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MALAPARTE CURZIO (1898-1957)

L'art de la contradiction

Malaparte semble vouloir être toujours du « mauvais côté ». À partir de 1925 , il prendra le pseudonyme de « mala parte » (« mauvais côté »), allusion directe à la famille Bonaparte et en référence à un pamphlet de F. Borri paru en 1869, selon lequel les Bonaparte se seraient appelés Malaparte et auraient obtenu du pape le droit de modifier leur nom pour services rendus.

Juste avant l'entrée en guerre de l'Italie qui survient en mai 1915, dans un climat général d'indécision, et alors qu'il est encore plus près de l'adolescence que de l'âge adulte, il s'engage comme volontaire dans l'armée française où il ne restera qu'un mois (de février à mars de cette année-là). Deux ans plus tard, en 1917, il combat cette fois-ci comme soldat de l'armée italienne sur le front autrichien. Pendant l'entre-deux-guerres, en révolte contre l'Italie libérale de Giolitti, il rejoint la section florentine du parti fasciste, sans doute la plus extrémiste de la péninsule, et participe à la marche sur Rome, en septembre 1922. Avec le peintre Mino Maccari, il élabore la théorie du mouvement Strapaese qui prône le retour aux valeurs du sol., En même temps, avec le romancier Massimo Bontempelli, il fonde le mouvement Stracittà qui , tout à l'opposé, célèbre la ville, la modernité et l'industrialisation dans le sillage du futurisme. Il est donc dès le départ un « idéologue » promoteur très actif d'un fascisme révolutionnaire. En ce sens, il est proche de Mussolini, lui-même habité et travaillé par ces deux tensions. Mais quand l'Italie devient dans sa quasi-intégralité une nation fasciste, Malaparte découvre en lui une puissante impulsion antitotalitaire qui l'amène à prendre ses distances avec le régime. Il est condamné en 1933 à l'assignation à résidence sur l'île de Lipari pour avoir tourné en dérision le très puissant ministre Italo Balbo dans un essai biographique de 1931, Vita di Pizzo-di-Ferro, detto Italo Balbo (« Vie de Barbichette-de-Fer, dit Italo Balbo », inédit en France). Grâce à l'intervention de Ciano, il est bientôt libéré et peut écrire pour le Corriere della sera. Après la Seconde Guerre mondiale, alors que la Démocratie chrétienne s'installe durablement au pouvoir, il cherche à se rapprocher du Parti communiste italien en jouant de l'estime que lui porte Palmiro Togliatti, et malgré les jugements très négatifs qu'avait émis Antonio Gramsci à son endroit.

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Écrit par

  • : professeur habilité à diriger des recherches en art moderne et contemporain

Classification

Pour citer cet article

Giovanni JOPPOLO. MALAPARTE CURZIO (1898-1957) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ITALIE - Langue et littérature

    • Écrit par Dominique FERNANDEZ, Angélique LEVI, Davide LUGLIO, Jean-Paul MANGANARO
    • 28 412 mots
    • 20 médias
    ...de Domenico Rea (1921-1994), Spaccanapoli (1947) et Gesù, fate luce ! (1950). Ce thème est également au centre du grand roman La pelle (1949) de Curzio Malaparte (pseudonyme de Curt Erich Suckert, 1898-1957) dont l’écriture expressionniste avait dressé, entre satire et tragédie, le bilan de...

Voir aussi