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CAILLEBOTTE GUSTAVE (1848-1894)

Gustave Caillebotte tient une place qui n'est pas séparable de l'histoire de l'impressionnisme. Il en fait intimement partie en tant que peintre, collectionneur, mécène, organisateur ayant activement participé à cinq des huit expositions de la Société anonyme coopérative en 1876, 1877, 1879, 1880, 1882. Le peintre meurt à quarante-cinq ans en février 1894, dans sa propriété des bords de Seine au Petit-Gennevilliers. À la suite d'un premier testament rédigé le 3 novembre 1876 (il avait vingt-huit ans), il est à l'origine du premier legs qui permit l'entrée de ses amis dans les collections nationales avec l'ouverture de la salle du musée du Luxembourg le 9 février 1897. Cette donation fit l'objet de longues tractations entre Auguste Renoir, exécuteur testamentaire, les artistes concernés, particulièrement Claude Monet, la famille de l'artiste et l'administration, notamment Léonce Bénédite, conservateur du musée du Luxembourg, suivies d'une interprétation polémique qui fit date dans l'histoire de l'impressionnisme, le fameux « legs Caillebotte » longtemps davantage connu que l'œuvre de l'artiste lui-même. Seuls quarante tableaux sur soixante-sept furent finalement acceptées par l'administration, parmi lesquels figurent des pastels d'Edgar Degas et des toiles d'Édouard Manet, Claude Monet, Auguste Renoir, Camille Pissarro, Alfred Sisley et Paul Cézanne. Il faut attendre le début des années 1980 pour que l'analyse historique des documents permette de mieux apprécier les raisons des uns et des autres.

Un peintre impressionniste

Gustave Caillebotte, né en 1848 à Paris, est licencié en droit en 1870. Après un voyage en Italie en 1872, où il rencontre Giuseppe De Nittis, et la fréquentation de l'atelier de Léon Bonnat, il est admis à l'École des beaux-arts en février 1873. Son père, Martial Caillebotte, meurt en décembre 1874. Il laisse à sa famille une fortune conséquente et un immeuble familial, 77 rue de Mirosmenil où le peintre se fait aménager un atelier. Son art, à travers lequel il voulut signifier le monde bourgeois auquel il appartenait, exprime avec clarté une adhésion aux principes de la modernité. Son engagement au côté de Manet, Monet, Renoir, Degas, Pissarro, Sisley, sans exclure Cézanne, eut une influence décisive sur la place de l'impressionnisme dans la culture française. À partir de 1882, il se consacre essentiellement à l'horticulture et aux régates dans sa propriété du Petit-Gennevilliers sans abandonner pour autant la peinture.

Sa disparition est celle d'un compagnon exemplaire dont on loue les qualités personnelles et un talent qui n'égale pas tout à fait celui de ses aînés avec qui il entendait bien participer à une œuvre commune. Caillebotte ne s'est jamais posé en disciple ou en élève, comme Jean Béraud, Henri Gervex ou Jacques-Émile Blanche. Avec Les Raboteurs de parquets (1875), il s'est imposé comme un réaliste audacieux. Il faudra pourtant attendre l'année 1994 et l'exposition parisienne du centenaire de sa mort pour que sa place dans l'art français soit pleinement reconnue.

Aujourd'hui sa peinture est admirée pour des raisons qui ne sont pas sans lien avec l'histoire esthétique du siècle dernier. Le réalisme radical de Caillebotte, son traitement de la couleur, ses idées de composition, le caractère austère de son inspiration ont éveillé, d'abord aux États-Unis (Rue de Paris, temps de pluie est acquis par l'Art Institute de Chicago en 1964), un intérêt proche de celui qu'a suscité plus tard le pop art, l'hyperréalisme et l'histoire de la photographie. En peu d'années, il a contribué à forger une histoire qui, sans lui, aurait été différente. En raison de sa personnalité, il a aussi initié à plus long terme une autre histoire,[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art contemporain à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Éric DARRAGON. CAILLEBOTTE GUSTAVE (1848-1894) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Périssoires</em>, G. Caillebotte - crédits : Leemage/ Corbis/ Getty Images

Périssoires, G. Caillebotte

<it>Le Pont de l'Europe</it>, G. Caillebotte - crédits :  Bridgeman Images

Le Pont de l'Europe, G. Caillebotte

Autres références

  • IMPRESSIONNISME

    • Écrit par Jean CASSOU
    • 9 484 mots
    • 32 médias
    ...qui ne s'améliorera point, que partager les infortunes de ses camarades accablés de charges, tel Monet qui s'est marié. Ceux-là, leurs compagnons les plus aisés les aident, et aussi quelques premiers, très rares, amateurs,Caillebotte, Chocquet, le Dr de Bellio, le baryton Faure, le pâtissier Murer.
  • LE DÉCOR IMPRESSIONNISTE. AUX SOURCES DES NYMPHÉAS (exposition)

    • Écrit par Camille VIÉVILLE
    • 1 153 mots
    • 1 média
    ...corps nus, matité empruntée à la fresque, format horizontal). La salle suivante, « Fleurs et jardins », démontrait avant tout l’appétit remarquable de Caillebotte pour le décor avec le saisissant Parterre de marguerites (vers 1892-1893), traité avant l’heure selon la technique de l'all-over ...

Voir aussi