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KELLY GENE (1912-1996)

Gene Kelly était un danseur, un très grand danseur. À ce titre, il prend place dans la mémoire cinéphilique au côté de Fred Astaire. Toutefois, il s'exprimait différemment de son aîné : doté d'une silhouette plus massive, il a imposé un style, fondé sur la puissance et l'énergie, relevant de la performance acrobatique et de l'effort athlétique. Il s'est révélé également bon chanteur et excellent comédien, à l'aise tant dans le registre comique que dramatique. Il a d'ailleurs tenu autant de rôles non dansants que dansants, élaborant de film en film un personnage d'origine modeste, aimant à plaire ou à impressionner, et souffrant d'une tendance à la mélancolie.

Gene Kelly était en outre chorégraphe et réalisateur. Comme tel, il a joué un rôle capital dans l'évolution de la comédie musicale. Mêlant le ballet classique et moderne, la danse de salon et les claquettes, le folklore et la gymnastique, il s'est montré particulièrement inventif, comme en témoigne son solo avec une feuille de papier journal et une latte de parquet grinçante dans Summer Stock (La Jolie Fermière, 1950). Il a su utiliser les moyens propres au cinéma pour imaginer des chorégraphies inédites, comme danser avec son « reflet » dans Cover Girl (La Reine de Broadway, 1944) et avec Tom et Jerry dans Anchors Aweigh (Escale à Hollywood, 1945). Il a par ailleurs « prolétarisé » le héros du genre, substituant au professionnel du spectacle et au modèle d'élégance évoluant dans un univers artistique et luxueux un M. Tout-le-monde vivant dans une société banalement quotidienne, et dans lequel le spectateur pouvait se reconnaître. Mais c'est dans l'osmose de la danse et du cinéma qu'il a tenu une place prépondérante. À la caméra témoin des évolutions du danseur des films de Fred Astaire et à celle, virtuose, de Busby Berkeley volant la vedette aux danseurs traités comme des automates, il a substitué, avec la complicité de Vincente Minnelli et de Stanley Donen, la caméra partenaire, aux mouvements conçus en fonction des pas des danseurs, en harmonie avec ceux-ci.

Né le 23 août 1912 à Pittsburgh, en Pennsylvanie, Eugene Curran Kelly se produit dès sa scolarité dans les spectacles amateurs. À partir de 1929, il étudie l'économie tout en dispensant des leçons dans l'école de danse maternelle dont il prend la direction en 1932. Diplômé en économie, il entreprend en 1933 des études de droit qu'il abandonne pour se consacrer à son studio. En 1938, il est engagé à Broadway comme danseur soliste dans Leave it to Me ! de Cole Porter. L'année suivante, il tient le principal rôle de One for the Money avant d'être nommé chorégraphe du Westport Country Playhouse, dans le Connecticut. Il reprend ensuite le rôle de Harry dans The Time of your Life de William Saroyan, tout en assurant la chorégraphie de la revue Nights of Gladness du Billy Rose's Diamond Horseshoe. En 1940, il tient le rôle-titre de Pal Joey de Rogers et Hart.

Le succès qu'il remporte dans ce spectacle vaut à Gene Kelly de signer un contrat de sept ans avec David Selznick. Après avoir assuré la chorégraphie d'un spectacle de Broadway, Best Foot Forward, il tourne, en 1942, son premier film, For Me and my Gal (Pour moi et ma mie) de Busby Berkeley, prêté par Selznick à la M.G.M. qui lui rachète ensuite son contrat pour curieusement le distribuer dans un film dramatique avant de lui confier un rôle secondaire dans un musical. En fait, il débute réellement en 1943 dans Cover Girl de Charles Vidor, produit par Columbia ; quoique non crédité, il y chorégraphie la fameuse Alter Ego Dance, avec l'assistance d'un jeune danseur, membre de la troupe de Pal Joey, avec lequel il s'est lié d'amitié : Stanley Donen. Après avoir tenu un rôle d'assassin pour l'Universal, il[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Alain GAREL. KELLY GENE (1912-1996) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Un Américain à Paris</it>, de Vincente Minnelli - crédits : Metro-Goldwyn-Mayer Inc./ Collection privée

Un Américain à Paris, de Vincente Minnelli

Gene Kelly - crédits : Ernst Haas/ Getty Images

Gene Kelly

Autres références

  • CHANTONS SOUS LA PLUIE (S. Donen et G. Kelly)

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 287 mots

    Bien avant Chantons sous la pluie (Singing in the Rain), tous les ingrédients de la comédie musicale existaient, à commencer par la préparation d'un spectacle comme support de numéros musicaux. Mais Stanley Donen (1924-2019) et Gene Kelly (1912-1996) renouvellent totalement le genre en...

  • CHANTONS SOUS LA PLUIE, film de Stanley Donen et Gene Kelly

    • Écrit par Michel CHION
    • 1 107 mots
    • 1 média

    En 1951, la Metro Goldwyn Mayer est devenue, parmi les « majors », la compagnie la plus riche en vedettes, et le producteur Arthur Freed (ancien auteur de chansons) y dirige un département consacré à la comédie musicale de prestige. Les films-florilèges consacrés aux auteurs-compositeurs...

  • CHARISSE CYD (1921-2008)

    • Écrit par Alain GAREL
    • 638 mots

    Tulla Ellice Finklea est née le 8 mars 1921 à Amarillo, au Texas. Elle commence à étudier la danse classique dès l'âge de six ans. En 1933, au cours de vacances en Californie, elle suit des cours de perfectionnement au Fanchon and Marco Dance Studio, sur Sunset Boulevard. Adolph Bolm et Nico Charisse,...

  • COMÉDIE AMÉRICAINE, cinéma

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 5 126 mots
    • 18 médias
    ...musicales des années 1950, celles de Minnelli[Un Américain à Paris, 1952 ; The Bandwagon (Tous en scène), 1953 ; Brigadoon, 1953], mais également Singin' in the Rain[Chantons sous la pluie (Stanley Donen et Gene Kelly) 1952] – qui confirme le style athlétique de Gene Kelly, renouvelant les règles...
  • COMÉDIE MUSICALE, cinéma

    • Écrit par Victor BACHY
    • 926 mots
    • 9 médias

    Par comédie musicale on entend, au cinéma, un spectacle de divertissement, bâti sur un scénario souvent ténu, où la musique, le chant et la danse tiennent une place de choix. La comédie musicale n'a donc pu naître qu'avec le cinéma parlant, et Le Chanteur de jazz(...

  • DONEN STANLEY (1924-2019)

    • Écrit par Christian VIVIANI
    • 1 042 mots
    • 1 média

    Comme Vincente Minnelli, Gene Kelly ou Bob Fosse, Stanley Donen était rongé par l’inquiétude. L’art du musical est de nous faire croire qu’il est futile : il faut donc masquer à quel point le réel peut vous blesser. Seul le « divin » Fred Astaire paraît échapper à l’anxiété, sans...

Voir aussi