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ÉTAIN

Les organostanniques

Découverte et définition

Les combinaisons organostanniques appartiennent à la famille des composés organo-métalliques, composés renfermant au moins une liaison métal-carbone ; dans le cas de l'étain, cette liaison est surtout covalente, mais l'électropositivité du métal se manifeste par une réactivité particulière.

Le premier organostannique fut décrit dès 1849 et, depuis lors, de très nombreux travaux ont été consacrés à ce type d'organométalliques.

La configuration électronique de l'étain permet de prévoir deux séries de combinaisons organiques correspondant aux valences 4 et 2 ; ce dernier cas est assez rare, et de tels composés présentent une forte tendance à la polymérisation, transformation au cours de laquelle l'étain retrouve la valence 4, beaucoup plus stable. La tétravalence impose une hybridation du type sp3. Quelques propriétés sont comparables à celles des composés organiques (liaison tétraédrique à fort caractère covalent, solubilité, stabilité à l'air ou à l'humidité, etc.) ; cependant, on note d'importantes différences :

– le recouvrement d'orbitales du type pπ — pπ ne paraît pas possible ; on ne connaît pas encore de composés contenant des liaisons multiples, telles que Sn = C, Sn = O, Sn = Sn ou Sn ≡ C ;

– l'étain, possédant une sous-couche d non remplie, peut augmenter sa coordinence jusqu'à 5 ou 6 en formant des complexes comme R3SnCl,2NH3 ; une interaction du type pπ — dπ peut également intervenir entre le métal et les éléments tels que les halogènes, l'oxygène ou l'azote (ou encore tout systèmes à liaisons π) par recouvrement des orbitales p avec l'orbitale d de l'étain ;

– l'électropositivité du métal est responsable de la faiblesse et de la polarité de la liaison C — Sn par rapport à C — C, et on peut s'attendre à une réactivité accrue vis-à-vis de nombreux agents ;

– certaines particularités trouvent une interprétation dans la taille de l'étain (rayon covalent : 0,140 nm) comparée à celle du carbone (0,077 nm) ;

– la plupart des composés organostanniques présentent une toxicité importante et le plus grand soin doit être apporté au cours de leur manipulation.

La nomenclature généralement utilisée est du type « minéral » ; ainsi (C6H5)4Sn, C2H5SnBr3, [(C4H5)3Sn]2O, (CH3)2SnH2 sont nommés respectivement tétraphénylétain, tribromure d'éthylétain, oxyde de tributylétain, dihydrure de diméthylétain.

Synthèse et propriétés

Étain tétravalent. Les dérivés tétra-alcoylés ou tétra-arylés sont préparés facilement à partir d'organomagnésiens (ou lithiens) selon :

La liaison Sn — C peut être clivée par divers agents, dont le brome :

Les halogénures ainsi obtenus sont, à leur tour, transformables à l'aide d'organomagnésiens R′MgX en composés du type R3SnR′. On arrive ainsi à synthétiser des composés tels que RSnR′R′′R′′′.

Les halogénures peuvent être préparés soit par halogénation de liaison Sn — C, soit encore par réaction de redistribution ; ainsi l'action de SnX4 sur R4Sn conduit aux mono-, di- ou trihalogénures selon les proportions de réactifs utilisés. On a par exemple :

Au stade industriel, on préfère utiliser la « synthèse directe », qui produit essentiellement des dihalogénures :

Les halogénures sont des intermédiaires précieux ; ils permettent, notamment, de synthétiser des dérivés alcoylés ou aminés organostanniques.

Les oxydes et hydroxydes sont obtenus par hydrolyse basique des halogénures correspondants : les monohalogénures conduisent à des hydroxydes R3SnOH qui peuvent se déshydrater en oxydes R3SnOSnR3 ; les di-et trihalogénures conduisent respectivement à des polymères [R2SnO]n et [RSnO2H]n. Tous ces composés permettent[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, docteur ès sciences, directeur de recherche au C.N.R.S.
  • : professeur à l'université de Bordeaux-I, directeur de recherche au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Claude FOUASSIER et Michel PÉREYRE. ÉTAIN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALLIAGES

    • Écrit par Jean-Claude GACHON
    • 7 362 mots
    • 5 médias
    ...de l'or de bijouterie (lui-même alliage d'or et de cuivre), les pièces d'horlogerie et les accessoires électriques, la robinetterie. Les bronzes, dont l'origine remonte à la préhistoire, sont à base de cuivre, auquel est ajouté essentiellement de l'étain. Leurs usages sont...
  • ANTIMOINE

    • Écrit par Universalis, Jean PERROTEY
    • 3 875 mots
    • 3 médias
    ...Près de la moitié de la production mondiale annuelle (qui s'élève à 70 000 t environ) est consommée comme élément durcissant dans les alliages à base d' étain et surtout de plomb. Les plaques des batteries d'accumulateurs, qui doivent présenter une grande résistance, sont constituées de plomb allié à environ...
  • BANGKA, Indonésie

    • Écrit par Jean PIWNIK
    • 207 mots
    • 1 média

    Située au large de la côte sud-est de Sumatra dont elle est séparée par le détroit de Bangka et longue de 220 kilomètres sur 50 kilomètres environ, l'île de Bangka est faite de buttes qui dominent une surface mollement ondulée. Le point le plus haut en est le Gunung Maras qui culmine à 705 mètres....

  • BELITUNG, Indonésie

    • Écrit par Jean PIWNIK
    • 197 mots
    • 1 média

    Située dans la mer de Java, entre Sumatra Sud et Kalimantan Ouest, en Indonésie, séparée de l'île voisine de Bangka par le détroit de Gelasa, et s'étendant sur une superficie modeste (4 800 km2), l'île de Belitung (Belitoeng, Billiton ou Belitong), qui est associée à 135 îles de...

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Voir aussi