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MALAPARTE CURZIO (1898-1957)

Le choix de la France

Paris est le lieu que Malaparte fréquente le plus. Il y rencontre Jean Giraudoux, André Malraux, Jean Guéhenno, Daniel Halévy et surtout l'éditeur Bernard Grasset. Malaparte, en 1930, est encore à Turin où il dirige le quotidien La Stampa. Durant les derniers mois de cette année-là, il écrit son essai Technique du coup d'État (Tecnica del colpo di Stato) dont la traduction française paraît en 1931 aux éditions Grasset. Le livre ne sortira en italien qu'en 1946. Son importance réside sans doute dans l'anticipation qu'il constitue par rapport aux prises de pouvoir de la droite et de la gauche en Europe, considérées comme deux moments révolutionnaires identiques, car s'appuyant sur une technique plus que sur une stratégie et bénéficiant de l'incapacité des démocraties parlementaires à se prémunir contre ces coups de force qui visent à s'emparer des centres névralgiques de l'État. Malaparte met en parallèle la technique de Trotski avec celle de Mussolini dont le talent révolutionnaire trouve, selon lui, son origine dans l'« expérience marxiste » de ce dernier qu'il compare en tout point à celle du révolutionnaire russe. Ce qui lui vaudra la colère de l'un comme de l'autre, Mussolini n'appréciant pas que l'on fasse allusion à son passé socialiste et Trotski n'aimant pas du tout qu'on le compare au dictateur italien. Cet essai est surtout remarquable pour ses positions à la fois réalistes et visionnaires à l'égard d'Hitler, que Malaparte dépeint comme un « autrichien gras et orgueilleux... un homme faible qui se réfugie dans la brutalité pour cacher son manque d'énergie » et dont l'action, dit-il, entraînera l'Allemagne à sa perte. Malaparte s'était montré beaucoup plus insolent envers le dictateur italien dans son premier roman, Monsieur Caméléon (Don Camaleo, romanzo d'un camaleonte), dont quelques épisodes étaient parus de 1927 à 1930 dans les revues La Chiosa et L'Italiano. Mais ce roman était somme toute passé quasi inaperçu, et le public ne se rendit compte de sa réelle portée antimussolinienne qu'en 1946, lorsqu'il fut édité dans son intégralité.

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Écrit par

  • : professeur habilité à diriger des recherches en art moderne et contemporain

Classification

Pour citer cet article

Giovanni JOPPOLO. MALAPARTE CURZIO (1898-1957) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ITALIE - Langue et littérature

    • Écrit par Dominique FERNANDEZ, Angélique LEVI, Davide LUGLIO, Jean-Paul MANGANARO
    • 28 412 mots
    • 20 médias
    ...de Domenico Rea (1921-1994), Spaccanapoli (1947) et Gesù, fate luce ! (1950). Ce thème est également au centre du grand roman La pelle (1949) de Curzio Malaparte (pseudonyme de Curt Erich Suckert, 1898-1957) dont l’écriture expressionniste avait dressé, entre satire et tragédie, le bilan de...

Voir aussi