moi se construit à partir de relations d'objets, c'est-à-dire de personnes aimées. Par identification à celles-ci s'élabore dans le moi une forme à réaliser. Suivant Le Moi et le Ça, « les effets des premières identifications, qui ont lieu au tout premier âge, garderont un caractère général et durable. Cela nous amène à la naissance de l'idéal du moi, car derrière se cache la première et la plus importante identification de l'individu : l'identification au père de la préhistoire personnelle. »

Deux voies distinctes de recherche ont amené Freud à l'élaboration de l'idéal du moi. La première est le narcissisme. Le moi propre se prend pour objet d'amour. Freud découvre qu'il s'exerce un constant va-et-vient entre libido d'objet et libido narcissique : l'objet aimé contribue à la formation de l'idéal du moi et, réciproquement, le moi, qui tend à acquérir les qualités de l'idéal, renforce son narcissisme. La distinction entre idéal du moi et surmoi peut se comprendre ainsi : le surmoi se forme à partir d'interdits intériorisés (« tu ne dois pas être comme... ») et l'idéal du moi à partir d'exigences intériorisées (« tu dois être comme... »). Un trop grand écart entre le moi et l'idéal du moi provoque un sentiment de honte, alors que le sentiment de culpabilité est le résultat d'une transgression, imaginaire ou réelle, des interdits intériorisés. Freud assigne trois fonctions à l'idéal du moi et au surmoi : celle d'auto-observation, celle de censure et celle de consciencemorale.

La seconde voie est la tentative de compréhension des liens unissant entre eux les membres d'une foule. En effet, Freud fournit une explication à cette étonnante modification du comportement individuel : les membres d'une foule ont subitement, et d'une façon le plus souvent éphémère, le même idéal. Ils ont en réalité échangé leur idéal du moi propre pour l'idéal du moi incarné par le meneur ou par une idéologie. C'est le rapprochement entre cet idéal du moi collectif et le moi (réalisations potentielles et effectives de la foule) qui engendre ce sentiment de toute-puissance et cette absence d'esprit critique pouvant conduire dans les pires cas à des actes de fanatisme. Cette substitution aux idéaux individuels d'un idéal collectif s'accompagne nécessairement d'une identification des membres les uns aux autres, par amour du meneur.[...]

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Pour citer cet article

Sylvie METAIS. IDÉAL DU MOI, psychanalyse [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • INFÉRIORITÉ SENTIMENT D'

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 887 mots
    • 1 média

    Expression qui fut surtout employée par Alfred Adler (Minderwertigkeitsgefühl) et qu'on pourrait rapprocher de celle de « sentiments d'incomplétude » de Pierre Janet. Pour Adler, le sentiment d'infériorité est fondé sur la réalité : la personne qui l'éprouve est effectivement...

  • MOTIVATION

    • Écrit par Gaston RICHARD, Baldine SAINT GIRONS
    • 5 073 mots
    ...d'une part, les forces érotiques demeurant dans le ça et, d'autre part, les exigences émanées d'autrui, qui contribuent à former ce que Freud a appelé l'«   idéal du moi ». Le risque apparaît alors évident : les éléments érotiques peuvent ne pas être assez forts pour immobiliser les éléments destructifs, si...
  • SOI (psychologie sociale)

    • Écrit par Delphine MARTINOT
    • 918 mots

    Le soi correspond à ce que nous voulons signifier en disant « je ». Les informations accumulées par l’individu sur lui-même sont si nombreuses et diverses qu’elles font de ce concept un objet complexe à étudier. Depuis la fin des années 1970, de très nombreuses recherches menées en ...

  • SUBLIMATION, psychanalyse

    • Écrit par Baldine SAINT GIRONS
    • 5 967 mots
    • 1 média
    ...dissociation entre les forces érotiques demeurant dans le ça et, d'autre part, les exigences émanées d'autrui, qui contribuent à former ce que Freud appelle l'«  idéal du moi ». Au cas où les éléments érotiques ne sont plus assez forts pour lier et immobiliser les pulsions destructives, l'agressivité...

Voir aussi