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ÉVANGILES

Les évangiles synoptiques

L'évangile selon saint Marc

Saint Marc - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Saint Marc

La théologie de Marc a été interprétée en fonction de tel ou tel de ses aspects, jugé fondamental : préface au récit de la Passion et de la Résurrection, livre des épiphanies secrètes du Messie, description du triomphe de Jésus sur Satan, secret messianique... Ces différentes perspectives peuvent s'unifier dans l'intention principale que Marc manifeste au début de son livret : écrire un évangile afin de proclamer que Jésus est le Fils de Dieu.

Première caractéristique de Marc : seul il emploie le substantif évangile au sens absolu (Marc, i, 14 et 15 ; viii, 35 ; x, 29). Alors que Luc entend faire œuvre d'historien et Matthieu travail de scribe avisé, Marc veut simplement présenter l'« évangile », non pas au sens d'un écrit, mais comme la bonne nouvelle prêchée par la communauté chrétienne. Cette annonce n'est reconnue par un homme – et un païen – qu'à la mort de Jésus (xv, 39) ; auparavant, c'est seulement Dieu qui la proclame, au Baptême (i, 11) et à la Transfiguration (ix, 7), ainsi que les possédés du démon (iii, 11 ; v, 7). Jésus, lui, exige le secret au sujet de sa personne : secret imposé aux démons (i, 34 ; iii, 12), aux miraculés (i, 44 ; v, 43 ; vii, 36 ; viii, 26), aux disciples (viii, 31 ; ix, 9), ses paraboles veulent même cacher le mystère aux indignes (iv, 11). Quant aux disciples, ils se montrent inintelligents devant la situation (iv, 41 ; vi, 51-52 ; viii, 16-21 ; ix, 33-34 ; x, 35 et 41-42). Telle est la doctrine du « secret messianique » par laquelle Marc entend montrer comment l'Évangile fut annoncé avant Pâques. Il a systématisé, imparfaitement (cf. ii, 10 et 28 ; x, 47-52), une donnée traditionnelle dont Matthieu est aussi témoin indépendant (Matth., ix, 27-30) et qui, à l'aide d'un schéma littéraire, opposition du caché et du révélé, rejoint l'intention de Jésus lui-même : demeurer fidèle à la condition de la révélation du mystère de sa personne, qui ne peut être enfermé dans un titre quelconque, et ainsi éviter une interprétation réductrice de sa divinité. Évangile d'avant Pâques, mais proclamé après, Marc est aussi l'évangile pascal.

La distribution du récit recouvre celle de la tradition présynoptique. Elle semble subordonnée aux événements de la Passion en laquelle culmine la vie de Jésus. Après un triptyque initial (i, 1-13), deux parties. Dans la première, Jésus se présente successivement au peuple (i, 14 à iii, 6), aux siens (iii, 7 à vi, 6), à ses disciples (vi, 6 à viii, 26 ou 30). Chacune de ces phases commence par un sommaire et finit par la description d'une attitude ; chaque fois, Jésus pose une question à ses contemporains : quel est cet homme ? Ne serait-ce pas le Messie ? La seconde partie (viii, 27 ou 31 à xvi, 8) décrit, après le miracle des pains, la montée à Jérusalem, puis la Passion et la Résurrection. Ces deux périodes caractérisent l'objet et l'économie de la révélation. Avant la confession de Pierre, Marc présente Jésus qui se manifeste comme le Messie attendu et exige le secret. Après elle, il montre comment les disciples ne parviennent pas à comprendre le chemin du Fils de l'homme, celui de la gloire par la croix. Aussi Jésus meurt-il dans une solitude absolue. Quant au lecteur, il ne trouve aucun récit d'apparitions du Ressuscité ; il est seulement invité à se rendre dans la Galilée des nations, terre de l'espoir (Mc, xvi, 7). C'est que Marc veut mettre en présence du mystère, sans lui donner quelque figure que ce soit. C'est peut-être pour cette raison qu'on a jugé nécessaire d'ajouter en finale une liste d'apparitions (Mc, xvi, 9-20), finale dite « canonique » quoique non « authentique ».

La géographie a, elle aussi, une portée théologique.[...]

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Pour citer cet article

Xavier LÉON-DUFOUR. ÉVANGILES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>La Multiplication des pains</it>, J. Patenier - crédits :  Bridgeman Images

La Multiplication des pains, J. Patenier

Saint Marc - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Saint Marc

Autres références

  • RÉDACTION DES QUATRE ÉVANGILES

    • Écrit par Jean-Urbain COMBY
    • 206 mots

    Jésus n'ayant laissé aucun écrit, son enseignement fut transmis oralement par ses disciples qui le relirent en fonction de leur expérience et de leur situation historique. Ces traditions orales ou catéchèses, mises par écrit dans un premier temps sous des formes pour lesquelles nous sommes réduits...

  • ANDRÉ saint (mort vers 60-70)

    • Écrit par Universalis
    • 343 mots

    Né à Bethsaïde Julia en Galilée, mort vers 60-70 à Patras, dans la région d'Achaïe (Grèce), saint André est l'un des douzeapôtres de Jésus, frère de Simon (qui deviendra l'apôtre Pierre).

    Dans les Évangiles synoptiques (Évangiles selon saint Matthieu, saint Marc et saint...

  • APOCALYPTIQUE & APOCRYPHE LITTÉRATURES

    • Écrit par Jean HADOT, André PAUL
    • 9 934 mots
    Il est extrêmement difficile de préciser la notion d'apocryphes du Nouveau Testament. En dehors des quatre textes canoniques tout évangile était apocryphe. Plus tard, la notion s'élargit. On classa dans cette catégorie des livres connus et estimés de tous, nullement blâmables, mais que l'Église ne...
  • APÔTRES ACTES DES

    • Écrit par André PAUL
    • 844 mots

    Second tome d'une œuvre unique, attribuée à Luc, dont le premier est le troisième Évangile canonique. Les articulations entre les deux livres sont nombreuses. L'un et l'autre débutent par un prologue à l'adresse d'un même personnage, Théophile : manière hellénistique de composer l'histoire qu'accompagne...

  • ASCENSION DE JÉSUS

    • Écrit par Universalis
    • 877 mots

    Ultime apparition de Jésus relatée par les Actes des Apôtres (i, 9-11), l'Ascension désigne le moment où le Christ est « enlevé » au ciel le quarantième jour après sa résurrection. Les Actes rapportent que ce même jour, en présence des apôtres réunis sur le mont des Oliviers, Jésus s'éleva vers...

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Voir aussi